En 2025, les pêcheurs commerciaux du Québec ont débarqué un volume de prises légèrement supérieur à celui de 2024, en vertu de livraisons de 41 876 tonnes métriques, pour des revenus de 492,7 millions $, dans ce cas une hausse majeure.
En 2024, les revenus s’étaient établis à 376 millions $ (M$). La hausse importante des revenus attribuables aux débarquements de homard et de crabe des neiges explique ce bond de près de 117 M$ en 2025, en termes nominaux.
La valeur du homard livré dans les quais québécois a atteint 298 M$ en 2025, comparativement à 230 M$ en 2024. Quant aux débarquements de crabe des neiges, ils se sont établis à 155 M$, un redressement important, comparativement aux 111 M$ de 2024.
Ces deux espèces expliquent pratiquement à elles seules la hausse de 117 M$ de la valeur des débarquements entre 2024 et 2025, puisqu’elles accaparent 112 M$ de cette augmentation. Les données de 2025 sont encore préliminaires, considérant que certains débarquements restent à enregistrer, notamment dans le domaine de la crevette. Elles incluent pour la première fois les prises hors-Québec des pêcheurs, 2 252 tonnes valant 9,1 M$.
Le homard poursuit sa lancée
L’économiste Simon Desrochers, du ministère fédéral des Pêches et des Océans (MPO), signale à la lumière de ces données que le homard occupe pour une sixième année de suite la position de tête en valeur, parmi toutes les espèces débarquées au Québec.
«En fait, le homard est l’espèce la plus importante en termes de valeur et de volume», note-t-il. En 2024, le homard et le crabe des neiges étaient arrivés ex aequo avec 35 % chacun de part de volume.
«Quand on regarde les parts de volume, il est intéressant de constater qu’en 2016, les deux espèces les plus importantes représentaient 50 % du total des prises», ajoute M. Desrochers.
Ces 70 % de volume combiné ont légèrement fléchi en 2025, à 69 %. Par contre, la valeur de ces prises de homard et de crabe des neiges est passée de 90 à 91 % des revenus totaux des pêches commerciales québécoises. C’est un degré de concentration record depuis que Pêches et Océans Canada tient des statistiques précises, en 1984.
«Pour le volume total, si on regarde la tendance sur 10 ans, 2025 a été une meilleure année que 2024, mais ça reste quand même inférieur à la moyenne de 51 800 tonnes métriques de la période 2016-2025. On connaît l’histoire; les débarquements de crevette ont fléchi au cours de la décennie. Ils atteignent 2111 tonnes cette année. C’est un peu mieux qu’en 2024, mais ils atteignaient 30 745 tonnes en 2016. C’est la raison pour laquelle c’est (le volume total de prises québécoises) plus faible que la moyenne», souligne Simon Desrochers.
Les prises de homard ont atteint 17 505 tonnes métriques en 2025, soit 41,8 % du volume de prises. En 2016, la crevette représentait 43,9 % des prises totales liées aux pêches commerciales québécoises.
«Maintenant, c’est le homard qui a remplacé la crevette comme espèce arrivant en tête pour le volume de prises», mentionne l’économiste.
Comme économiste, Simon Desrochers précise qu’au-delà des montants nominaux, il est préférable de toujours garder en tête les montants en dollars actualisés, qui tiennent compte de l’inflation.
«Quand on regarde l’ensemble du Québec, en dollars réels (actualisés), de 2016 à 2024, on arrive à une moyenne de 475 M$, si on exclut 2020, la pire année de la pandémie. En dollars nominaux, les 493 M$ de cette année, c’est un record en dollars nominaux, mais pas en dollars réels. C’est en 2017 qu’on a vu le record officiel en dollars réels, avec 585 M$», analyse l’économiste.
Tous les secteurs du Québec maritime bien servis par le homard
Par secteur maritime, c’est en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, que la hausse des revenus a été la plus forte en 2025, en vertu d’un bond de 50,1 %. Cette augmentation a essentiellement été alimentée par des bonds dans les prix payés au débarquement, puisque les volumes n’ont augmenté que de 6,47 %, passant de 15 553 à 16 559 tonnes métriques.
«En Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, on observe une tendance baissière dans le volume des prises, puisque la moyenne des 10 dernières années se situe à 23 900 tonnes. Les prises de 2025 sont donc sous la moyenne par 30 %, mais elles sont légèrement en hausse par rapport à 2024. Le creux a peut-être été atteint en 2024», souligne Simon Desrochers.
Le homard a fortement alimenté des débarquements de 221,6 M$, près de 76 M$ de plus qu’en 2024, des données encore préliminaires, rappelons-le. À noter aussi que la valeur des débarquements globaux au Bas-Saint-Laurent s’établit à 24,3 M$, soit environ 11 % du total des deux régions.
À lui seul, le homard a contribué pour 48 M$ à la hausse de la valeur des prises dans les deux régions, alors que le crabe des neiges y a ajouté 23 M$.
La Côte-Nord, de la Haute-Moyenne à la Basse-Côte-Nord, les revenus ont aussi connu une grande croissance entre 2024 et 2025, en vertu d’un bond de 40,6 %, puisqu’ils sont passés de 77 M$ à 108,3 M$, alors que les débarquements totaux ont été pratiquement les mêmes, 12 556 tonnes métriques en 2024 comparativement à 12 554 en 2025, deux tonnes de moins.
«Pour les volumes, on est revenus dans les niveaux de 2017-2018, aidés par les permis de homard. C’est un peu comme la Gaspésie : on voit une reprise pour la valeur, pour ceux qui ont des permis de homard», explique Simon Desrochers.
La hausse des revenus totaux a été plus modérée aux Îles-de-la-Madeleine, notamment parce que les volumes de homard ont connu un fléchissement, un premier en quatre ans. Les recettes, toutes espèces confondues, ont quand même atteint 154 M$, comparativement à 139 M$ en 2024.
«Aux Îles, la situation globale a été similaire, donc supérieure à la moyenne des deux dernières années, en raison d’une hausse du prix du homard. Le pétoncle a aussi contribué», précise Simon Desrochers.
Les revenus associés aux débarquements de homard sont passés de 117 à 122 M$, même si les quantités ont fléchi de 7 490 à 7 145 tonnes métriques, une chute de 345 tonnes, ou 4,6 %. Pour toutes les espèces, le volume a fléchi de 10 861 à 10 538 tonnes métriques, soit 3 %, une baisse alimentée entièrement par la diminution des captures de homard.
Dans les poissons de fond, 2025 a été caractérisée par une hausse des volumes et des revenus. Les prises sont passées de 1 728 à 1 929 tonnes métriques, pour une valeur de 12,9 M$, comparativement à 12 M$ en 2024.
Les mollusques et échinodermes ont suivi un parcours inverse, les prises diminuant nettement, de 3 773 à 2 757 tonnes métriques, alors que les revenus ont baissé un peu moins, toutes proportions gardées, de 11,9 à 10,5 M$.
ÉCONOMIE – page 7 – Volume 38,4 Décembre 2026 – Janvier 2026

























