samedi, décembre 13, 2025
AccueilNouvellesActualitésLe Comité permanent des pêches et des océans questionne le processus d’attribution...

Le Comité permanent des pêches et des océans questionne le processus d’attribution des permis exploratoires de pêche au homard au Québec

Le député bloquiste de Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine-Listuguj, Alexis Deschênes, reproche à l’ex-ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, d’avoir fait preuve de précipitation dans l’émission des permis exploratoires de pêche au homard dans les zones 17, 18 et 19, en 2024 et 2025. La question a été abordée le 25 septembre dernier, à Ottawa, lors d’une réunion du Comité permanent des pêches et des océans (FOPO) consacrée au processus d’attribution des droits de pêche.

Élu second vice-président de ce comité en juin, M. Deschênes explique qu’il a alors obtenu qu’une étude lancée l’an dernier, sur les barèmes utilisés par le MPO pour fixer les quotas de pêche au sébaste dans le Golfe, soit élargie aux permis exploratoires de pêche au homard des secteurs situés autour d’Anticosti, sur la Côte-Nord, de même qu’entre Rivière-au-Renard et Rimouski.

«Parce que dans les deux cas, ce qui nous intéresse, c’est le processus d’ouverture de nouvelles pêches, expose le porte-parole du Bloc Québécois en matière de pêcheries. Comment le ministère, l’ancienne ministre, ont-ils procédé avant d’ouvrir ces nouvelles pêches, et quels étaient les critères? L’étude sur le sébaste a été entamée, les témoins ont été entendus, mais puisque le rapport final n’était toujours pas prêt, j’ai demandé qu’on traite aussi de l’exemple des permis de pêche  exploratoire au homard pour qu’on ait une vision globale de la façon dont le ministère procède quand il ouvre une nouvelle pêche.»

Et, si le député de la région est si critique à l’endroit du MPO, c’est parce qu’il aurait fait fi de ses propres règles de gouvernance en la matière. M. Deschênes soutient qu’en vertu de la Politique sur les nouvelles pêches adoptée après la crise du poisson de fond en 1996, le ministère aurait d’abord dû initier une pêche expérimentale au homard dans les zones en développement, avant d’y émettre un total de 76 permis exploratoires. «En tout, ce sont 18 500 casiers sur 1 650 km de côte qui ont été ajoutés dans l’estuaire et le nord du golfe du Saint-Laurent, souligne-t-il. C’est beaucoup! Et, ce qu’on a appris au comité, c’est qu’il n’y avait aucun avis scientifique pour aller dans ce sens-là. Normalement, avec une approche de précaution, il faut commencer par une pêche expérimentale, avec une collecte de données scientifiques, pour faire état de la situation et s’assurer que les stocks sont capables d’encaisser l’effort de pêche.»

Questionnée à cet effet par les membres du FOPO, la directrice régionale de la gestion des pêches et de l’aquaculture pour le Québec, Maryse Lemire, a fait valoir que le MPO disposait de suffisamment de données pour passer directement à la pêche exploratoire. «On parle ici d’un projet d’acquisition de connaissance et de développement de la pêche au homard dans des zones qui sont déjà exploitées commercialement, dans une certaine mesure, et où les signaux d’abondance sont présents et en hausse. […] La Politique [sur les nouvelles pêches] permet de faire cela», a-t-elle affirmé, ajoutant que l’approche était prudente dans le sens où les permis ne sont émis que pour une année à la fois et que le ministère peut ajuster le tir à tout moment.

Décisions politiques

D’autre part, Alexis Deschênes se demande comment le ministère en est venu à accorder jusqu’à 55 % des nouveaux droits de pêche aux communautés autochtones de la Gaspésie alors qu’elles n’y représentent que 9 % de la population. Le député note que Mme Lemire a d’ailleurs reconnu que les Autochtones n’ont pas assez de main-d’œuvre pour pêcher leur homard et doivent recourir aux pêcheurs traditionnels, pourtant nombreux à être frustrés d’avoir été laissés pour compte. «On est tous d’accord pour la réconciliation, mais c’est très politique et arbitraire», dénonce-t-il.

