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Une année décevante et moins rentable pour l’industrie de la crevette nordique

Les données préliminaires portant sur la saison 2017 de crevette nordique laissent entrevoir une baisse significative des débarquements par rapport à 2016, un fléchissement allant au-delà de la baisse globale des contingents dans les quatre zones du golfe Saint-Laurent.

L’économiste Martial Ménard, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, précise que les données préliminaires disponibles au début de novembre établissaient les débarquements québécois de crevette à 11 633 tonnes métriques, une chute de 29 % par rapport aux 16 138 tonnes de 2016.

«Cette baisse est le reflet en partie de la baisse globale de 11,5 % du total autorisé des captures, ou TAC. Plus précisément, le TAC a diminué de 15 % dans les zones de Sept-Îles, d’Anticosti et de l’Estuaire par rapport à 2016. Par ailleurs, il est demeuré inchangé dans la zone d’Esquiman. De toute évidence, cette baisse des quotas n’explique pas à elle seule la baisse des débarquements de crevette en 2017. Les stocks de crevette accusent une diminution dans les zones de l’Estuaire, d’Anticosti et de Sept-Îles, un constat étayé tant par les relevés scientifiques que par les pêcheurs», explique M. Ménard.

En novembre, alors qu’il restait encore quelques bateaux en mer à des fins de capture de contingent, c’est dans la zone de Sept-Îles que les prises avaient connu la plus forte baisse de 2016 à 2017, soit 44%.

Globalement, la valeur des prises a aussi chuté considérablement entre ces deux années, puisqu’elles sont passées de 48,9 millions$ à 27,1 millions$, une baisse importante de 46 %. Un fléchissement du prix moyen s’est ajouté à la baisse des prises.

«Globalement, le prix moyen au débarquement de la crevette au Québec est passé de 1,34 $ la livre en 2016 à 1,05 $ en 2017, en baisse de 22 %. Mentionnons que cette donnée est encore préliminaire, car elle ne tient pas compte des ajustements des prix de la crevette effectués lorsque la saison de pêche est terminée», souligne l’économiste.

Pour un volume donné, les crevettiers ont dû déployer de plus grands efforts en 2017 qu’en 2016. En 2016 aussi, ils avaient dû passer plus de temps en mer pour capturer une quantité donnée, comparativement à 2015.

Durant la saison, le biologiste Hugo Bourdages, de l’Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli, percevait, notamment par le biais d’échanges avec les pêcheurs, que l’effort de pêche allait en augmentant pour capturer un volume donné. Il attribue ce phénomène à la baisse de recrutement de crevettes juvéniles, au réchauffement dans la partie de la colonne d’eau où vivent les crevettes, et à l’augmentation de la biomasse de sébaste, un poisson de fond friand de crevette pendant une partie de sa vie.

UN PRIX MOYEN EN BAISSE

Cette année, les prix des trois grandes catégories de tailles de crevette ont tous fléchi dans le secteur couvert par le plan conjoint du Grand Gaspé. Cette réduction suivait trois années d’augmentations successives.

«Ainsi, les crevettiers ont reçu 1,19 $ la livre pour la grosse crevette, 0,99 $ la livre pour la moyenne et 0,85 $ la livre pour la petite. Pour la grosse crevette, c’est une baisse de 21 %, de 18 % pour la crevette de taille moyenne et de 15 % pour la crevette de petite taille», précise M. Ménard.

La situation prévalant en début d’année 2017 explique en bonne partie cette baisse des prix puisqu’il restait à cette période des quantités significatives de petites et de moyennes crevettes en inventaire dans les entrepôts des usines gaspésiennes, ou dans les entrepôts des distributeurs, situés à proximité des marchés.

«Cette situation découlait en partie du prix élevé de la crevette en 2016 et au ralentissement de la demande en raison de la taille plus petite des crevettes. Conséquemment, les usines de transformation ont dû écouler une partie des inventaires excédentaires pendant une partie de 2017. Il est plus difficile d’écouler sur les marchés les stocks de crevette de taille moyenne, et davantage encore celle de petite taille», analyse Martial Ménard.

De plus, le prix de 2016 avait atteint un seuil rarement vu, ce qui laissait entrevoir une éventuelle réduction puisque la capacité des acheteurs, qu’ils soient grossistes ou consommateurs au détail, a des limites, note l’économiste.

Il a d’ailleurs fallu de longues négociations au printemps avant que les crevettiers et les usines du Grand Gaspé s’entendent, avec le résultat que la pêche a été retardée de six semaines.

SUR LES MARCHÉS

L’augmentation de l’offre mondiale de crevette d’élevage et une baisse de la demande de crevette sur les marchés européen et américain ont causé une baisse du prix de gros de la crevette nordique sur le marché des États-Unis entre 2016 et 2017. Le prix de 2016 était très élevé par rapport à la moyenne des dernières années.

«Le prix de gros de la crevette nordique sur la côte est américaine pour une taille de 125 à 175 pièces la livre est passé de 6,64 $ américains la livre en 2016 à 6,22 $ américains en 2017, soit une baisse de 6 % en un peu plus d’un an. En dollars canadiens, ce même prix est passé de 8,79 $ en 2016 à 8,08 $ la livre en 2017, soit une baisse de 8 %», précise M. Ménard.

