mardi, novembre 18, 2025
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Pêche au homard : un autre record de prises et de revenus en 2025

Les prises de homard en Gaspésie ont atteint un nouveau record en 2025, grâce à des captures de 4 949 tonnes métriques, porteuses d’une valeur de 83 316 658 $, ce qui constitue aussi un record.

Les deux records précédents remontaient à 2023, alors que les prises avaient atteint          4 878,5 tonnes métriques, et les revenus 82 350 020 $. Les données de 2025 n’arrivent pas comme une grande surprise pour les principaux acteurs du secteur homard, parce que les captures ont été constantes et parce que le prix a grimpé graduellement, pratiquement toute la saison dans les zones principales.

En 2025, le prix à la livre s’est établi à une moyenne de 7,66 $, comparativement à 7,09 $ en 2024 et au record de 7,72 $ en 2023. Les données de 2025 sont encore préliminaires, note avec insistance le ministère fédéral des Pêches et des Océans.

Représentant les 153 détenteurs de permis commerciaux de la région, O’Neil Cloutier, du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie avait vu venir une amélioration du bilan statistique de 2025, par rapport à celui de 2024, et même en comparaison avec celui de 2023.

«On s’attendait à une légère hausse des captures par rapport à 2023, dû à la météo, à un climat idéal, frais, sec, sans tempête. On n’a presque pas eu de vent et pas de pluie qui fait rougir l’eau le long de la côte», aborde M. Cloutier, à propos de prises ayant augmenté de 70 tonnes métriques entre le record de 2023 et celui de 2025.

Sans que le prix de 2025 atteigne celui de 2023, il s’est quand même raffermi considérablement entre 2024 et 2025, grimpant de 7,09 $ à 7,66 $ la livre, ce qui ne constitue pas un mystère pour O’Neil Cloutier.

«Le prix a augmenté parce qu’il y avait moins de homard des Maritimes. Les prises ont beaucoup diminué en Nouvelle-Écosse. Il y avait moins de homard sur les marchés; le prix a grimpé. On se plaignait que le prix était assez bas dans les deux premières semaines de la saison, à 7 $. Je me souviens de m’être dit : «il me semble qu’il est bas». D’habitude, il baisse après la Fête des mères. J’ai pensé : «On va se ramasser à 6 $ !». Au lieu de ça, il a monté presque toutes les semaines, si mes souvenirs sont bons», analyse-t-il.

Du côté de la mise en marché, Bill Sheehan, vice-président de la firme E. Gagnon et Fils, la plus grande firme de transformation et de mise en marché du homard en Gaspésie, précise ne pas avoir été étonné par l’abondance des prises en 2025.

«C’est une tendance des dernières années. Ce qui nous a étonnés, ce sont les nouveaux permis. On ne s’attendait pas à ce que ces nouvelles zones exploratoires produisent autant. On en a acheté, du homard, de ces secteurs», note M. Sheehan.

«Le prix a été plus haut que prévu. On a payé du homard de plus en plus cher à mesure que la saison avançait. On a fini à 8,95 $, sinon 9 $, dans les derniers moments de la saison, quand les prises venaient seulement du côté nord de la Gaspésie et d’Anticosti. On suit le plan conjoint des Îles (de-la-Madeleine). On a peu à dire sur le prix. On avait eu plusieurs semaines à 6 $ en 2024. Cette année, on n’est pas descendu en bas de 7 $ la livre», explique-t-il.

«Ce n’est pas la Gaspésie qui dicte le prix du marché. On aurait dû le payer moins cher, en temps normal, si les prises avaient monté partout ailleurs. Ce qui a aidé le prix, c’est que Terre-Neuve n’a pas livré autant de homards. En 2024, le volume de prises là-bas avait étonné tout le monde. Ça ne s’est pas produit cette année. L’an passé, il fallait qu’ils (les producteurs terre-neuviens) le sortent et ils ont baissé le prix», précise Bill Sheehan, qui a aussi vu les volumes baisser ailleurs en Atlantique.

Les tendances par zone

En regardant les statistiques par zone, il est possible de voir certaines différences dans les tendances. Ainsi dans la zone 19, du nord de la Gaspésie, les captures n’ont cessé d’augmenter entre 2023 et 2025, sans fléchissement en 2024. Elles sont passées de 603,8 tonnes métriques en 2023 à 715,9 en 2024, puis à 825 tonnes cette année.

Les revenus ont aussi suivi une courbe ascendante constante, allant de 10 498 615 $ en 2023, à 11 277 451 $ l’an passé, puis à 14 215 473 $ en 2025. Les données de 2025 incluent les prises des deux homardiers évoluant du côté sud de Forillon. «Il y a eu reformulation des statistiques de cette zone. Les deux pêcheurs de Forillon sont proches de la zone 19, et isolés du reste de la zone 20», signale O’Neil Cloutier.

Il est aussi intéressant de constater que Pêches et Océans Canada fournit des données sur la pêche exploratoire de la zone 19, une capture réalisée par les nouveaux détenteurs de permis. Ces prises ont atteint 1 203 tonnes porteuses de revenus de 20 728 982 $, mais ils ne sont initialement pas inclus dans les données globales de la Gaspésie.

