mercredi, décembre 17, 2025
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Le dernier budget fédéral exclut, pour le moment, la reconduction du Fonds des pêches du Québec

L’industrie québécoise de la pêche garde espoir de voir le Fonds des pêches du Québec (FPQ) renouvelé malgré l’absence d’indication en ce sens dans le budget fédéral 2025, adopté à la mi-novembre. Bien qu’elle reconnaisse elle-même la pertinence d’un tel fonds fédéral-provincial pour le soutien des projets d’innovation du secteur, la ministre des Pêches et des Océans (MPO) Johanne Thompson n’aura finalement pas su en convaincre son collègue des Finances, François-Philippe Champagne et ce, malgré les lettres de justification qu’elle avait invité le milieu à lui faire parvenir.

«Le Fonds des pêches est une ressource phénoménale pour tous les aspects de l’industrie. […] Mais sa reconduction relève d’une décision budgétaire», avait-elle déclaré à cet effet lors d’une séance d’information devant le Comité permanent des communes sur les pêches et les océans, tenue un mois plus tôt.

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) Donald Martel est lui-même prêt à reconduire la part financière québécoise de 30 % dans ce fonds, nous assure son cabinet. On ne nous précise cependant pas l’ampleur de la somme qu’il est prêt à y injecter, ni pour quelle durée. L’enveloppe initiale du FPQ lancé en 2019 était de 42,8 M$ sur 5 ans, période qui avait ensuite été prolongée jusqu’au 31 mars 2026.

«Je reviens d’une tournée en Gaspésie et tout le monde m’a parlé de l’importance du Fonds des pêches, que c’est un programme qui est très apprécié et qui permet à nos entreprises de pêches et de transformation de moderniser leurs équipements, ajoute-t-on dans une déclaration attribuée à M. Martel. Stéphane Ste-Croix [député de Gaspé et membre de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles] et moi allons rencontrer la ministre [Thompson] bientôt afin de nous assurer qu’on priorise le renouvellement du Fonds des Pêches.»

D’ailleurs, pour l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), il est pressant de délier les cordons de la bourse pour affronter les enjeux de guerre tarifaire américaine et de libéralisation du commerce interprovincial canadien. «Avec la levée des barrières commerciales entre les provinces, le Québec sera rapidement submergé par les géants des Maritimes et de la Colombie-Britannique, expose son directeur général Serge Fortin. Et donc, on croit que le contexte n’est vraiment pas propice aux coupures budgétaires. Il faut au contraire investir dans la modernisation de nos entreprises de capture et de transformation pour les rendre plus compétitives.»

Fortes attentes

Même son de cloche chez Fruits de mer Madeleine qui a vu trois de ses projets appuyés par le Fonds des pêches du Québec au cours de cette seule année 2025. «Chaque programme de subvention aide à la réalisation de projets à la hauteur de nos aspirations, indique James Derpak, dg de l’entreprise de transformation de L’Étang-du-Nord. On n’avancerait pas à la même échelle si le Fonds des pêches n’était pas là. Et donc j’espère qu’on va trouver du budget pour qu’on continue de nous supporter, parce que c’est essentiel de mettre à jour nos équipements et de suivre le niveau d’automatisation de l’industrie. On veut éviter d’embaucher toujours plus de travailleurs étrangers temporaires et on veut diversifier nos productions pour mieux répondre aux besoins du marché international.»

L’archipel madelinot a profité de près de 9M$ de la première mouture du FPQ, soit 27 % des subsides versés jusqu’à présent. Les projets gaspésiens, eux, ont obtenu près de la moitié des montants accordés pour un total de plus de 15 M$. «On se croisait les doigts pour que le Fonds soit reconduit parce que ça nous aide beaucoup, fait valoir Jean Côté, directeur scientifique du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG). En fait, on craignait plus que ce soit le MAPAQ qui ne suive pas. Et avec toutes les compressions qui nous viennent de partout, ça va être compliqué de continuer à agir, avec des projets, pour garder notre industrie   en santé.» Le RPPSG a notamment reçu plus de 1,083 M$ de ce programme fédéral-provincial en appui à diverses initiatives, dont une consistant en l’installation d’un nouveau type de support à casiers à bord des bateaux de pêche au homard, permettant de travailler plus efficacement et de façon plus sécuritaire.

Pour sa part, le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI) a décroché plus de 1,8 M$ de subventions provenant du FPQ au fil des ans, pour ses projets scientifiques de suivi présaison, d’élevage et de marquage du homard, entre autres. Sa directrice générale, Léona Renaud, admet que le silence du budget Champagne sur son avenir soit à première vue inquiétant. «Mais on ose croire que Québec et Ottawa feront prochainement une annonce spécifique sur la reconduction du fonds, avance-t-elle. Et le temps presse. Si la nouvelle enveloppe doit être en place pour le mois d’avril, il ne faudrait pas qu’on nous annonce ça en février ou mars. Parce qu’on se retrouverait alors à perdre une saison à attendre des approbations et ça pourrait mettre en péril des projets.»

Maintenir la pression

L’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie (ACPG) mise également beaucoup sur le FPQ pour la continuité de ses propres travaux de recherche et développement. Cette organisation a notamment conçu un chalut semi-pélagique spécifiquement dédié à la pêche au sébaste grâce à ce fonds, ces dernières années. Et à l’instar de Mme Renaud, son dg Claudio Bernatchez est lui aussi d’avis que rien ne soit encore perdu, même si le budget fédéral reste muet sur son sort. «De ce que j’en comprends, il se pourrait qu’à travers les annonces qui ont été faites [par le ministre des Finances] qu’il puisse y avoir des précisions d’apportées quant au fonds des pêches dans les semaines ou les mois à venir. Alors, on garde espoir que le    gouvernement fédéral va en saisir toute l’importance et on espère en même temps que le gouvernement du Québec sera effectivement au rendez-vous», déclare-t-il.

Le député de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine- Listuguj et porte-parole du Bloc Québécois en matière de pêcheries, Alexis Deschênes, entend lui-même maintenir la pression sur la ministre des Pêches et des Océans jusqu’à ce qu’elle trouve le moyen de réinvestir dans le Fonds des pêches du Québec. «On aurait voulu que le gouvernement confirme son renouvellement dans le budget et on est déçu que ce ne soit pas fait. Mais ce qu’on me dit dans l’équipe de Mme Thompson, c’est que la décision n’est pas encore prise. Alors le travail qu’on entame, c’est de poursuivre les représentations pour s’assurer que dans les prochains mois, on trouve les fonds nécessaires, parce que c’est un investissement qui est trop structurant pour s’en passer», insiste l’élu bloquiste.

M. Deschênes vise aussi l’obtention d’une enveloppe fédérale protégée pour le Québec en vue de renforcer la diversification et la promotion des exportations des produits marins québécois, à l’image du programme Agri-marketing d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Le problème c’est que ce programme, dont l’enveloppe de 75 M$ sur cinq sera renouvelée à compter de l’an prochain, ne s’adresse qu’aux organisations sans but lucratif d’envergure nationale, au détriment de GÎMXPORT dont la clientèle se limite à la région des Îles et de la Gaspésie.

SCÈNE FÉDÉRALE – page 3 – Volume 38,4 Décembre 2026 – Janvier 2026

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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