samedi, octobre 5, 2024
AccueilNouvellesActualitésMise en marché du homard en Gaspésie : bilan mitigé dans le...

Mise en marché du homard en Gaspésie : bilan mitigé dans le vivant, meilleur dans les produits transformés

Les acheteurs de homard de la Gaspésie ont vécu une saison satisfaisante sans plus, puisqu’elle a été caractérisée par des ventes relativement difficiles dans le marché des produits vivants, mais par de meilleurs résultats pour l’écoulement des produits congelés.

Bill Sheehan, vice-président de l’entreprise E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, le plus grand acheteur de homard de la péninsule, croit que les résultats de 2024 seront légèrement inférieurs à ceux de 2023, en parlant du volume de prises entrées à l’usine.

«Dans certains secteurs, ça risque d’être dans le «top 3» historique, mais ce n’est pas comme l’an passé, une année record. La météo était au rendez-vous en général. Il y a des secteurs qui n’ont pas perdu beaucoup de jours de pêche. Je remarque que ç’a été un peu plus dur dans la baie des Chaleurs», précise M. Sheehan.

L’approvisionnement de l’usine atteindra un volume total de 6 millions de livres en 2024, incluant des approvisionnements assez limités au Nouveau-Brunswick représentant moins de 10 % des entrées chez E. Gagnon et Fils.

«Il me reste juste Anticosti à entrer dans l’usine, ça et on achète un peu dans la zone 19, du côté nord de la Gaspésie», ajoute M. Sheehan.

Le prix payé aux homardiers s’est établi à 8,01 $ la livre lors de la dixième semaine de capture, ce qui devrait avoir fait passer le prix moyen de la saison un peu au-dessus des 7 $. La séquence de la première à la dixième semaine a été ponctuée des prix suivants: 8,13 $ deux fois, puis 7,22 $,  6,76 $, 6,36 $, 6,16 $, 6,30 $, 6,91 $,  7,69 $ et 8,01 $.

La moyenne pondérée devra attendre que tous les calculs aient été effectués, en fonction des derniers débarquements et des volumes hebdomadaires.

«Dans le congelé, les prix étaient bons au début pour le homard entier, la chair et les queues, ce qui représente 95 % (de la production). Il reste les émincés et c’est marginal comme production. Le marché était bon, mais il a baissé. Il nous reste un inventaire de queues et de homards entiers. J’ai gelé des «trailers» (remorques de camions) à un moment donné. J’étais content d’avoir l’entrepôt à Rivière-au-Renard. Dans la chair, ça a bien commencé, mais ça a fléchi un peu. Lors des deux dernières années, cinq-six usines ont fermé (dans les Maritimes). Quand il y a moins d’usines, ça fait cinq-six fois 50 000 livres qui ne trouvent pas preneurs chaque jour. Tout ça contribue à diminuer le prix. Tout le monde arrive aussi en même temps sur les marchés», analyse Bill Sheehan.

UNE PREMIÈRE EN 10 ANS

Il souscrit difficilement à l’hypothèse selon laquelle les homardiers auraient pu avoir un meilleur prix si les transformateurs avaient donné plus de poids aux bons prix reçus pour les produits transformés et moins aux homards vivants.

«C’est la première fois en presque 10 ans que cette situation se produit. On se base sur le prix du plan conjoint des Îles-de-la-Madeleine, qui a été avantageux pendant 7-8 ans pour les homardiers. Le prix (aux pêcheurs) est fait avec le prix du homard vivant. Les produits transformés ont été plus avantageux en milieu de saison», note M. Sheehan.

Les destinations des produits transformés ont été variées, en commençant par  les États-Unis «encore la grosse part du marché, puis l’Asie, où une nouvelle plaque tournante, Singapour, s’est développée, plus que la Chine. Les produits passant par Singapour se rendent jusqu’en Corée. Avec ce qui s’est passé à Hong Kong (qui est entré dans le giron de la Chine), les expatriés sont partis avec la «business» à Singapour», dit-il.

Quant au homard vivant, «ça se rend à une journée de camion, comme Boston et la Nouvelle-Angleterre et le marché du Canada jusqu’à Montréal, mais pas Toronto, et pas New York, pour les États-Unis», explique Bill Sheehan.

Il évalue que l’inflation n’a pas été un facteur déterminant dans l’écoulement modéré du homard vivant, «pas au prix où on est rendu, quand on pense aux prix du poulet, du bœuf. Le prix du homard vivant est très raisonnable si on le compare au «trio McDo» à près de 20 $.

L’industrie du homard doit maintenant s’adapter à l’émergence d’un nouveau joueur important, Terre-Neuve, fait-il remarquer.

«Dans le homard, l’industrie va se placer. Il y a eu tellement de homard, à Terre-Neuve, que cette année, les débarquements ont atteint 16 millions de livres après quatre semaines, alors qu’il y en avait eu 14 millions pour tout l’an passé», souligne-t-il.