Dans la zone 20, les débarquements de 2025 n’ont pas permis aux homardiers de ce secteur de battre le record de 2023, mais ils ont quand même surpassé de justesse ceux de 2024. De 3 864,5 tonnes en 2023, ils étaient passés à 3 670 tonnes métriques l’année suivante, avant de remonter à 3 685,4 tonnes cette année. Les revenus ont suivi une tendance assez similaire, puisque de 64 874 865 $ en 2023, ils ont fléchi assez nettement en 2024, à 57 006 000, pour remonter à 61 776 507 $ en 2025.

Dans la zone 21, couvrant l’ouest de la baie des Chaleurs, l’année 2025 a été caractérisée par des records de prises et de revenus. Ainsi, les captures ont atteint 438,2 tonnes métriques, générant des revenus de 7 324 678 $, des données surpassant les 422,3 tonnes et les 7 181 946 $ de 2023. En 2024, les baisses avaient été assez nettes, à 335,8 tonnes et à 5 189 444 $.

En gros, les données gaspésiennes ont suivi une tendance un peu différente de celles du Québec depuis trois ans, parce qu’en 2024 et 2025, les homardiers des Îles-de-la-Madeleine ont établi des records surpassant constamment ceux de l’année précédente. (Voir texte d’Hélène Fauteux en page 8)

Les données globales du Québec sont ainsi passées de 13 634,2 tonnes métriques en 2023, à 14 487 tonnes en 2024, et à 16 798,6 tonnes cette année. Les revenus ont atteint      230 068 350 $ en 2023, pour fléchir à 225 641 586 $ en 2024, avant de remonter à      289 009 314 $, un bond spectaculaire découlant de l’ajout de 47 063 165 $, soit la valeur des prises de 2 744,5 tonnes réalisées dans les zones exploratoires de la Côte-Nord, d’Anticosti et de la Gaspésie.

Inquiétudes au sujet des pêches exploratoires

O’Neil Cloutier trépigne d’impatience quant au bilan que donnera le ministère canadien des Pêches et des Océans au sujet des pêches exploratoires menées dans les trois zones mises à l’essai.

«À mon avis, les prises ont été abondantes, mais dans la zone 19, le homard était extrêmement gros, et il a contribué à faire baisser le prix, de presque un dollar, dans la dernière semaine des pêcheurs commerciaux de cette zone. Ils (les transformateurs) ne peuvent pas passer ce homard sur les marchés. Il est tellement gros qu’il pose un problème en récupération de chair, qui a souvent la consistance du caoutchouc. C’est courant pour les vieux homards. Le vieux homard a aussi une moins bonne capacité de rétention, une fois en vivier», analyse M. Cloutier.

«C’est pour ça qu’on a toujours émis une réserve pour une pêche aussi étendue dans les zones exploratoires. Il y a une perte biologique et une perte pour les industriels. On a instauré une taille commerciale maximale pour ça. C’est caractéristique d’un secteur qui n’a jamais été exploité commercialement, comme Gaspé Nord, une partie d’Anticosti, et la zone 18 de la Côte Nord. C’est compréhensible qu’il y ait des pertes. Il faut faire attention. Les pertes à Mont-Louis ont atteint 100 000 livres; l’industrie n’était pas prête. Lors de rencontres avec Pêches et Océans Canada, les 15 et 16 octobre l’an passé, on avait prévenu les gestionnaires du ministère. Ils en ont trop donné, des permis, et trop rapidement», tranche-t-il.

O’Neil Cloutier se demande conséquemment quelle sera la suite des événements en 2026 en ce qui a trait aux permis exploratoires.

«Est-ce que le ministère passera en deuxième phase ou prendra-t-il une approche précautionneuse, basée sur les connaissances scientifiques? Comment en est-on arrivé à une telle opération? On a défini des critères qui n’étaient pas homogènes d’une zone à l’autre. Pourquoi autant de permis? La deuxième phase aura-t-elle lieu en 2026? Ce n’est pas obligatoire, que ce soit l’an prochain. Je dis qu’il est irréaliste de penser à une deuxième phase en 2026!» assure-t-il.

«Les données scientifiques de la zone exploratoire 19 n’existent pas. Il n’y a eu qu’une pêche scientifique (expérimentale) menée par quatre pêcheurs de Tartigou à La Martre. Il n’y a pas de comité consultatif sur le homard depuis 2022. En 2025, le gouvernement Carney a transféré à la Défense nationale les immobilisations de Pêches et Océans Canada. L’évaluation du stock amorcée en 2024 avec le nouveau bateau muni d’une drague n’a pas été faite en 2025. L’équipe du ministère devait revenir en 2025 et ajouter Gaspé-Nord cette année. Ce n’est pas fait! On n’a pas de données probantes. Le bateau est brisé et il appartient à la Défense nationale. S’il n’y a pas de relevé, comment émettre une directive concernant une pêche exploratoire?» demande M. Cloutier.

Bien qu’il soit favorable aux permis accordés aux autochtones, il s’inquiète de l’absence de données scientifiques ayant mené à la dévolution de 51 permis exploratoires dans la zone 19, quels que soient les bénéficiaires de ces permis, et au fait que le nombre de casiers accordés aux autochtones de Listuguj ait atteint 235 par permis, l’équivalent d’une licence commerciale.

«Tout ce qui est donné aux bandes autochtones devient permis commercial. Il n’y a pas de retour en arrière. Listuguj a demandé des permis de homard à la suite de l’effondrement du stock de crevette, et c’est ça qui a conditionné les décisions de la ministre (Diane Lebouthillier) pour une émission de permis exploratoires aussi importante, sans données scientifiques», conclut M. Cloutier.

LA GASPÉSIE – pages 6 et 7 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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