mercredi, novembre 13, 2024
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Le relevé scientifique confirme une autre solide abondance de crabes des neiges dans le sud du golfe

Le relevé scientifique du crabe des neiges effectué en 2019 dans le sud du golfe Saint-Laurent révèle encore une solide abondance pour cette espèce. La biomasse de crabe adulte de taille commerciale a subi une légère baisse de 2,1 %, puisqu’elle est passée de 80 746 à 79 066 tonnes métriques de 2018 à 2019.

Lors du relevé scientifique effectué entre le 12 juillet et le 25 septembre, l’équipe du ministère fédéral des Pêches et des Océans a réalisé 352 des 355 traits de chalut prévus. Des tentatives infructueuses ont mené à l’abandon de trois stations d’échantillonnage. Le bateau utilisé était le AVALON VOYAGER II, qui remplace le JEAN-MATHIEU, qui a été utilisé pour les missions de 2013 à 2018.

« C’est un peu plus bas comme biomasse de crabe adulte de taille commerciale, mais ça reste dans l’intervalle de confiance. C’est dans la zone saine de l’approche de précaution », signale la biologiste Amélie Rondeau, de Pêches et Océans Canada, en faisant référence aux différentes catégories déterminées par les règles de décision, règles déterminant le contingent à venir en 2020.

NOUVELLES RECRUES TRÈS PRÉSENTES

Le relevé scientifique a également permis de déterminer la proportion de la biomasse composée de nouvelles recrues. Pour l’ensemble du sud du golfe et ses quatre zones de pêche, les biologistes ont statué que 75 % de la ressource commerciale disponible à la pêcherie en 2020 est composé de nouvelles recrues, soit 58 995 tonnes alors qu’elle était de 59 609 tonnes en 2019.

La biomasse résiduelle de 2019, le stock de mâles adultes de taille commerciale, est estimée à 20 291 tonnes, soit une légère baisse de 5,3 %. En 2018, elle était de 21 432 tonnes.

« C’est une pêche de recrutement. Après la dernière mue de ces crabes, ils seront de trois à cinq ans en survie et après, ils meurent », note-t-elle.

À ceux qui s’inquiètent de voir qu’une telle proportion de la pêche cible des recrues, c’est-à-dire des crabes qui viennent d’atteindre la taille commerciale, Amélie Rondeau précise que le relevé scientifique montre des signes rassurants.

« On regarde les crabes mâles de plus petites tailles, à un, deux ou trois ans de la taille commerciale et les indicateurs sont bons », souligne-t-elle.

Quant à l’équilibre mâles-femelles, « les signaux sont très positifs pour les femelles aussi », ajoute-t-elle.

Lors du dernier relevé, les principales concentrations de crabes de taille ont été observées au banc Bradelle, dans la vallée de Shédiac, dans les parties centrale et sud du canal des Îles-de-la-Madeleine et dans la partie sud-est du sud du golfe du Saint-Laurent.

Les crabes du sud du golfe atteignent généralement la taille commerciale à leur cinquième, sixième ou septième année de vie. « Au total, les crabes des neiges vivent entre 12 et 15 ans. Ils n’ont pas une grande espérance de vie. Il y a dégénérescence après la dernière mue », rappelle Mme Rondeau.

Dans la principale zone couvrant le sud du golfe, la zone 12, le relevé scientifique indique une biomasse mâle de taille commerciale de 67 590 tonnes métriques, soit 86,2 % de la biomasse de même type des quatre zones de ce grand secteur.

La zone 19 renferme 5 639 tonnes métriques, à savoir 7,2 % de la biomasse, comparativement à 554 tonnes métriques pour la zone 12E et 4 613 tonnes métriques pour la zone 12F, précise Mme Rondeau.

CONTINGENT GLOBAL PRESQUE IDENTIQUE

Le contingent global potentiel de 2020 pour les quatre zones, selon la règle de décision acceptée de l’approche de précaution, serait de 32 101 tonnes, et ce, avec un taux d’exploitation de 40,6 %. Il s’agirait d’une réduction de 1,2 % par rapport à 2019, alors qu’il avait atteint 32 480 tonnes.

Pour la zone 12, le quota serait de 27 591 tonnes, en baisse de 1,7 % par rapport au contingent révisé de 27 905 tonnes de 2019. Dans la zone 19, le contingent pourrait s’établir à 2 287 tonnes, à 243 tonnes dans 12E et à 1 980 tonnes dans 12F.

