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Transformateurs et pêcheurs s’attendent à une saison unique

Les transformateurs gaspésiens de crabe des neiges s’attendent à une saison unique en 2017, au sens positif du terme, en raison d’un contingent de capture qui devrait grimper de 102,75% comparativement à 2016 dans le sud du golfe Saint-Laurent, la grande source d’approvisionnement des usines de la péninsule.

De plus, comme le souligne Raymond Sheehan, président de l’entreprise E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, les marchés sont vides et l’autre zone approvisionnant de façon secondaire les usines de la Gaspésie, la zone 17, dans l’estuaire de Saint-Laurent, pourrait aussi bénéficier d’une augmentation de quota de 25%.

«Ce sera très fort du côté du marché des États-Unis parce qu’il n’y en a pas, de crabe en inventaire. C’est sûr que l’acheteur en voudra. Les Japonais font un bon baromètre aussi et je pense qu’ils seront plus «agressifs» cette année. Ils en ont acheté moins, l’an passé, à Terre-Neuve, entre autres. Les usines de Terre-Neuve pouvaient vendre ailleurs l’an passé», précise Raymond Sheehan.

Parlant de Terre-Neuve, les contingents y seront coupés d’environ 15% en 2017. «Ils ont laissé à l’eau 11% de leur quota l’an passé, en plus. On ne sait pas s’ils vont rajouter le quota pas capturé l’an passé à leur quota de cette année, mais ça fait d’une façon ou d’une autre moins de crabe venant de Terre-Neuve», note-t-il.

Ces conditions laissent Raymond Sheehan avec au moins deux certitudes.

«Le prix au pêcheur sera plus fort, et le prix de vente (pour les usines) sera plus fort. De combien, c’est la question», résume-t-il.

Au 22 février, Raymond Sheehan constatait que le prix à la livre du crabe des neiges sur le marché de gros se situait à environ un dollar de plus qu’à la même période en 2016, en dollars américains. Cette évaluation ne tenait toutefois pas compte du taux de change, qui agrandit cet écart quand on le transpose en dollars canadiens.

«Le taux de change est présentement de 1,31 $ à 1,32 $ (canadiens par dollar américain). Ça reste très avantageux. Ça bougeait plus en 2016. Le taux de change était de 1,48 $ lors de la réunion de l’AQIP [Association québécoise de l’industrie de la pêche, qui s’est réunie à la fin de janvier] et il avait baissé à 1,28 $ au début de la saison [au début d’avril]», souligne Raymond Sheehan.

En 2016, les crabiers évoluant dans le sud du golfe Saint-Laurent ont obtenu un prix avoisinant les 3,75 $ la livre, alors que les quotas s’établissaient environ entre 200 000 à 225 000 pour les crabiers traditionnels.

En 2017, les quotas pourraient atteindre jusqu’à 450 000 livres par permis traditionnel, et le prix dépassera les 4 $ la livre, selon toute vraisemblance. Dans un contexte où les crabiers et les transformateurs pourraient craindre l’apparition de crabe «blanc», c’est-à-dire à carapace molle, une certaine pression pourrait en inciter plusieurs à accélérer le rythme de capture, de façon à éviter que des sous-zones soient fermées en raison de ce crabe en mue.

Ce scénario n’inquiète toutefois pas Raymond Sheehan outre mesure.

«Le rythme de capture commence toujours fort. Nos gars passent toujours les 10-12 premiers jours en mer, parfois trois semaines. Si un crabier a un quota de 200 000 livres, il va faire ses trois premiers voyages le plus vite possible. Quand il reste 80 000 livres, ils (les crabiers) vont aller le chercher plus lentement, parce qu’ils savent qu’ils vont capturer le reste du quota. Ils peuvent prendre six semaines pour les 80 000 livres», explique monsieur Sheehan.

L’an passé, l’usine E. Gagnon et Fils a transformé 7 millions de livres de crabe. Raymond Sheehan s’attend à un volume bien supérieur en 2017, mais il ne s’inquiète pas de voir les débarquements congestionner l’usine lors des premières semaines.

«Ça ne change pas beaucoup notre situation. Quand il y a peu de crabe, on remplace avec du homard. Cette année, il y aura beaucoup de crabe et on transformera moins de homard. On a transformé 7 millions de livres de crabe l’an passé, mais il n’y avait pas tant de crabe venant de la zone 12. Si la hausse de quota atteint 103%, on va se rendre à 13 millions de livres à l’usine», précise-t-il.

Raymond Sheehan s’attend à ce que 375 personnes travaillent à l’usine de Sainte-Thérèse-de-Gaspé pendant la saison de transformation de crabe.

Le 15 février, l’analyste John Sackton, éditeur de Seafood News, évaluait la situation en des termes se rapprochant des perspectives présentées par Raymond Sheehan.

