Ce n’est plus un secret pour personne, l’économie de l’industrie de la capture au Québec maritime repose principalement sur deux secteurs d’activité, soit celui pour le homard et l’autre pour le crabe des neiges. L’année 2025 n’aura pas fait exception à cette tendance observée depuis quelques années, mais aussi pour des raisons différentes dans le cas de ces deux flottilles de pêche.
Malgré la très forte incertitude économique qui prévalait en début de saison avec l’imposition ou non de tarifs douaniers, surtout de la part du gouvernement américain, nos deux moteurs économiques de nos régions maritimes ont très bien performé du printemps jusqu’au milieu de l’été, c’est-à-dire, du début jusqu’à la fin de leur saison de pêche respective.
Notre dossier économique annuel préparé par notre journaliste Gilles Gagné, que vous pouvez d’ailleurs lire dans les pages 7 à 10 de la présente édition, nous présente, encore une fois, des statistiques surprenantes et impressionnantes. Ce portrait global est analysé et commenté par des membres de l’équipe d’économistes du ministère fédéral des Pêches, Région du Québec, selon les données préliminaires disponibles à la mi-novembre.
En tête de liste, nous retiendrons d’abord que la valeur combinée des débarquements de homard et de crabe des neiges, toutes régions et zones de pêche confondues, compte maintenant pour 453 des 493 millions $ (M$) de l’ensemble des revenus globaux des pêcheurs québécois, toutes espèces comprises.
À elle seule, la valeur des prises de homard évaluée à 298 M$ lui permet de se maintenir au 1er rang en valeur pour une 6e année de suite. Un bond spectaculaire de 68 M$ comparativement à 2024, grâce, entre autres, à des hausses de prix au débarquement et à des captures globales en augmentation de 18,6 %. Le volume des prises et les revenus générés provenant de l’émission des nouveaux permis de pêche exploratoires du côté nord de la Gaspésie, à Anticosti et en Côte-Nord sont aussi loin d’être non négligeables.
En ce qui a trait à la valeur des captures de crabe des neiges, elle se chiffre à 155 M$, un autre bond spectaculaire de 44 M$ par rapport à l’année dernière. Cette hausse appréciable des revenus est survenue dans un contexte où les débarquements totaux ont chuté de 22 %, en raison de la baisse du total autorisé des captures dans plusieurs zones de pêche et de façon très marquée dans celle de la zone 12 du sud du golfe. Cette performance économique surprenante s’explique en très grande partie par des conditions de mise en marché très favorables du côté américain pendant toute la saison et, par ricochet, l’obtention d’excellents prix au débarquement.
De grosses décisions pour la ministre Joanne Thompson
Les premiers mois de 2026 obligeront la ministre fédérale des Pêches, Joanne Thompson, à statuer sur le sort qu’elle entend réserver à certaines pêcheries en vue de la prochaine saison.
Dans un premier temps, Mme Thompson devra se prononcer très rapidement si elle décide d’aller de l’avant avec l’introduction de la phase 2 pour l’émission de nouveaux permis de pêche exploratoires au homard dans la zone 19, soit du côté nord de la Gaspésie jusqu’au secteur de Rimouski, au Bas-Saint-Laurent. La phase 2 prévoit l’ajout de 17 permis additionnels, dont 12 pour les pêcheurs allochtones et 5 pour les communautés autochtones. En 2025, lors de la phase 1, un total de 22 nouveaux permis de pêche exploratoires avaient été émis et les résultats obtenus ont été jugés comme étant exceptionnellement bons, très bons et bons sur l’ensemble du territoire.
Dans un deuxième temps, la ministre Thompson devra trancher quant à savoir si elle maintient une pêche commerciale minimale au flétan du Groenland en 2025 alors que les niveaux des captures ont été désastreux ces dernières années, en raison de la disparition de la ressource des eaux de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Gageons que sa décision sera fortement influencée par l’analyse des données obtenues lors du dernier relevé scientifique multi-espèces réalisé par les gens de son ministère, l’été dernier. Il n’est donc pas impossible que cette pêche fasse l’objet d’un moratoire dès l’an prochain. Si jamais Joanne Thompson retenait cette option, souhaitons qu’elle puisse à tout le moins permettre une pêche indicatrice pour obtenir un minimum de données afin de bonifier celles provenant du relevé scientifique.
Dans un troisième temps, la titulaire des Pêches et des Océans devra également statuer sur le total autorisé des captures pour chacune des 4 zones de pêche à la crevette de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent en 2026. Est-ce que les meilleurs taux de capture réalisés par les crevettiers actifs l’été et l’automne derniers seront confirmés par les données du dernier relevé scientifique du MPO ? Le déclin de la crevette s’est-il enfin estompé ? Une légère amélioration de l’état de santé des stocks sera-t-elle suffisante pour augmenter le contingent global tel que souhaité par les principaux intéressés afin de garantir un seuil minimal de rentabilité des opérations ? À suivre.
ENTRE-NOUS – page 5 – Volume 38,4 Décembre 2026 – Janvier 2026

