Les chiffres liés à l’offre mondiale de crevette d’aquaculture illustrent bien l’abondance en hausse.

«La production thaïlandaise, la Thaïlande étant le principal pays producteur de l’Asie du Sud-Est, a totalisé 320 000 tonnes en 2017, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. On est encore loin des prévisions d’une reprise de la production estimées à 450 000 tonnes en 2016 et lors des années subséquentes. Rappelons que la crevette d’aquaculture concurrence fortement la crevette nordique canadienne sur notre marché domestique, ainsi que sur les marchés étrangers», souligne l’économiste.

D’autres importants producteurs de crevette d’élevage, le Vietnam et l’Inde en l’occurrence, ont également haussé leur production.

L’économie américaine reste vigoureuse, comme le démontre le taux de chômage de 4,3 % en 2017, le plus bas niveau depuis 2001. Le marché de l’emploi est en croissance et il alimente le vent d’optimisme qui souffle sur cette économie, rappelle l’économiste.

«Conséquemment, la demande de crevette, tant au détail que dans l’hôtellerie, la restauration et le secteur des institutions, les HRI, s’est accrue aux États-Unis en 2017. Les importations de crevette d’aquaculture en provenance d’Asie du Sud-est ont augmenté. Il s’agit d’une crevette qui se vend habituellement à un prix inférieur à celui de la crevette nordique, en raison des coûts de production inférieurs à ceux générés par la pêche de la crevette sauvage en haute mer», analyse M. Ménard.

La forte progression des volumes de crevette d’aquaculture venant d’Asie a donc fait pression à la baisse sur les prix offerts par les acheteurs européens et américains de crevette, quelle que soit sa provenance, puisque le phénomène de substitution de produits existe sur ces marchés.

EXPORTATIONS CANADIENNES ET QUÉBÉCOISES EN BAISSE

Les exportations canadiennes de crevette nordique ont atteint, de janvier à septembre 2017, 31 384 tonnes ainsi qu’une valeur de 328 millions$, soit une baisse de 34 % en volume et de 4 % en valeur comparativement à la période correspondante de 2016.

«L’Europe et l’Asie sont les deux principaux marchés d’exportation de la crevette nordique canadienne, soit 52 % et 41 % en volume respectivement de même que     49 % et 42 % en valeur. En 2017, ces exportations ont diminué de 31 % en Europe et de 32 % en Asie», note Martial Ménard.

Le Royaume-Uni, le Danemark et l’Islande constituent les trois principaux acquéreurs de crevette congelée et décortiquée canadienne. Cette crevette est ensuite réexportée ailleurs en Europe ou dans le monde.

«En 2017, les exportations canadiennes de crevette nordique ont diminué de 26 % au Danemark, soit 6 109 tonnes en 2017 comparativement à 8 261 tonnes en 2016, de  19 % au Royaume-Uni, à 4 729 tonnes en 2017 plutôt que 5 861 tonnes en 2016, et de 45 % en Islande, avec 3 230 tonnes en 2017 comparativement à 5 879 tonnes en 2016», signale l’économiste.

La Chine et le Japon constituent les principaux acheteurs asiatiques de crevette nordiques, avec 80 % et de 8 % de ces acquisitions, respectivement. Ces exportations canadiennes de crevette ont fléchi de 28 % vers la Chine et de 40 % vers le Japon.

Quant aux exportations québécoises de crevette pour la période de janvier à septembre 2017, elles ont totalisé 1 567 tonnes pour une valeur de 21,2 millions$, soit une baisse de 9 % en volume et de 16 % en valeur par rapport à la même période l’an dernier. La baisse des exportations québécoises de crevette est le reflet de la baisse des débarquements de crevette, ainsi que celle du prix moyen au débarquement. L’Europe et les États-Unis sont les deux principaux marchés d’exportation de la crevette nordique québécoise, avec des parts de marché de 79 % et 20 % respectivement.

Les chiffres disponibles en 2017 n’incluent pas les trois derniers mois de l’année, au cours desquels ont lieu les achats pour trois importantes fêtes aux États-Unis, l’Action de grâces, Noël et le jour de l’An. Les exportations de crevette vers le sud de la frontière connaissent une montée à cette occasion, tout comme les exportations sur les marchés européen et asiatique, mais à un moindre degré.

«Déjà, le prix de gros de la crevette nordique sur la côte est américaine pour une taille de 125 à 175 pièces la livre est en hausse depuis août, puisque les acheteurs étrangers commencent tôt à constituer leurs inventaires de crevette nordique en prévision de cette période annuelle de forte demande. De 6,21 $ américains la livre qu’il a été pendant une bonne partie de l’année jusqu’en juillet, le prix de gros sur la côte est américaine est passé à 6,35 $ américain en août et à 6,41 $ américains depuis septembre», conclut Martial Ménard.

ÉCONOMIE – pages 10 et 11 – Volume 30,5 – Décembre 2017-Janvier 2018

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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