Monsieur Sackton voyait à ce moment des prix pour la section transformée de 5 à 8 onces dépassant 8,00 $ américains, qu’il s’agisse du crabe de l’Alaska vendu sur le marché américain ou sur le marché japonais, ou le crabe russe de la mer de Béring vendu sur le marché japonais.

Le prix de gros au Japon a même augmenté de 50% par rapport à l’an passé, alors qu’aux États-Unis, la hausse est d’environ un tiers entre l’hiver 2016 et l’hiver 2017, de 6,00 $ à 8,00 $ américains. Les transformateurs de l’Alaska ont même réussi à vendre du crabe à 8,35 $ la livre pour les sections de cinq à huit onces, et même à 8,55 $ pour les sections de plus de huit onces, tout ça en dollars américains.

John Sackton a l’impression que les acheteurs de crabe croient que le prix de 8,00 $ américains la livre tiendra jusqu’à la quatrième semaine de mars, soit lors de la tenue du Boston Seafood Show. Ces acheteurs ont toutefois espoir que l’ouverture des zones du golfe Saint-Laurent, surtout si elle est précoce en raison des faibles conditions de glace, pourra ramener les prix à la baisse.

La hausse de quota dans le sud du golfe serait suffisante, croit monsieur Sackton, pour contrebalancer les baisses de cette année en Alaska et à Terre-Neuve. Des sources japonaises de monsieur Sackton prévoient que si l’offre de crabe reprend de la vigueur, le marché reviendra à un niveau de prix comparable à celui du début de 2016, soit 6,00 $ américains la livre. Cet élément serait aussi alimenté par des débarquements en hausse de crabe russe sur le marché japonais.

«Toutefois, les Japonais sont au courant de la pression qui viendra des pêcheurs voulant être payés en fonction du marché actuel (mi-février) et de la concurrence que se livreront les transformateurs canadiens pour le crabe vivant. Les yeux de tous les acheteurs de crabe des neiges sont tournés vers le début de la saison dans le golfe et à Terre-Neuve», affirme John Sackton.

L’économiste Martial Ménard, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, tenait également un discours prometteur le 23 février en faisant remarquer que l’offre de crabe était en baisse aux États-Unis, que le dollar canadien était toujours déprécié en comparaison au dollar américain et au yen, des conditions favorables aux exportations, et que «le prix du crabe des neiges canadien est en hausse sur le marché américain depuis septembre 2015». Bref, il y a une bonne croissance de l’économie aux États-Unis.

Daniel Desbois, président de l’Association des crabiers gaspésiens, est «assez confiant», à un peu moins de deux mois de l’ouverture de la saison de capture dans le sud du golfe Saint-Laurent.

«C’est le moins qu’on puisse dire. Lors du RAP portant sur le poisson de fond, la même tendance a été identifiée pour le stock de crabe. On parle pas mal d’une augmentation du simple au double, en matière de quota», dit-il.

Les crabiers traditionnels du sud du golfe Saint-Laurent bénéficieront vraisemblablement de quotas individuels qui varieront entre 420 000 et 450 000 livres.

En 2016, les crabiers évoluant dans le sud du golfe Saint-Laurent ont obtenu des prix variant autour de 3,75 $ à 3,85 $ la livre. En se basant sur une potentielle augmentation de 25% à 35%, ce qui           supposerait que le prix de gros payé en Alaska cet hiver serait une conséquence directe du montant qui y a été versé au pêcheur, des gens parlent d’un prix de 4,50 $ à 5 $ la livre dans le golfe.

Daniel Desbois est très prudent quand vient le temps de parler de ce que pourrait être ce prix. «Personne ne s’est encore mouillé. On entend toutes sortes de choses», résume-t-il.

Questionné au sujet du défi que pourrait représenter la capture, dans un contexte de fort quota, considérant la possibilité de fermeture de sous-zones en raison du crabe en mue et la logistique de livraison imposée par certaines usines, Daniel Desbois reste sûr que tout se déroulera bien.

«Les premières semaines dans le crabe sont toujours intenses, mais il y a des cédules [des horaires de livraison] à respecter et il faut donner le temps aux usines de transformer le crabe. C’est simplement que la période intense va durer plus longtemps cette année à cause du quota. Je n’ai pas d’inquiétude pour le crabe blanc. Il est plus présent dans des petits secteurs. Il y a une bonne quantité de crabes en mue terminale cette année, et ils ne sont pas dans les mêmes territoires. On voit arriver le crabe blanc», explique monsieur Desbois.

Il souhaite un début de pêche hâtif, pour faciliter la tâche de tout le monde : «Il n’y a pas de glace. Un début hâtif, c’est ce qu’on espère le plus.»

LE SUD DU GOLFE – page 2 – Volume 30,1 – Février-Mars 2017

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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