Boréal Oméga espère que Québec et Ottawa feront preuve de moins de «tiédeur» dans le dossier du phoque. Cette nouvelle entreprise, formée du noyau créateur de la défunte Total Océan ayant mis au point un procédé unique d’extraction et de purification de l’huile de phoque, est à développer des partenariats d’affaires avec l’Algérie depuis près d’un an (Pêche Impact, janvier 2025). Son directeur général, Michel Lacroix, figurait au nombre des participants aux consultations préparatoires du Grand chantier des États généraux sur le phoque du Saint-Laurent qui se tiendra en novembre prochain à Matane.
L’homme d’affaires déplore, entre autres, que les programmes d’aide gouvernementale à l’exportation soient limités aux sociétés dont le chiffre d’affaires minimal est de 100 000 $. «Si on veut vraiment valoriser tout le phoque, ça va prendre beaucoup de courage au niveau gouvernemental, tout comme on en a fait preuve quand ç’a été le temps d’instaurer les industries du crabe et du homard, insiste M. Lacroix. Ça prend du temps, ça prend des gens, ça prend de l’argent. Mais avant même qu’on dépense de l’argent, il faut qu’on sache sur quel pied danser. Il faut que les gouvernements se positionnent. Parce que là, ils sont tièdes. Alors nous, ce qu’on dit, c’est «Soyez chauds ou soyez froids : un des deux». C’est tout!»
Malgré tout, pour répondre prestement à la demande algérienne, Boréal Oméga fait présentement traiter sa matière brute qu’elle achète de Terre-Neuve au centre collégial de transfert technologique (CCTT) Kemitek de Thetford Mines, doté d’un distillateur moléculaire de calibre pré-commercial. C’est que la relance tant espérée du distillateur fabriqué sur mesure pour Total Océan – repris par le CCTT Écofaune Boréale de Saint-Félicien suite à la faillite de cette dernière (Pêche Impact, septembre 2024) – n’a finalement pas abouti faute de local où pouvoir l’opérer. Le fameux équipement, qui a dû être démantelé puis qui a été vendu à un groupe de gens d’affaires madelinots dans la foulée de ce revers en mars dernier, ne sera remonté qu’en début d’année prochaine.
Entretemps, le ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui avait accordé à Boréal Oméga une subvention couvrant 50 % des coûts d’une production pilote devant se faire aux Îles-de-la-Madeleine ce printemps, a accepté qu’il se réalise dans une autre région «en raison des circonstances exceptionnelles et hors de son contrôle». «Le projet pilote est nécessaire pour permettre à l’entreprise de poursuivre le développement de ses marchés et pour recueillir des données technico-économiques aux fins de démonstration de la faisabilité financière du projet», souligne-t-on au cabinet de l’ex-ministre André Lamontagne.
Boréal Oméga est donc présentement à l’étape de tests de stabilité d’un premier lot de 50 kg d’huile de loup-marin traité à Thetford Mines que deux manufacturiers algériens ont ensuite transformé en gélules. «À la fin septembre au plus tard, on va savoir si ça passe ou si ça casse, indique son DG. Parce que le marché est déjà là et on sait que nos coûts de revient sont compétitifs par rapport à ce qui se vend actuellement en Algérie. Alors on a tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne. Il faut juste que notre huile réponde aux attentes de longévité.»
Ainsi si tout va bien, Michel Lacroix estime que son entreprise pourrait vendre entre 40 000 litres – 50 000 litres d’ici la fin décembre. «Et si le marché réagit positivement, on pourrait facilement doubler ce volume», conclut-il.
TECHNOLOGIES – page 23 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

























