Les crabiers québécois ont connu une saison acceptable en 2025, compte tenu des inquiétudes découlant des fortes baisses de contingent annoncées à la fin de l’hiver et au début du printemps. La baisse globale des débarquements de 21,9 % a été plus que contrebalancée par la hausse des prix, tant et si bien que les revenus consolidés ont connu une hausse de 36,64 % comparativement à ceux de 2024.
La baisse des contingents a été variable, selon les secteurs de capture, mais elle a été généralisée, qu’il s’agisse des Haute et Moyenne-Côte-Nord, de la Basse-Côte-Nord, de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, de même qu’aux Îles-de-la-Madeleine.
Parallèlement, les crabiers de tous ces secteurs ont bénéficié d’une hausse de revenus, à l’exception de ceux dépendant de prises hors Québec par des crabiers d’ici. Cette catégorie a représenté en 2025 environ 523 tonnes métriques et autour de 8 millions $ (M$) de l’ensemble des débarquements de l’espèce dans les usines québécoises. En 2024, ces données avaient atteint 1 368 tonnes et 12 M$.
Globalement, les prises de crabe des neiges par des crabiers québécois ont atteint 155 millions $ (M$) en 2025, une nette augmentation comparativement aux 111 M$ de 2024. Ce phénomène s’est réalisé même si les prises ont chuté de 14 736 à 11 505 métriques d’une année à l’autre. C’est 3 231 tonnes de moins.
Il y a eu des zones plus affectées que d’autres, signale l’économiste Simon Desrochers, du ministère fédéral des Pêches et des Océans.
«Le contingent s’est établi à moins 34 % dans la zone 12 (…) Une valeur totale de 155 M$, c’est mieux que les résultats de 2024, mais moins que la moyenne des 10 dernières années. Avant la saison, il y avait beaucoup de craintes à cause des tarifs américains. Le pire a été évité», aborde-t-il.
Plusieurs facteurs contribuant à l’obtention d’un meilleur prix ont avantagé les pêcheurs en 2025, malgré la forte réduction des contingents.
«Il y avait une absence d’inventaires de crabe congelé en début de saison. La pêche a été ouverte en Alaska, mais il n’y a pas eu d’impact sur le prix ici. Les taux de change ont aidé, en se maintenant de 1,45 $ à 1,38 $ (dollar canadien par dollar américain. Il y a eu une bonne différence de prix (obtenu par les pêcheurs, d’un secteur à l’autre). Il y a eu un écart de 2 $ la livre entre la Côte-Nord (d’une part), puis la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine (d’autre part). Pour la Gaspésie et les Îles, les crabiers ont commencé à pêcher au début d’avril, quand le taux de change était plus avantageux», explique M. Desrochers.
Les prises québécoises de 11 505 tonnes métriques constituaient assez nettement les plus modestes de la dernière décennie, loin des 21 794 tonnes de 2017, l’année des records. C’était également cette année-là que les revenus avaient grimpé à 234 M$, une donnée qui se traduirait par 296 M$ en dollars réels, à savoir en dollars de 2025, tenant compte de l’inflation.
La très dure année 2023 n’avait généré que des revenus consolidés de 89 M$ pour les crabiers québécois, les plus faibles de la dernière décennie, même si les contingents, fort généreux, avaient constitué les deuxièmes plus forts débarquements de l’horizon 2016-2025, à 16 820 tonnes métriques.
Par secteur
C’est sur la Côte-Nord que les diminutions de quotas ont généré le moins d’impact. Sur les Haute et Moyenne Côte-Nord, la diminution des prises s’est limitée à 2,5 %, alors que les captures sont passées de 3 469 à 3 382 tonnes métriques entre 2024 et 2025. Sur la Basse-Côte-Nord, l’impact s’est établi à 7,2 %, les prises passant de 1 472 à 1 366 tonnes métriques. Si on fusionne ces données pour couvrir de Tadoussac à Blanc-Sablon, la diminution des prises a atteint 4 %.
Sur le plan des revenus nord-côtiers, ceux des Haute et Moyenne-Côte-Nord sont passés de 26 M$ à 37 M$ entre 2024 et 2025, tandis que ceux de la Basse-Côte-Nord ont augmenté de 11 M$ à 15 M$. Si on les amalgame, la valeur des prises de crabe des neiges de Tadoussac à Blanc-Sablon a augmenté de 37 M$ à 52 M$, une hausse de 40,5 %.
Aux Îles-de-la-Madeleine, les baisses de contingent ont été plus fortes que sur la Côte-Nord, à 15 %, de 1 880 à 1 636 tonnes métriques, mais la hausse de revenus a aussi été plus prononcée, de 16 M$ à 26 M$, un bond de 10 M$.
En Gaspésie, la baisse des prises a atteint 29,7 %, le volume passant de 6 547 à 4 598 tonnes métriques. Les revenus ont tout de même augmenté d’un solide seuil de 46,8 %, puisqu’ils ont bondi de 47 M$ en 2024 à 69 M$ en 2025. Les données de la dernière saison demeurent temporaires.
Les prix ont équilibré la situation
Depuis des années, les prix du crabe des neiges sont de loin plus volatils que ceux du homard, par exemple, notamment en raison de fortes fluctuations de contingents et de l’influence du marché mondial. La tendance de 2023 à 2025 l’illustre avec éloquence.
En 2023, les transformateurs, devant gérer d’importants inventaires invendus de 2022, ont offert entre 2,25 $ et 2,35 $ la livre aux crabiers québécois, le plus faible prix de la dernière décennie.
En 2024, le prix est reparti vers le haut, et les crabiers de Tadoussac à Blanc-Sablon, du Bas-Saint-Laurent aux Îles-de-la-Madeleine en passant par la Gaspésie, ont touché de 3 $ à 3,75 $ la livre.
En 2025, le bond a été bien supérieur, en particulier en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, qui ont accès à la zone 12, la zone étalon, traditionnellement, sauf rares exceptions, porteuse du meilleur prix au Québec.
C’est ainsi que les Gaspésiens et Madelinots évoluant dans la zone 12, et c’est le cas de la grande majorité d’entre eux, ont obtenu un prix de 7 $ la livre.
Les zones 13, 14, 15, 16 et 16A, couvrant l’ensemble de la Côte-Nord, ont généré un prix bien inférieur, quoique plus élevé qu’en 2024. Ce prix s’est établi à 4,99 $ la livre dans 16A, 5,02 $ dans les zones 16 et 15, et 5,19 $ dans la zone 13.
Le prix a atteint une moyenne de 5,69 $ la livre dans la zone 17, couvrant le Bas-Saint-Laurent et une partie limitée de l’estuaire du Saint-Laurent touchant le nord de la Gaspésie.
ÉCONOMIE – page 9 – Volume 38,4 Décembre 2026 – Janvier 2026

