Le taux de change a été avantageux en 2024. «Il est resté stable pendant la saison. On est bien contents d’avoir eu 1,36 $ canadien pour un dollar américain. Si le taux de change avait été à 1,10 $ comme en 2009, on aurait parlé d’un prix de 5 $ à 6 $ au pêcheur plutôt que les 7 $ de cette année. On parle souvent de la crise du homard de 2009. Je pense que c’était plus la crise du taux de change que la crise du homard.»

La firme E. Gagnon et Fils a embauché 400 travailleurs à la production en 2024, la moyenne des dernières années. D’importants volumes de crabe des neiges se juxtaposent au homard pour garder cette main-d’œuvre à l’emploi. Une centaine de Mexicains en faisaient partie cette année. En tout, l’entreprise emploie un peu plus de 600 personnes.

LELIÈVRE, LELIÈVRE ET LEMOIGNAN

Le 9 juillet, il restait à l’entreprise Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, aussi de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, la transformation de ce qui se trouvait dans ses viviers et les prises à venir d’Anticosti.

«Nous sommes rendus à 3,5 millions de livres d’entrées, si on inclut les prises achetées au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, aux Îles-de-la-Madeleine et à Terre-Neuve. C’est une première pour nous, d’acheter du homard à Terre-Neuve. C’est transporté par camion. Ils essaient d’organiser ça rapidement parce que c’est du vivant. C’est un peu plus long comme route mais s’il (le homard) a fait du vivier, il est renforci», explique le président de la compagnie, Roch Lelièvre.

En 2024, les homardiers gaspésiens ont livré 30 % du volume de cette compagnie, comparativement à 60 % par des pêcheurs néo-brunswickois et 10 % d’ailleurs.

Le marché du homard vivant a été éprouvant en 2024. «Le marché du vivant n’était pas là. Je ne sais pas s’il y en avait trop sur les marchés. Je dois dire que c’était très bon à Montréal et Québec, mais ailleurs, c’était très difficile. On vend en Chine et il passe par la Nouvelle-Écosse, d’où il se rend par avion en Chine», ajoute-t-il.

«Le prix a été un peu plus bas. J’ai l’impression, et c’est très personnel, que quand c’est venu à  20 $ la livre, l’hiver passé, pendant la pêche d’hiver en Nouvelle-Écosse, ç’a peut-être affecté le marché de la Chine. Si tu donnes 35 $ au distributeur une fois rendu là-bas, en comptant les frais de transport, et qu’il est rendu à 60 $ au restaurateur, la demande baisse. Si tes restaurants l’enlèvent du menu, il est difficile de le vendre», analyse Roch Lelièvre.

Conséquemment, une grande partie du volume de homard acheté par Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan est passé par la transformation.

«On a fait beaucoup de transformation, mais c’est un roulant normal. Ça se compare à 2023, sinon mieux, dans les produits transformés. Dans le vivant, c’est moins bon, excepté Montréal-Québec. En proportions, je dirais qu’on a vendu 500 000 livres (14 % à 15 % de l’approvisionnement de l’usine) dans le vivant et le reste est allé à la transformation. Nous envoyons beaucoup de produits en Europe, en Asie, puis au Québec et ailleurs au Canada. On a un bon inventaire de produits congelés, mais ça sort régulièrement. On pensait qu’on était à la remorque du vivant et c’est l’inverse. Même avec mes années d’expérience, je me trompe», précise avec humour M. Lelièvre, qui compte une quarantaine d’années à son crédit dans le milieu des pêches.

Il rappelle que l’inflation a toujours une incidence. «C’est quand même un produit haut de gamme. Le taux de change n’est pas mauvais pour nous. Il est très bon, à 1,36 $ (canadien par dollar américain). Il était à 1,22 $ l’an passé.»

Au sujet de l’insatisfaction de certains homardiers face au prix qui aurait pu être meilleur cette année s’il avait mieux reflété la réalité d’un marché de produits congelés plus vigoureux, Roch Lelièvre reste calme.

«On a une formule comptable tenant compte du prix des Îles-de-la-Madeleine. Des années, c’est avantageux pour les pêcheurs et des années, ils sont désavantagés. On ne peut changer de formule tous les ans. L’an passé on a été perdants et cette année, on est gagnants un peu», résume-t-il.

Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan emploie de 200 à 225 personnes dans la transformation, dont 80 Mexicains.

Il est plus que probable qu’il y aura une saison de transformation à l’automne à cette usine. «Ça prend 18 semaines pour qualifier  les travailleurs à l’assurance-emploi», note M. Lelièvre, qui profitera d’une saison de capture au sud du Nouveau-Brunswick pour assurer ses approvisionnements.

TRANSFORMATION – page 04 – Volume 37,3 Juin-Juillet-Août 2024

300 X 250 Desjardins
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Wajax MTU
300 X 250 Polymos
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Fonds régionaux de solidarité FTQ
300 X 250 Harnois Énergies
300 x 250 Trinav
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Marentrack
Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
ARTICLES RELIÉS
- Annonceurs -
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 Wajax MTU
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Polymos
300 X 250 Marentrack
300 X 250 Fonds régionaux de solidarité FTQ
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Desjardins
300 x 250 Trinav
300 X 250 Marindustriel

POPULAIRES