
Les industriels de la pêche doivent collaborer sur les marchés extérieurs plutôt que de se faire concurrence s’ils veulent tirer leur épingle du jeu. C’était le message lancé par les représentants de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) lors du congrès annuel tenu les 26, 27 et 28 janvier, à Québec.
«On n’est pas les plus gros par rapport aux Maritimes. Au lieu de se faire concurrence à l’étranger, on est mieux de maintenir de bons prix sur les marchés en travaillant ensemble», affirme le directeur général de l’AQIP, Jean-Paul Gagné.
L’exemple de Gaspé Cured, «qui commercialise ensemble en restant autonome» (voir autre texte à la page suivante, p.8), souligne monsieur Gagné, a notamment été présenté aux participants.
Le président de l’AQIP, Jean-Marc Marcoux, est revenu sur cette idée de partenariat dans son discours de clôture. «Ça ne signifie pas nécessairement la fusion d’entreprises. Mais les usines peuvent collaborer pour atteindre des objectifs financiers supérieurs. Il faut maintenir une excellente communication entre nous et viser une solidarité dans toutes les actions de notre industrie.»
Le libre-échange est à l’avant-plan des préoccupations des industriels encore cette année. «Ce sont des systèmes qui vont dans les deux sens. On exportera librement; ils exporteront librement. La concurrence sera plus forte pour tous et les entreprises de transformation du Québec doivent être prêtes», a dit monsieur Marcoux.
Par ailleurs, le président de l’AQIP a dressé le bilan de 2015, «une année assez exceptionnelle». Les facteurs de ce succès, selon monsieur Marcoux : «L’effort des dernières années dans la modernisation des usines de transformation et de nos équipements, la bonne qualité de la ressource provenant des captures par nos pêcheurs et la forte demande pour nos produits.»
Les données préliminaires font état d’une valeur totale au débarquement de 229 millions $, en 2015, au Québec, soit une hausse de 12%. Les exportations de produits marins ont atteint plus de 270 millions $ en 2014 et vont augmenter en 2015, prévoit Abdoul Aziz Niang, sous-ministre adjoint aux pêches, qui a parlé au nom du ministre Pierre Paradis. Les stocks des principales espèces sont en excellente santé, a-t-il souligné, et «les perspectives laissent croire au retour du sébaste et de la morue».
Le congrès a été l’occasion pour les industriels de faire connaissance avec le secrétaire parlementaire du ministre fédéral des Pêches et des Océans, Serge Cormier. Le député d’Acadie-Bathurst s’est présenté avec une cravate en peau de phoque et a dit souhaiter «une approche collaborative» avec l’industrie de la pêche.
«Les gens ont bien apprécié sa visite et son discours, commente Jean-Paul Gagné. C’est un fils de pêcheur côtier, il connait ça. Il s’est engagé à consulter avant de prendre des décisions.» S’agit-il d’un changement de ton par rapport au gouvernement conservateur? «Oui», répond laconiquement monsieur Gagné.
Le ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Pierre Paradis, n’était pas présent au congrès. Son adjoint parlementaire, le député des Îles-de-la-Madeleine, Germain Chevarie, était à l’extérieur du pays, indique monsieur Gagné. «On a proposé Jean D’Amour, mais il a cessé d’être responsable de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine le jour même du discours. On se doutait qu’il ne viendrait pas», indique monsieur Gagné. Il estime que le gouvernement du Québec était tout de même «bien représenté» par un attaché du ministre Paradis.
En 2016, l’AQIP s’attend à du concret du côté de la Stratégie maritime du gouvernement québécois. «On a présenté notre vision, qui inclut les deuxième et troisième transformations, il y a deux ans à la Stratégie maritime. On va mettre l’emphase pour qu’il y ait des résultats. Ça va être notre cheval de bataille», dit Jean-Paul Gagné.
«Ce que j’ai proposé, et les gens semblaient l’accepter, c’est qu’on va présenter un projet général pour tester la Stratégie maritime. Parce que si l’argent est pris dans les budgets réguliers, ce ne sera pas suffisant», ajoute le directeur général de l’AQIP. «Pour le reste, nos priorités, c’est de faire renouveler des programmes du gouvernement provincial pour la modernisation.»
PRONOSTIC 2016
L’année 2016 sera «une belle saison» pour l’industrie des produits de la mer, surtout si le taux de change reste au bas niveau actuel, estime monsieur Gagné. La diminution de certains totaux de capture autorisés sera compensée par la vigueur des prix. «Il y a une diminution dans la zone 12 pour le crabe, mais la diminution pour le crabe d’Alaska frise les 40% […]. Dans la crevette, pour les pêcheurs québécois, il n’y aura pas de baisse dans les zones Anticosti et Sept-Îles.»
Par ailleurs, le directeur de l’AQIP est très satisfait de la participation au congrès. «Il y avait 225 personnes au banquet de clôture. On s’attendait peut-être à une baisse parce qu’on n’avait pas invité d’acheteurs étrangers. Mais il y a eu pratiquement plus de monde malgré ça.»
Cette année, l’AQIP avait invité les fournisseurs de biens et de services à présenter leurs produits. Douze firmes ont dressé chacune leur kiosque à l’Hôtel Hilton.
ÉVÈNEMENT – page 7 – Volume 29,1 – Février – Mars 2016
À propos de l'auteur :
Geneviève Gélinas
Geneviève Gélinas travaille comme journaliste pour Graffici et à la pige principalement pour Le Soleil et The Spec. Elle se fait un plaisir de plonger dans le monde des pêches et de l’aquaculture plusieurs fois par année pour le compte de Pêche Impact. Elle s’est fixée à Gaspé pour de bon en 2002, après des études à l’Université de Montréal où elle a complété un certificat en journalisme et un baccalauréat en musique. Née et élevée à Yamachiche en Mauricie, rien ne la destinait à faire sa vie en Gaspésie, sinon des racines à Mont-Louis côté maternel. Elle a débarqué ses bagages à Gaspé, en 2002, et ne les a plus refaits depuis, sinon pour voyager avec son conjoint et leurs deux jeunes Gaspésiens, de souche ceux-là!