Également au nombre des témoins interrogés lors de la séance du FOPO de la semaine dernière, le directeur principal de la Gestion des ressources halieutiques et des opérations du MPO, Todd Williams, a quant à lui, admis que l’attribution des permis de pêche exploratoire, tout comme le partage des allocations de pêche au sébaste, tenaient davantage de l’art que de la science. Le haut-fonctionnaire a aussi fait remarquer que de nouvelles considérations entrent en jeu par rapport à la situation d’il y a 25 ans, dont la réconciliation avec les Autochtones et la reconnaissance de leurs droits, justement.

«Et donc je dirais que le processus d’attribution est une science sociale et politique en même temps», a-t-il déclaré devant les membres du FOPO, tout en mentionnant que le MPO avait tenu de vastes consultations pour assurer la transparence des processus d’attribution. «Nous avons consulté la totalité des associations sur leurs souhaits en matière de quota, mais ce n’était pas mathématique. Nous n’avons évidemment pas accédé à toutes les requêtes. Nous avons essayé de trouver un équilibre», a exposé M. Williams.

Encore 11 témoins

Alexis Deschênes croit, pour sa part, que l’ex-ministre Lebouthillier a créé un dangereux précédent en agissant avec hâte, tant dans le partage des quotas de sébaste qu’avec l’émission des permis de pêche  exploratoire, et ce, à des fins électoralistes. «On sait qu’il y avait des pressions des Premières Nations; il y avait aussi les crevettiers qui passaient vraiment un mauvais quart d’heure avec la baisse des stocks; et il y avait l’échéance électorale [du 25 avril dernier] qui s’en venait. Alors ce que je pense que la ministre a précipité les choses pour toutes ces raisons. […] Elle a décidé de bousculer le processus pour faire plaisir à ses commettants.»

Cela dit, le député bloquiste de la région se garde bien d’être en mode règlement de compte contre celle qui fut son adversaire politique lors de l’élection générale du printemps 2025.  Il assure qu’il soulèverait les mêmes questions si les décisions avaient été prises par ses prédécesseures Joyce Murray ou Gail Shea. «L’ouverture de la pêche exploratoire au homard est l’événement le plus important de la dernière année dans le domaine des pêches, dit-il. Il y a beaucoup de gens, partout sur le territoire qui se posent des questions, qui sont mécontents, et on a promis de faire la lumière. C’est ce qu’on fait. On avance là-dedans pour essayer de comprendre ce qui s’est passé. Je ne me gênerai pas de dire ce que je constate pour épargner Mme Lebouthillier.»

Le FOPO entendra encore 11 témoins prochainement, afin de compléter son étude sur le processus d’attribution des permis exploratoires de pêche au homard. Alexis Deschênes a lui-même droit à la convocation de trois personnes. Il fera notamment entendre un représentant des pêcheurs de poissons pélagiques du sud de la Gaspésie qui estiment avoir été injustement écartés du tirage au sort organisé pour la sélection des participants au projet d’acquisition de données. «Tout le monde est d’accord qu’il y a plus de homard qu’avant. Mais il faut juste respecter la science et essayer d’avoir des critères objectifs, résume le bloquiste. Et donc, c’est sûr qu’en bout de piste on va proposer un processus qui est moins politique et plus rigoureux.»

Le Comité permanent des pêches prévoit déposer ses conclusions et recommandations à la Chambre des communes avant Noël. Conformément à l’article 109 du Règlement de l’institution parlementaire, le gouvernement Carney disposera ensuite de 120 jours pour y répondre de manière détaillée.

CONSULTATIONS – le 03 octobre 2025

300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Cain Lamarre
300 X 250 Desjardins
300 X 250 AssurExperts Clovis Morris
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 x 250 Trinav
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Polymos
300 X 250 Chantier naval Forillon
300 X 250 Techno Soude Marine
helene.fauteux@icloud.com'
Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
ARTICLES RELIÉS
- Annonceurs -
300 x 250 Trinav
300 X 250 Cain Lamarre
300 X 250 Chantier naval Forillon
300 X 250 Polymos
300 X 250 Desjardins
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 AssurExperts Clovis Morris

POPULAIRES