jeudi, avril 17, 2025
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Une industrie des pêches très fortement dépendante du homard et du crabe des neiges

Le secteur des pêches, principal pilier économique des Îles-de-la-Madeleine, est toujours fragilisé par sa très forte dépendance aux ressources homard et crabe des neiges. À elles seules, ces dernières ont compté pour 91 % des volumes et 97 % de la valeur des débarquements globaux de 2024, selon les données préliminaires du ministère des Pêches et des Océans (MPO).

C’est ce qui est ressorti du traditionnel Rendez-vous annuel de l’industrie de la pêche et de la mariculture organisé par la Communauté maritime des Îles en décembre dernier. Plus de 120 personnes, dont une vingtaine de jeunes de la relève inscrits au programme d’études en pêche professionnelle, ont participé à sa 16e édition afin de dresser les constats, bilans et avancées du secteur.

«Tout le monde peut être très fier d’être associé d’une façon ou d’une autre à ce noble secteur d’activité, a déclaré d’entrée de jeu le maire Antonin Valiquette, dans son discours d’ouverture. […] Et si le secteur est si important pour notre milieu insulaire, ça souligne l’importance que ses acteurs se rassemblent et travaillent ensemble. Les défis, les enjeux sont nombreux et c’est important qu’on parle d’une même voix, autant que faire se peut, pour s’assurer que le développement se fasse dans le bon sens et ce, pour la prospérité de toute l’industrie, mais aussi de l’ensemble de la communauté des Îles.»

La Communauté maritime a d’ailleurs mandaté le Comité sectoriel de main-d’œuvre des pêches maritimes (CSMOPM) de revoir le fonctionnement de la Table pêche et mariculture, chargée de la concertation du secteur. Elle a aussi profité du Rendez-vous annuel de l’industrie pour la consulter sur ses priorités en vue du renouvellement du projet de territoire  Horizon 2035, qui définira les objectifs et pistes d’action à déployer collectivement au cours de la prochaine décennie.

À ce propos, le président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCÎ), Charles Poirier, a notamment fait valoir que son organisation s’est dotée d’une équipe scientifique pour trouver des solutions aux enjeux environnementaux qui menacent la pérennité des pêcheries. «Nous misons sur une collaboration étroite entre le RPPCÎ et le MPO sur nos projets scientifiques», a-t-il souligné, tout en se félicitant des bons rapports établis en ce sens ces dernières années.

Cela dit, M. Poirier a surtout insisté sur l’importance économique de saines relations entre l’Office des pêcheurs de homard des Îles (OPHÎM) et l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) représentant les acheteurs. Chargés de négocier les prix payés à quai en vertu du Plan conjoint du homard des Îles et de collaborer à une mise en marché ordonnée du produit, les parties sont plutôt à couteaux tirés depuis l’automne dernier parce que les acheteurs se sentent menacés par l’émission d’un permis d’acquéreur à la nouvelle Coopérative des pêcheurs des Îles (Pêche Impact, décembre 2024).

«Il faut absolument que ces deux parties-là travaillent conjointement pour les intérêts économiques des Îles-de-la-Madeleine, affirme le président du RPPCÎ. Parce que si on continue à se fighter entre les deux, ce ne sera pas gagnant pour personne. […] On a le meilleur homard au monde! Alors le jour que l’AQIP et l’Office vont se parler comme il faut, pour développer les marchés et aller chercher de meil-leurs prix, c’est toute la communauté des Îles et même le Québec qui vont en profiter.»

Résilience

Autrement, les activités de pêche et de mariculture des Îles-de-la-Madeleine, qui ont généré respectivement des captures d’une valeur à quai de 137 M$ et des ventes de près de 3 M$, sont sans contredit une grande source de fierté dans l’archipel, tel que l’a si judicieusement relevé le maire Valiquette dans son mot d’ouverture du Rendez-vous annuel. Ce fort sentiment d’accomplissement et de dignité ressort notamment du rapport préliminaire de l’étude intitulée Changements climatiques et santé mentale des pêcheurs et pêcheuses, que la docteure Isabelle Goupil-Sormany a mené simultanément aux Îles-de-la-Madeleine et en Gaspésie sous l’appellation initiale de Projet Résilience (Pêche Impact, juin 2024).

La professeure-chercheure en santé publique à l’Université Laval démontre que les pêcheurs madelinots sont certes préoccupés par les impacts des changements climatiques sur leur gagne-pain, mais que ce sont principalement les contraintes psychosociales et financières, de même que les enjeux d’accès à la ressource qui les affectent davantage. «Un petit coup de main pour simplifier la gestion, avoir des modalités plus souples, pouvoir prévoir les transferts intergénérationnels sans que ce soit un endettement; bref, considérer comment offrir les bonnes conditions pour rendre ça plus serein pour tout le monde, ça permettrait de maintenir la fierté dans le milieu. Parce qu’honnêtement, ils aiment leur métier», résume Mme Goupil-Sormany qui note aussi «une belle ouverture» du MPO à modifier ses procédures «tranquillement pas vite».

Pour sa part, le RPPCÎ a présenté les grandes lignes de ses propres travaux de recherche qui contribuent à la résilience de ses membres face aux changements climatiques (voir texte pages 24 et 25). Le directeur de secteur du MPO, Cédric Arseneau, a quant à lui fait un exposé sur les travaux en cours et à venir dans les différents ports de pêche du territoire, pour lesquels son ministère injecte 42 M$ sur trois ans. Ils incluent l’allongement de l’enrochement pour sécuriser le quai  de Pointe-aux-Loups contre l’érosion, le  rehaussement du quai Coop de L’Étang-du-Nord pour l’adapter à l’élévation du niveau de la mer, de même que la réparation du quai 404 de Grande-Entrée suite à l’incendie survenu en juillet.

De leur côté, les sept administrations portuaires des Îles ont présenté leur nouveau coordonnateur en la personne de Jean-Yves Lebreux, ex-greffier municipal. Son mandat de soutien technique et administratif l’amène, entre autres, à revoir les règles et politiques de gestion de chacun des ports pour petits bateaux, afin de les uniformiser. M. Lebreux signale notamment que, dans la foulée de l’incendie de Grande-Entrée où six bateaux ont été la proie des flammes l’été dernier, chaque utilisateur des havres de pêche devra désormais signer une entente d’amarrage obligatoirement accompagnée d’une preuve d’assurance en vigueur pour son embarcation.

De plus, Transports Canada et la CNESST ont chacun profité du Rendez-vous annuel de l’industrie de la pêche et de la mariculture pour faire une présentation sur les responsabilités et obligations des capitaines propriétaires en matière de sécurité à bord de leur navire.

L’événement a aussi été l’occasion pour le CSMOPM de présenter une synthèse de son plus récent diagnostic sectoriel en matière de main d’œuvre. Sa directrice générale Marjorie Chrétien a parlé de «pénurie criante» pour les postes non spécialisés en usine et à bord des bateaux. Elle recommande aux employeurs de miser sur les formations en développement des compétences qu’offre son organisation parmi une panoplie d’outils de soutien à l’industrie. «Il est prouvé qu’un employé formé est beaucoup plus productif et s’adapte beaucoup plus facilement aux changements qui s’opèrent actuellement», fait-elle valoir. Le Diagnostic sectoriel dans l’industrie des pêches au Québec 2024 est disponible sur le site du CSMOP à l’adresse https://www.pechesmaritimes.org/boutique/publications/etude-et-diagnostics-sectoriels/diagnostic-sectoriel-dans-lindustrie-des-peches-au-quebec/.

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 28 – Volume 38,1 Février-Mars-Avril 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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