Quand on demande à la biologiste si les craintes de crabiers à l’effet que la présence de deux quadrilatères de protection des baleines noires a pu concentrer la pêche dans des secteurs trop restreints en 2018 et en 2019, des secteurs où il pourrait conséquemment y avoir eu déséquilibre en raison de prises trop abondantes, elle assure que ce ne fut pas le cas.

« Dès 2018, les crabiers avaient peur d’une « cage à baleine », c’est-à-dire qu’ils soient trop proches d’une concentration de baleines noires. Il faut de gros efforts en pleine saison pour déplacer des casiers. Ce qui est arrivé, c’est que les pêcheurs ne tendaient pas à se tenir près du quadrilatère, de crainte d’avoir à déplacer leurs casiers en toute hâte si une baleine morte était trouvée dans ce coin-là. Ils s’en allaient plus loin pour ne pas avoir à faire ces déplacements. Plusieurs sont allés sur la ligne de séparation des zones 12 et 19. La pêche a lieu en juillet dans la zone 19 et plusieurs crabiers de la Nouvelle-Écosse se sont plaints de la trop grande présence des pêcheurs de la zone 12 près de leur zone. C’est un sujet délicat », analyse Amélie Rondeau.

Quelle est la différence principale entre l’évaluation de 2018 et celle de 2019?

« On a changé de bateau l’an passé. En science on compare des pommes avec des pommes. Le nouveau bateau (AVALON VOYAGER II) est plus gros, plus lourd en tonnage. On est en processus d’adaptation entre les deux bateaux. On a fait des tests en 2018. On a pêché dans 40 stations avec les deux côte-à-côte. On a regardé les données. Pour les mâles de taille commerciale, c’était similaire. Pour les femelles, il y en avait plus avec le JEAN-MATHIEU, plus de buccins et d’oursins aussi », signale la biologiste.

Les traits de chalut ne durent que cinq minutes lors des stations d’échantillonnage où pêchent les biologistes de Pêches et Océans Canada. Ils ont réalisé qu’avec le AVALON VOYAGER II, lorsque le chalut est remonté, ce même chalut reste au fond plus longtemps que dans le cas du JEAN-MATHIEU.

« La vitesse des treuils est différente. Il (le chalut) ne lève pas du fond aussi vite. La différence peut être d’une minute. Mais une minute de plus que cinq, c’est 20 % de plus. Il peut y avoir une hétérogénéité spatiale. On va essayer d’ajuster le tir l’année prochaine. L’AVALON VOYAGER II a capturé plus de crabe. Ça mériterait de l’attention », note Amélie Rondeau.

Comme les traits de chalut ne ciblent pas seulement le crabe, les biologistes examinent aussi les variations entre les deux bateaux en regard d’autres espèces. En plus d’une quantité plus abondante de buccins et d’oursins, ils ont noté une augmentation importante des prises de plie canadienne avec L’AVALON VOYAGER II.

« On va trouver une méthode pour remonter le chalut pour que les stations soient équivalentes entre les deux bateaux. L’ajustement viendra. Les incertitudes, on les a mises sur la table », précise madame Rondeau.

LES CREUX D’ABONDANCE PLUS RARES

Depuis quelques années, les creux et les crêtes de cycles dans la biomasse du crabe des neiges semblent s’amenuiser dans le sud du golfe. Il fut un temps où les crabiers et les transformateurs s’attendaient à des creux de ressources assez prononcés à tous les 7 à 10 ans. Ainsi, après les très forts contingents de 2017, bien des gens de l’industrie ne s’attendaient pas à ce que la ressource montre autant de vigueur trois ans plus tard. C’est pourtant le cas.

« Nous sommes encore en train d’essayer de trouver pourquoi. L’amplitude (des creux et des sommets) s’est atténuée, avec des niveaux forts d’abondance. L’industrie croit qu’on a trouvé le taux d’exploitation idéal, avec l’approche de précaution et les règles de décision qui seraient venues enlever de la pression sur la ressource. Il n’est pas facile de mettre le doigt sur le facteur. C’est plus compliqué. On n’est pas là. Mère nature est pleine de surprises », assure la biologiste.

Le réchauffement de l’eau, tant dans le chenal Laurentien que dans le nord-est du golfe Saint-Laurent, le phénomène densité-dépendance, en vertu duquel les gros crabes mangent les petits et les facteurs influençant la productivité des femelles sont autant d’hypothèses étudiées par les scientifiques.

« Si la température augmente de plus de deux degrés, ça pourrait favoriser les petits crabes. Il y aurait un phénomène d’incubation. C’est comme si en un an, il y avait une double ponte », avance comme exemple Amélie Rondeau.

LE SUD DU GOLFE – page 6 – Volume 33,1 Février-Mars 2020

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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