jeudi, mars 28, 2024
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JOBEL, l’histoire d’un logiciel gaspésien qui améliore la vie des pêcheurs

Un logiciel développé en Gaspésie, JOBEL, fait résolument son chemin dans le secteur des pêches commerciales atlantiques, parce qu’il facilite la vie des pêcheurs, des biologistes et des gestionnaires de ressources halieutiques. Il pourrait également se révéler un bon investissement pour le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG).

Le fondement de JOBEL, un acronyme de journal de bord électronique, remonte à 2010, alors que le ministère fédéral des Pêches et des Océans avait débloqué un budget pour des projets porteurs de mesures d’adaptation pour les pêcheurs de homards. Les homardiers vivaient alors les contrecoups de la crise économique de 2009 et de la chute des prix qui en avait découlé.

O’Neil Cloutier, directeur du RPPSG, se rappelle qu’il y avait alors une préoccupation afin d’alléger les tâches des homardiers.

«Les déclarations dans les journaux de bord étaient manuelles. Puisque le faire sur papier était long, on a pensé qu’on pourrait le faire de façon électronique. Dans l’Ouest, c’était déjà développé. Il existait une version mise sur pied par le MPO (ministère des Pêches et des Océans) à Vancouver. On est allé voir ça», explique M. Cloutier.

En parallèle avec des fonds pour réduire l’effort de pêche, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie a ensuite obtenu de l’argent pour développer son propre logiciel visant l’implantation du journal de bord électronique.

«On a essayé le logiciel développé à Vancouver, mais il y avait des problèmes. Ça prenait un technicien à bord pour régler les bogues de chaque ordinateur. Cet essai a été mené en 2012 -2013. On a vu à la même époque que le fils d’un pêcheur membre du Regroupement était bon en informatique et qu’il pouvait travailler sur notre logiciel, en développant un module applicable au homard. Il était possible pour les pêcheurs d’aller chercher l’application. On l’achète pour 65 $ et le logiciel règle la question de la transmission de données. Il remplace le papier, qui coûtait deux fois 30 $ par année, et le logiciel est beaucoup plus pratique», raconte O’Neil Cloutier.

Les forces du logiciel sont «de transmettre les données en temps réel. Avant, obtenir les statistiques de mi-saison était compliqué. Maintenant, ça entre quotidiennement et la compilation se fait rapidement. La capacité de mémoire est élevée; tu peux garder toutes tes données pendant des années. Rapidité, simplicité, facilité; elles sont là les forces du logiciel», souligne-t-il.

Ainsi est né JOBEL. L’utilisation du logiciel s’étend rapidement.

«On a demandé l’accréditation pour d’autres zones et d’autres types de pêches. Il a été mis à l’essai en 2014 puis, dès 2015, il a été intégré dans les conditions de permis. À ce moment, les homardiers de la Gaspésie sont devenus la seule flottille obligée d’utiliser un journal de bord électronique pour rapporter le positionnement des prises et une évaluation sommaire du volume pêché», note M. Cloutier.

Il a été mis à l’essai aux Îles-de-la-Madeleine l’an passé par environ 105 homardiers, un chiffre qui passera à près de 150 des 325 homardiers de l’archipel cette année. Il y deviendra obligatoire en 2019, tout comme pour les crabiers et les pêcheurs de hareng dans le sud du golfe Saint-Laurent.

«Il donne trois positions, au départ des prises, au milieu et à la fin. On a 72 heures pour envoyer l’information. C’est pratique. La majorité des pêcheurs envoient les données pendant qu’ils sont encore sur la mer. Il n’y a pas de possibilité de modifier les données après la fermeture du voyage, après le retour au quai», précise O’Neil Cloutier.

Le fils du pêcheur en question, c’est Samuel Roussy. Son père Hugues est homardier. Samuel est diplômé de l’École de technologie supérieure de Montréal en informatique. Il travaille à temps complet pour le Regroupement depuis la fin de ses études, en 2014.

Le temps complet est marqué d’une pause de dix semaines. Passionné de pêche, Samuel Roussy tient à passer la saison de capture de homard sur la mer.

«Je suis revenu en Gaspésie pour pêcher et, le logiciel, c’était le moyen pour revenir», résume Samuel Roussy, avec une pointe d’humour.

Ses compétences d’informaticien en formation ont été sollicitées pendant que le logiciel développé dans l’Ouest canadien était à l’essai.

«Mon père m’en parlait. Les pêcheurs trouvaient que le logiciel de l’Ouest ne fonctionnait pas bien. Je regardé ça un peu et je me suis dit : «C’est ça que je veux faire comme projet de fin d’études. Mon professeur était un passionné de homard. Il organisait des soupers, à Montréal. Ce n’était pas très compliqué en termes de programmation, mais mon projet était directement applicable. C’était un cas réel, dès la fin de l’université. J’ai eu A+ comme note», raconte Samuel Roussy.

C’était en avril 2014. «Je suis revenu par ici pour montrer l’application à des pêcheurs, d’abord cinq pêcheurs en projet pilote. En comparaison avec le programme de l’Ouest, ils ont aimé mon projet. Au Regroupement (des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie), ils ont décidé d’arrêter de mettre de l’argent dans un logiciel qui n’était pas adapté à leurs besoins. Ils m’ont engagé pour travailler à un produit apprécié par les pêcheurs. C’est un investissement. Ça coûte cher à première vue (près d’un million de dollars depuis le début de l’initiative), mais il y a moyen de rentabiliser ça. Il y a un peu plus de 8 000 permis de homard dans l’est du Canada. C’est déjà un départ. Ça va générer des emplois, des salaires. Il y aura des téléphonistes à temps complet à Chandler, et un informaticien, un gestionnaire de projet», signale Samuel Roussy.

De la fin d’avril au début de juillet, il prend une pause salutaire de bureau pour travailler sur l’eau. Même si, de son propre aveu, il y a plus difficile que JOBEL en matière de programmation informatique, il concède tout de même que «c’est beaucoup de travail; c’est un défi intellectuel, c’est comme un gros problème de mathématique».

Que prévoit-il faire en informatique quand JOBEL volera de ses propres ailes? «Je pense à d’autres acteurs qui ne sont pas des pêcheurs», dit-il sans aller plus loin.

Le Regroupement a investi près de 400 000 $ dans le projet JOBEL. Au total, en 2020, quand le logiciel sera prêt à être utilisé partout en Atlantique, c’est 1 million$ qui aura été injecté pour son développement.

O’Neil Cloutier a toutefois bon espoir, lui aussi, de voir le Regroupement retirer des bénéfices pécuniaires de cette initiative.

«L’avenir, c’est l’adoption du logiciel par les pêcheurs de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve et de l’Île-du-Prince-Édouard. On pense qu’en 2022, l’ensemble des flottes de bateaux de pêche l’aura adopté (…) Il y a 10 000 pêcheurs détenteurs de 66 000 permis en Atlantique. Ils sont 8 500 détenteurs de permis juste dans le homard. Si tous achètent un logiciel, nous allons profiter de cet investissement. Le logiciel a été développé pour les pêcheurs, par les pêcheurs», précise-t-il.

TECHNOLOGIES – page 27 – Volume 31,2 – Avril-Mai 2018

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Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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