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Le décès d’une dizaine de baleines noires oblige Ottawa à réagir avec des mesures de protections additionnelles

Le décès d’au moins dix baleines noires, depuis le début de leur migration annuelle dans le golfe du Saint-Laurent en mai, sème l’inquiétude chez les scientifiques. Cela correspond à environ 2 % de la population mondiale de cette espèce en voie de disparition, estimée à 500 individus. Et, selon la vétérinaire du Zoo de Granby, Émilie L. Couture, collaboratrice du Réseau canadien de la santé de la faune, c’est aussi un taux de mortalité supérieur au maximum annuel enregistré au pays au cours des 50 dernières années.

INTOXICATION?

Certaines des baleines autopsiées portaient les marques d’un objet contondant. Le docteur Couture explique qu’on soupçonne une contamination aux algues toxiques qui affecterait leurs réflexes à éviter les collisions avec les navires. «Et puis ça, c’est un peu dans la cour du ministère des Pêches et des Océans (MPO), qui a plusieurs échantillons qui ont été pris dans les moments où les baleines sont mortes, souligne la vétérinaire qui a dirigé deux nécropsies en sol madelinot. Et puis, on va pouvoir corroborer nos trouvailles avec les analyses du MPO pour essayer de mettre la lumière, un petit peu, sur cette éventualité-là.»

Pour sa part, la biologiste spécialisée dans les baleines du golfe du Saint-Laurent, Lyne Morissette, est membre du Consortium de la baleine franche de l’Atlantique du Nord. Elle note que le grand nombre de carcasses trouvées à la dérive au large des Îles-de-la-Madeleine cet été est peut-être aussi dû au fait que leur présence dans le Golfe est elle-même relativement nouvelle. «C’est certain que si on voit plus de ces baleines-là dans le golfe vivantes, bien statistiquement, on a aussi plus de chances d’en retrouver des mortes, fait-elle remarquer. Parce que, si c’est un nouvel habitat qu’elles occupent, bien, elles vont faire différentes phases de leur vie dans ce système-là.»

Du reste, madame Morissette croit que les changements de l’écosystème, qui affectent la distribution des proies des mammifères, sont des hypothèses à explorer. «C’est super important, ou intéressant, de retrouver les baleines qu’on a rapportées comme étant flottantes, dérivantes à la surface, et puis de pouvoir les échantillonner pour pouvoir comprendre le mieux possible qu’est-ce qu’elles avaient, fait valoir la chercheuse. Est-ce qu’elles avaient des maladies? Est-ce qu’elles avaient des fractures?»

FERMETURE DE LA PÊCHE AU CRABE

Cela dit, l’empêtrement dans les filets de pêche est également une cause habituelle de décès des baleines. Cela a d’ailleurs été constaté sur une des trois carcasses échantillonnées à l’Île-du-Prince-Édouard, tandis que deux autres individus ont eu la vie sauve, à quelques jours d’intervalle, grâce aux interventions en mer pour les libérer de l’emprise des filets. Malheureusement, un homme est décédé dans le cadre d’une de ces opérations, le 10 juillet, à bord d’un navire du ministère fédéral des Pêches au large de l’île Miscou, ce qui a mené le MPO à interrompre ce type d’intervention.

De plus, dans un geste sans précédent, le ministre Dominic LeBlanc a décrété une fermeture de la zone 12 de pêche traditionnelle au crabe des neiges au large des Îles-de-la-Madeleine, afin de protéger l’espèce menacée d’extinction. Il a annoncé cette mesure de gestion exceptionnelle alors qu’on en enregistrait déjà un taux anormal de huit décès en moins de deux mois.

Or, bien que les crabiers madelinots avaient déjà complété leur saison de pêche dans le secteur, le capitaine du Jean-Mathieu, Denis Éloquin, ne cache pas son appréhension. «Ce qui est inquiétant, c’est que quand ils ferment une zone, des fois ils peuvent être longtemps avant de la rouvrir. Et, ce n’est pas sûr que ce soit rouvert partout non plus, là. C’est ça qui est inquiétant. Mais l’impact, disons, pour nous, il n’y a pas d’impact tout de suite. Mais, si c’était le printemps, ce serait une catastrophe!»

Pour sa part, Émilie Couture reconnaît l’impact économique d’une telle décision de fermer des zones de pêche commerciale. Elle a néanmoins salué la rapidité d’intervention du gouvernement fédéral pour tenter de limiter les risques d’interactions négatives entre les baleines noires, les engins de pêche et les bateaux. «C’est une belle preuve d’engagement de leur part envers la sauvegarde des espèces, affirme la vétérinaire. Surtout s’il y a un potentiel que la cause de ces mortalités soit une interaction avec des activités humaines.»

LEBLANC SE VEUT RASSURANT

Le ministre LeBlanc se veut néanmoins rassurant à l’égard de l’industrie. Lors d’une conférence de presse, le 3 août, il a souligné que 97 % du quota de crabe avait déjà été pris au moment de la fermeture de la zone 12, le 14 juillet. «Je crois que c’est inapproprié de croire que l’industrie des pêches est en péril, assure-t-il. On peut protéger les baleines, comme la loi nous oblige à le faire, tout en continuant les activités de pêche.» Dominic LeBLanc a également dit qu’il ne s’attendait pas à devoir réduire à nouveau la durée de la saison de pêche l’an prochain.

La Garde côtière canadienne a aussi émis un avis à la navigation exigeant une réduction à 10 nœuds de la vitesse des navires d’au moins 20 mètres, le long du chenal laurentien et dans les voies de circulation entre la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, afin d’éviter les collisions avec les mammifères. «Avec l’aide des Services de communications et de trafic maritimes de la Garde côtière canadienne, les inspecteurs de Transports Canada appliqueront cette mesure préventive jusqu’à ce que les baleines aient quitté les secteurs préoccupants, déclare quant à lui le ministre des Transports, Marc Garneau. Le non-respect de ces mesures entraînera une sanction administrative pécuniaire pouvant atteindre 25 000$.»

Les baleines noires devraient entreprendre leur migration vers le sud à la fin septembre. Et, de leur côté, les membres du Consortium de la baleine franche de l’Atlantique du Nord tiendront leur réunion annuelle à Halifax, le 22 octobre prochain. Lyne Morissette espère qu’on pourra y lever le voile sur ce qui plonge actuellement la communauté scientifique en plein mystère.

MAMMIFÈRES MARINS – page 24 – Volume 30,4 – Septembre-Octobre-Novembre 2017

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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