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Acquisition d’une nouvelle grue-portique : une priorité pour les utilisateurs au port de Cap-aux-Meules

Le développement du chantier naval Techn’Îles, spécialisé dans la soudure d’acier, est freiné parce qu’on tarde à remplacer la grue-portique du port de Cap-aux-Meules. Le capitaine du Jean-Mathieu, Denis Éloquin, veut notamment y faire réparer son navire de 65 pieds. Or, il devra se tourner vers la Gaspésie, l’été prochain, puisqu’on ne pourra toujours pas le sortir de l’eau dans l’archipel.

«Qu’on ait un chantier aux Îles-de-la-Madeleine qui soit capable de faire des réparations et de bâtir des bateaux neufs, ça ne fait pas de doute, souligne M. Éloquin. Ils l’ont prouvé. Mais, ce qui nous manque, c’est une grue. Le Jean-Mathieu, c’est une priorité. Le bateau a 30 ans et il travaille beaucoup. Il y a sûrement moyen de l’améliorer au niveau de la cale et du moteur si on veut le garder encore pour plusieurs années.»

Le directeur et copropriétaire de Techn’Îles, qui emploie 30 personnes, Daniel Bourque, précise qu’il faut au moins doubler la capacité de la grue-portique, actuellement limitée à 100 tonnes, pour étendre les services de son chantier naval à la flotte semi-hauturière du territoire. Le projet se fait attendre depuis déjà trois ans. «Chaque fois qu’on reporte le projet, ça   retarde le développement économique dans ce secteur aux Îles-de-la-Madeleine, déplore-t-il. Et puis, j’imagine que si on néglige le secteur économique des pêches dans ces envergures de bateaux-là, éventuellement, s’il y a une reprise de pêcherie qui se fait dans le golfe du Saint-Laurent, peut-être qu’on sera quelques années en arrière de nos confrères sur la grande terre!», souligne M. Bourque.

ANALYSE DU MAPAQ

De son côté, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) appelle les utilisateurs du port de Cap-aux-Meules, peu importe leur affiliation, à s’entendre sur les projets de développement économique liés à la grue-portique et à la cale de halage. Depuis l’été dernier, il a en main une étude de faisabilité technique et économique sur le remplacement de la grue et l’agrandissement de la cale de halage à une capacité de 200 tonnes. Or, le sous-ministre adjoint aux pêches et à l’aquaculture commerciales, Aziz Niang, reconnaît aujourd’hui le besoin pour une puissance de 300 tonnes, parce que les besoins ont évolué, dit-il.

Cependant, malgré des discussions tenues aux Îles-de-la-Madeleine, à la fin mars, avec l’Association des pêcheurs propriétaires (APPIM), propriétaire de la grue et de la cale, puis avec le Regroupement des utilisateurs du port, il n’a pas encore formulé de recommandation en ce sens au ministre Lessard. «On n’en est pas là     pour le moment, explique M. Niang. Les discussions se poursuivent entre les différentes parties, et si les intervenants souhaitent une grue de 300 tonnes, nous serons présents. Mais, c’est une décision d’abord des intervenants et ensuite le Ministère supportera un peu les différents intervenants dans leur projet.»

PROJET DE PLUS DE 10 M$

Le rapport, daté du mois d’août 2017, a été produit par la firme d’ingénieurs WSP. Il propose au MAPAQ deux options évaluées entre 9 et 10 millions $. Elles impliquent la démolition partielle ou entière de la cale de halage actuelle, dont certains éléments sont sévèrement érodés. Le but est d’allonger et d’élargir l’infrastructure pour y accueillir des navires de 26 mètres de long, de neuf mètres de large et d’un tirant d’eau de cinq mètres et demi.

WSP souligne également la nécessité d’un dragage du chenal de navigation, et de son entretien annuel, pour assurer l’accès à la cale de halage. Selon la firme d’ingénierie, il faudrait aussi construire une dalle de béton pour assurer la stabilité des assises de la grue mobile. De plus, WSP recommande de remplacer le remblai sableux du secteur par un remblai rocheux d’environ trois mètres de profondeur, pour supporter la manutention des embarcations par l’équipement de 200 tonnes.

Cependant, M. Niang admet qu’on pourrait économiser des coûts liés à la consolidation des sols de l’aire d’hivernement des bateaux si on limitait le transport de charges supérieures à sa capacité actuelle à l’espace entre le quai et le chantier naval Techn’Îles, afin de répondre aux besoins de sa clientèle. De cette façon, on continuerait de réserver le parc à bateau, également propriété de l’APPIM, aux navires de 100 tonnes et moins. «Il y a plusieurs possibilités qui sont sur la table, précise le sous-ministre. Est-ce qu’on renforce tout le centre de service? Est-ce que c’est juste une partie de tout cela? Donc, c’est pour ça que c’est important que les différents intervenants puissent s’asseoir et trouver un projet qui fasse consensus.»

PAS D’ÉCHÉANCIER

Selon WSP, les travaux dureraient entre 9 et 11 mois, selon l’option retenue. Leur coût exclut cependant l’achat d’une nouvelle grue mobile, évaluée à 1,5 à 2 millions$. Toutefois, Aziz Niang précise qu’on ne se fixe aucun échéancier dans ce dossier. Il indique néanmoins que Québec a déjà engagé des discussions avec le gouvernement fédéral, propriétaire du quai.

Pour sa part, l’APPIM n’a pas encore commenté l’étude de la firme d’ingénieurs. Elle voulait d’abord se concentrer sur les préparatifs de la pêche au homard, avec la mise à l’eau des navires qui ont passé l’hiver dans son parc de service. Elle fait aussi valoir que le rapport n’a été déposé que le 23 mars, et qu’elle veut prendre le temps d’en analyser les impacts avant d’y réagir.

DÉVELOPPEMENT – page 32 – Volume 31,2 – Avril-Mai 2018

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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