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Un projet d’échanges culturels en matière de chasse aux phoques gris pointe à l’horizon entre les Îles-de-la-Madeleine et la communauté inuite d’Ottawa

Un projet d’échanges culturels en matière de chasse aux phoques gris, entre les Îles-de-la-Madeleine et la communauté inuit d’Ottawa, est à prendre forme. Ses promoteurs sont les artistes, chasseurs et amis Yoanis Menge et Ruben Komangapik. Ils en ont eu l’idée dans le cadre d’une partie de chasse de terre, organisée à la fin septembre dans l’archipel, pour le plaisir de se revoir et de prendre l’air après le confinement imposé par la pandémie de COVID-19. Ils ont alors décidé de faire parvenir les 700 livres de viande récoltée au Tungasuvvingat Inuit (TI), une organisation basée dans la capitale nationale qui offre des services urbains de première ligne spécifiques aux Inuits.  

M. Komangapik y voit avant tout une contribution pour combattre l’insécurité alimentaire qui afflige sa communauté. «Il y a 6 000 Inuits dans la seule région d’Ottawa, souligne-t-il. Pour l’instant nous nous concentrons sur cette région, parce qu’il y a aussi de l’insécurité alimentaire à Pond Inlet, d’où je viens, mais ça coûte trop cher de l’exporter là-bas; nous n’en sommes pas encore là, mais c’est notre but ultime.»

Le projet est non seulement appuyé par le TI, il a aussi reçu une contribution de 2 000 $ de l’Isaruit Inuit Arts, un centre qui fait la promotion de la langue et de la culture inuites et qui favorise le développement artistique et personnel de ses participants. La peau des phoques abattus dans l’archipel y sera notamment tannée et transformée, explique Ruben Komangapik. «Tout ce que nous prélevons, ils vont l’utiliser pour apprendre à enlever le gras de sur la peau, comment découper la viande pour la cuisiner à leur goût, comment tanner les peaux, coudre les vêtements et ainsi de suite. Nous sommes déjà dans l’action!»

PAS DE GASPILLAGE

Yoanis Menge suggère pour sa part que les Madelinots peuvent quant à eux s’inspirer des méthodes de récolte des Inuits, qui sont pratiquement exemptes de pertes. De chaque bête, ils recueillent tant la tête que le cerveau, les yeux, la langue, le cœur, le foie, les reins et les intestins, relève-t-il. «Seuls les organes génitaux, l’anus et l’estomac sont rejetés à la mer, illustre le chasseur. Ici, aux Îles, on ne garde principalement que les filets, les méniches et les côtes. Tout le reste, le bas du corps et les cuisses incluses, est perdu parce qu’il n’y a pas de marché.»

M. Yenge fait valoir qu’il y a plein de découvertes culinaires à faire avec le loup-marin. Lors de la visite de son ami Ruben, il dit s’être délecté d’un plat à base de viande, de bouillon de poulet et de morceaux d’intestins qui, une fois nettoyés et cuits, ressemblent à du macaroni. En ce qui concerne l’œil de phoque, une fois ouvert, il se déguste comme une huître, raconte M. Yenge. «C’est très intéressant, affirme le photographe professionnel. Tout est à inventer. Il faut chasser le phoque gris parce qu’il pose un problème écologique immense – on sait qu’il est responsable du non rétablissement de la morue – mais, par-dessus tout, il est très délicieux!»

Cela dit, Ruben Komangapik se garde bien de critiquer les habitudes de récolte des chasseurs de phoque de l’archipel. «Tout ce qui est rejeté à la mer nourrit les poissons, qui nourrissent les phoques, qui nous nourrissent à leur tour, fait-il remarquer. Je respecte tout ce que vos gens font; ce que font les Madelinots est correct parce que ça nourrit l’océan. Tout est recyclé.»

PROJET DE RÉCONCILIATION

Le projet d’échanges culturels entre les chasseurs de phoque des Îles et le peuple inuit se veut également un projet de réconciliation, exposent ses protagonistes. Ils lui ont d’ailleurs donné pour titre Reconseal, un jeu de mots anglophones pour le verbe réconcilier. «Les animalistes ont fait du tort aux deux communautés en les opposant l’une à l’autre, en faisant en sorte que les produits de la chasse d’ici étaient boycottés en Europe, tandis que les leurs ont continué d’y être exportés, déplore Yoanis Menge. Certains Inuits ont jusqu’à été pris au piège de la désinformation, et ont perçu les Madelinots comme des barbares qui portaient atteinte à la réputation des chasseurs.»

«Les animalistes ont tout fait en leur pouvoir pour nous diviser; nos deux cultures étaient dans un vraiment gros pétrin quand ils ont commencé à protester contre nous, renchérit M. Komangapik. Mais aujourd’hui, nos deux cultures travaillent ensemble pour réparer ce problème que les animalistes ont engendré.»

Reste à voir l’ampleur que prendra cette nouvelle chasse aux phoques gris. «On commence par une chasse de subsistance et elle pourrait rapidement avoir des allures de chasse commerciale, au fur et à mesure qu’on mettra en place toute la chaine de conservation, de transport et d’entreposage, énumère Yoanis Menge. C’est beaucoup de logistique!»

APPUIS

Pour sa part, le directeur de l’Association des chasseurs de phoque intra-Québec, Gil Thériault, se déclare «totalement en accord avec la philosophie du projet». «Le diable est souvent dans les détails, dit-il, mais nous ne voyons aucun potentiel irritant majeur. Et ça fait d’ailleurs des années qu’on veut collaborer avec les Inuits au développement de la chasse aux loups-marins; les Madelinots ont plus d’affinités avec leurs pratiques artisanales de chasse, à petite échelle, qu’avec la grosse chasse industrielle de Terre-Neuve.»

De son côté, Réjean Vigneau, chasseur et copropriétaire de la Boucherie Côte à Côte de Cap-aux-Meules dont la spécialité est la viande de loup-marin, admet que le projet Reconseal est louable et qu’il pourrait y collaborer. «L’Abattoir des Îles est le seul édifice certifié par le MAPAQ (Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec) qui a un «passer outre» pour le traitement de la viande de phoque, fait-il valoir. Et nous pourrions sauver certaines parties de l’animal qui pourraient satisfaire les Inuits; ça serait réalisable. Et peut-être même qu’ils pourraient eux-mêmes avoir un espace ici pour travailler le phoque.»

À ce propos, Yoanis Menge précise que Reconseal Inuksiuti est une compagnie officiellement incorporée auprès du gouvernement fédéral. «Nous bénéficions des services d’un conseiller en démarrage d’entreprise et nous sommes présentement en démarches pour déterminer quelles sont les normes entourant l’abattage et le traitement de la viande qui s’appliquent à une compagnie inuite.»

«Au moment où on se parle, nous n’avons que du positif, conclut M. Komangapik, parce que nous travaillons avec notre cœur et notre âme. Toutes les planètes et les étoiles sont alignées pour que nous réalisions notre rêve!»

REPÈRE – page 42 – Volume 34,5 Décembre 2021-Janvier 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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