jeudi, mars 28, 2024
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Les conditions climatiques ont grandement affecté les taux de capture de homard, en ce début de saison

Les homardiers de la Gaspésie ont vécu une première semaine de capture relativement décevante, essentiellement en raison de conditions météorologiques difficiles. Plusieurs pêcheurs évoluant entre le secteur Penouille de Gaspé et Grande-Rivière ont perdu deux ou trois jours de capture entre le 25 avril, jour de mise à l’eau, et le 2 mai, premier jour de paie.

Les homardiers ont reçu 8 $ la livre pour les prises de la première semaine, un montant qui n’était pas calculé directement en fonction des prix payés sur les marchés, comme c’est le cas de l’équation déterminant le prix des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, où un plan conjoint de mise en marché est en vigueur.

Depuis quelques années, les homardiers gaspésiens reçoivent le même prix que les Madelinots, sauf pour la période au cours de laquelle la pêche est ouverte dans la péninsule mais pas dans l’archipel. En 2022, le démarrage de la saison des Gaspésiens est survenu 12 jours avant ce-lui des Madelinots.

O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie est lui-même homardier, souligne que les conditions climatiques ont été particulièrement difficiles ce printemps, incluant mars et tout le mois d’avril, dont la première semaine de capture.

DES JOURS DE PÊCHE PERDUS

«Les pêcheurs sont sortis cinq ou six jours (sur neuf), et sept dans la baie des Chaleurs, où les conditions ont été plus clémentes parce qu’il n’a pas neigé. Entre Grande-Rivière et Gaspé, il a neigé, jusqu’à 30 centimètres à Percé. On a perdu des journées ou on en a écourtées. L’eau est froide et le taux de capture est plus faible dans ces conditions. La turbidité de l’eau causée par le vent est un autre facteur qui fait baisser les prises», précise-t-il.

Rencontré à l’Anse-à-Brillant au premier matin de capture, le 26 avril, Travis Henry rapportait alors que ses prises de la matinée avaient tout au plus atteint la moitié de celles du premier jour de la saison 2021. «Il a venté très fort samedi, assez pour retarder de deux jours l’ouverture de la pêche. L’eau est brouillée et les prises ne sont jamais bonnes dans ce genre de conditions.»

À Newport, Guillaume Duguay appuie les observations de MM. Henry et Cloutier avec des données.

«L’an passé, à ma première pesée, j’avais débarqué autour de 1 100 livres. Cette année, ça varie entre 400 et 500 livres par jour. On pourrait dire que c’est moins de la moitié des prises de l’an passé après une semaine», dit M. Duguay, rappelant que les conditions climatiques avaient été nettement plus clémentes en 2021.

Roch Lelièvre, de la firme Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, a compilé des statistiques au sujet de la première semaine de capture de 2021 et de 2022.

«Les prises ont baissé de 70% lors de la première semaine par rapport à 2021», précise-t-il. Son entreprise achète les captures de 14 homardiers gaspésiens situés entre Cannes-de-Roches et Grande-Rivière.

PRIX À QUAI MOINS ÉLEVÉ QUE PRÉVU

En ce qui a trait au prix, les homardiers gaspésiens s’attendaient à un peu plus que 8 $ la livre en prévision de la saison, rappelle O’Neil Cloutier.

«C’est un prix un peu en bas de 8,35 $, le prix moyen de la saison 2021. Les prix étaient annoncés plus élevés avant la saison parce qu’il y avait peu d’abondance de chair de homard sur le marché et pas du tout de homard vivant. La communauté des pêcheurs comprend mal qu’il ne soit pas élevé, ce prix», dit M. Cloutier.

Il base notamment son raisonnement sur le fait qu’en entrant d’une à deux semaines sur les grands marchés de Montréal et de Québec avant le homard des Îles-de-la-Madeleine et celui du Nouveau-Brunswick, le crustacé gaspésien devrait profiter d’un prix légèrement supérieur en raison de l’effet de nouveauté.

Roch Lelièvre rappelle qu’il y a de la place pour l’espoir de satisfaire les pêcheurs, les acheteurs-transformateurs comme lui et les consommateurs. Le prix allait vraisemblablement s’établir de nouveau à 8 $ pour la seconde semaine de capture en Gaspésie, semaine culminant avec la Fête des mères, un sommet de consommation au Québec. Les premiers débarquements au Nouveau-Brunswick sont survenus le 4 mai mais ce homard prend quelques jours avant d’être distribué au Québec.

