La production maricole des Îles-de-la-Madeleine était en légère baisse en 2016. Selon un bilan préliminaire du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), les ventes de moules, de pétoncles et d’huîtres des quatre entreprises du territoire sont passées de 300 à 275 tonnes.
Le biologiste François Bourque, conseiller en aquaculture à la direction régionale de Cap-aux-Meules, en attribue la cause à la prédation par les canards, dont les effets se font sentir sur plusieurs années. «Les deux dernières années (2014-2015) ont été quand même assez actives. Les entreprises ont rajouté des espèces, dont principalement l’huître, à leur permis maricole. Donc, on s’attend plus à ce que 2016-2017-2018 soient plus de consolidation, pour justement apprendre à travailler ces espèces-là.»
Le rendement, qualifié de très moyen, des approvisionnements en naissains de moules du bassin de Havre-Aubert figure également parmi les faits saillants de l’année 2016. Il est cependant difficile d’expliquer pourquoi, admet monsieur Bourque, puisque le MAPAQ a mis fin à son programme de monitoring maricole. «Merinov a des travaux, présentement, pour regarder dans les autres lagunes, baie de Plaisance, différentes stratégies d’approvisionnement, précise-t-il; un approvisionnement peut-être plus tardif, quitte à modifier les méthodes actuelles de mise en boudin qui se fait à l’automne. Peut-être reporter au printemps. En tout cas, il y a différentes stratégies qui sont à l’étude présentement.»
Notons également que La Moule du Large s’est portée acquéreuse des deux sites d’élevage de la mye dans la lagune de Havre-aux-Maisons, jusque-là propriété de PGS Noël. Son dirigeant, Christian Vigneau, en relancera les activités en 2017.
DÉFIS
D’autre part, la production d’algues à des fins industrielles pose plusieurs défis pour les mariculteurs madelinots, dont les entreprises génèrent une trentaine d’emplois directs. Les travaux de recherche et développement que mène Merinov depuis l’an dernier, dans le cadre du projet Optimal, démontrent que les algues laminaires poussent à une densité de deux à trois fois plus importante dans la baie de Plaisance qu’en Gaspésie. Cependant, la biologiste chargée de projet, Isabelle Gendron-Lemieux, explique que cette forte densité freine la croissance des plantules qui sont mises en élevage à l’automne. «Il faudrait s’assurer qu’on réduise peut-être la densité à la mise à l’eau en soi; donc sur les collecteurs, il y aurait peut-être ça à travailler, dit-elle. Ou, sinon, peut-être retourner juste avant la période de l’hiver, faire un élagage, un éclaircissement, avec des techniques qui sont employées ailleurs, par exemple.»
De plus, la croissance des algues laminaires reste faible aux Îles à cause d’un manque de luminosité à 10 mètres de la surface, une profondeur de plus de deux fois supérieure à la norme. Le mariculteur Christian Vigneau explique cette différence d’approche par la nécessité de protéger ses structures contre les glaces et le trafic maritime. Pour compenser, il tente de faire pousser ses algues vers le haut, sur des tiges, plutôt que vers le bas. «Pour voir qu’est-ce que ça va faire avec plus de lumière, fait-il valoir. On sait qu’on a de bons résultats de densité, mais il faut aller chercher de la qualité maintenant. Il faut aller chercher des grandes algues.»
Au moment de la récolte, en juillet dernier, les algues laminaires mises en élevage dans la baie de Plaisance l’automne précédent n’atteignaient qu’une longueur d’environ 75 centimètres, contre une normale de deux mètres. Il reste encore trois ans au projet de recherche et développement Optimal.
MARICULTURE – page 26 – Volume 30,1 – Février-Mars 2017