«L’an passé, le prix de départ était aussi de 8 $ la livre et la moyenne de la saison a atteint 8,35 $. Le prix peut donc monter au cours de la saison en Gaspésie. Le marché est bon mais beaucoup de gens sont frileux, à cause de ce qui se passe sur le marché du crabe. Je suis confiant si on ne fait pas peur au marché. Les acheteurs et les grossistes veulent avoir confiance en leurs produits. Ils veulent de la prévisibilité. Si les acheteurs savent que le prix va baisser, ils vont attendre. C’est valable dans le crabe, mais dans toutes les espèces. Je suis optimiste à date. Je me compare à l’an passé; je n’ai pas de boule de cristal mais l’an passé, le prix du homard n’est pas allé une fois en bas de 8 $. Il avait baissé en bas de 8 $ dans le plan conjoint des Îles-de-la-Madeleine et on l’avait maintenu à 8 $ aux pêcheurs», ajoute M. Lelièvre.

Le crabe des neiges a été pointé du doigt par les consommateurs québécois et les grossistes américains comme un produit vraiment cher entre le début de la saison dans l’estuaire du Saint-Laurent, à la fin de mars, et la fin d’avril. Même quand les grandes quantités de crabe des neiges ont atteint les marchés, à compter de la mi-avril, le prix est resté élevé pendant près de deux semaines.

MAUVAISE PRESSE

À la fois plus grand transformateur de crabe des neiges au Québec et plus grand acheteur de homard en Gaspésie, la firme E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, a pu voir l’effet de ces prix élevés sur l’éventuelle saison de homard, précise son vice-président, Bill Sheehan. Il concède que la couverture médiatique touchant le prix du crabe des neiges a poussé vers le bas le prix du homard.

«Absolument, toute la mauvaise presse faite autour du prix du crabe et un article sorti il y a deux semaines mentionnant «le homard aux pinces d’or» ont influencé les marchés. Ç’a fait peur aux consommateurs. On l’avait vécu dans le crabe. Le crabe n’était pas donné non plus, je l’avoue», explique M. Sheehan.

En ce qui a trait à la mise en marché, l’essentiel du homard gaspésien quitte la péninsule à l’état vivant et il est écoulé dans les poissonneries et les supermarchés québécois, qui le gardent en viviers ou qui le vendent cuit.

«Le homard vendu pendant les premières semaines de la saison n’est pas encore transformé, la demande pour le vivant est forte avant la Fête des mères et elle reste forte jusqu’à la Fête des pères. Les usines (de la Gaspésie, notamment) vont recevoir du homard du Nouveau-Brunswick et des autres Provinces maritimes, mais c’est du «canner», du petit homard et on ne les retrouve pas beaucoup sur le marché «live», du vivant, là où la Gaspésie est forte», précise Bill Sheehan.

«Le homard, on est capables de le garder dans des bassins. C’est un luxe qu’on ne peut pas avoir avec le crabe», ajoute-t-il, pour expliquer la flexibilité possible dans l’écoulement du produit vivant. E. Gagnon et Fils achète les prises d’une cinquantaine de homardiers gaspésiens.

L’entreprise a tissé de solides liens au fil des ans avec des chaînes de supermarchés et cette clientèle a changé graduellement la destination du homard vendu par E. Gagnon et Fils.

«La grosse majorité de nos ventes sont faites au Québec. On s’est assuré d’une forte présence sur le marché québécois, dans le vivant. On a travaillé sur la proximité avec Montréal et Québec, puis les consommateurs et les distributeurs nous supportent. Une commande arrive en après-midi, et il est à Québec le lendemain matin. Pour la période de la Fête des mères et la Fête des pères, c’est le marché québécois qui domine. Après, on vend dans le marché du vivant des États-Unis», précise Bill Sheehan, en faisant référence à l’intérêt grandissant pour le homard à l’approche de la Fête de l’indépendance américaine, le 4 juillet.

Du côté de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, les prises des 14 homardiers gaspésiens sont essentiellement vendues sur le marché des produits vivants et majoritairement au Québec.

«On achète aussi les prises de pas loin de 40 homardiers du Nouveau-Brunswick, surtout pour la transformation. Ce homard est plus petit, même s’ils ont augmenté leur mesure à 79 millimètres (au céphalothorax) l’an passé, et qu’ils la monteront à 81 millimètres en 2023», dit Roch Lelièvre.

Jusqu’en 2021, la taille légale au Nouveau-Brunswick s’établissait à 77 millimètres. En Gaspésie, elle se situe à 83 millimètres.

En 2021, les revenus des homardiers québécois ont totalisé 206 millions$. Les Madelinots ont livré des prises valant 104,8 M$, les Gaspésiens pour 86,7 M$ et les Nord-Côtiers pour 14,5 M$.

Ce sont 120 homardiers gaspésiens qui ont amorcé leur saison le 25 avril, alors que 36 autres détenteurs de permis l’ont commencé dans la semaine suivante. Un 157e détenteur de permis pêche l’automne, les autochtones de Listuguj.

LA GASPÉSIE – pages 2-3 – Volume 35,2 Avril-Mai 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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