jeudi, avril 25, 2024
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Fonds canadien pour les engins de pêche fantômes : 4 projets sont initiés au Québec maritime

Quatre des 26 projets financés par le Fonds canadien pour les engins de pêche fantômes ont été initiés au Québec, cette année. Ce fonds, découlant du Programme de contributions pour soutenir des solutions durables en matière de pêche et la récupération des engins de pêche, lancé au mois d’août 2019, est assorti d’une enveloppe de 8,3 millions $ sur deux ans. Selon les données du ministère des Pêches et des Océans (MPO), les filets de pêche et les engins de pêche commerciale perdus ou abandonnés, ainsi que les déchets de plastique provenant de l’aquaculture, comptent pour 46 à 70 % des plus de huit millions de tonnes métriques de plastique qui se retrouvent chaque année dans les océans de la planète.

Deux des projets retenus en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine s’inscrivent sous le thème récupération d’engins de pêche fantôme; le programme fédéral prônant aussi l’élimination responsable, l’acquisition ou le pilotage de technologies disponibles et le leadership international. L’entreprise maricole Les Cultures du Large, de Havre-aux-Maisons, vise plus particulièrement à récupérer les filières de captage de pétoncle laissées à l’abandon suite à la faillite de Culti-Mer, sur deux sites aquacoles à 20 km au large de l’archipel.          

Son dirigeant, Christian Vigneau, localise d’abord les structures avec un GPS et un échosondeur, puis les fait remonter à la surface avec un système de grappin et de couteau de sa fabrication. «Toutes ces filières-là sont ancrées avec des ancrages japonais, enfouis dans le sable, raconte   M. Vigneau. Alors, on a fait un coupe-câble, un instrument qui coupe ras au niveau du fond marin. Au besoin, on se sert de plongeurs, mais ça n’arrive pas souvent; très rarement, même.»

Le contrat de Cultures du Large pour la remise en état des deux sites aquacoles s’élève à        300 000 $. M. Vigneau prévoit que les opérations, qui ont débuté en juillet, seront complétées à la fin mars. «À date, on a nettoyé 75 % des sites. On travaille en continu dès que la météo est favorable. Une grande partie du matériel, une fois nettoyé et démêlé, est réutilisable; c’est au-delà de ce qu’on avait prévu. On parle de cordages, de bouées et de blocs de béton. Cependant, les anciens collecteurs de pétoncles vont directement au centre de gestion des matières résiduelles.»

Pour sa part, la Coopérative des Capitaines-propriétaires de la Gaspésie (ACPG), a obtenu un soutien de près de 410 000 $ pour la récupération d’engins de pêche sur certains fonds du nord et du sud du golfe du Saint-Laurent. Pour la première année du projet, elle s’est concentrée sur les engins de pêche au crabe des neiges de la zone 12 dont la perte a été signalée au MPO. Le directeur général de l’ACPG, Claudio Bernatchez, explique qu’on a fabriqué un système de drague sur roues, pour éviter d’abimer le fond marin, doté d’une tige principale sur laquelle cinq grappins sont accrochés par des chaînes d’acier. «On s’est inspiré d’un système développé par la Fundy North Fishermen’s Association, dit-il. Les grappins d’une envergure d’environ 8 pouces chacun ratissent le fond pour s’accrocher à tout engin de pêche perdu.»

M. Bernatchez précise que l’ACPG a ainsi récupéré une vingtaine de casiers en 30 jours d’opération, incluant les journées de déchargement à quai. «Certains des casiers repêchés entre la baie des Chaleurs et les Îles-de-la-Madeleine dataient des années 1980, souligne-t-il. Une caméra sous-marine nous permet, après coup, de voir comment se comportaient les grappins; nous n’avons manqué aucune des cages ciblées. Ça été un succès pour une première expérience!»

En 2021, l’ACPG se concentrera sur les zones 4RS où pêchent les crevettiers et pêcheurs de poisson de fond. «Notre objectif c’est de nettoyer les fonds marins et de prévenir les empêtrements des baleines dans les cordages, indique Claudio Bernatchez. Les engins récupérés sont retournés à leurs propriétaires si des étiquettes permettent de les identifier. Sinon, ils sont remis en circulation s’ils sont encore en bon état, ou bien dirigés soit vers la   ferraille ou le lieu d’enfouissement technique.»

De son côté, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG) basé à Chandler dispose de 69 000 $ par année pour la récupération des casiers à homard en broche qui remplacent de plus en plus les casiers traditionnels de bois. Alors que ces derniers sont brûlés en fin de vie utile, ceux en broche s’accumulent dans la nature un peu partout, remarque Jean Côté, directeur scientifique du Regroupement. Il calcule que de 10 à 15 % des 235 casiers dont disposent chacun des pêcheurs de sa région sont remplacés à chaque année. «On a un problème de déchet, un problème environnemental avec les casiers en broche, dit-il. Ce ne sont pas tous les centres de tri qui les acceptent et quand ils le font c’est à gros prix. L’idée c’est d’offrir une solution pour les récupérer et s’en débarrasser de façon écoresponsable.» 

Ainsi, selon la distance parcourue par les pêcheurs, le RPPSG leur accorde une somme variant de 30 $ à 90 $ pour chaque voyage d’au moins 30 casiers usagés. M. Côté rapporte que 32 pêcheurs lui ont ainsi livré un total de 6 096 cages, au cours de deux périodes de collecte en juillet et de la mi-août à la mi-septembre. «J’en espérais plus que ça, concède-t-il. Ceux qui ont plus d’une heure de route à faire étaient rares. Pour l’an prochain, on songe à louer un conteneur ou un fardier et à cibler les villages les plus reculés.»

 Le RPPSG a conclu une entente avec l’entreprise Sanitaire Duguay, également de Chandler, qui récupère le métal des vieux casiers de broche et l’expédie chez un ferrailleur du Bas-Saint-Laurent. «Quant au ciment, il est broyé et on peut lui trouver différents usages; il peut par exemple servir de matériel de remplissage, expose Jean Côté. Tout est détourné du centre d’enfouissement. Aussi, on espère qu’à la fin du projet, en 2022, les gens auront développé le réflexe d’éliminer leurs casiers de la bonne façon et qu’ils iront les porter directement chez Christian Duguay ou vers tout autre site de dépôt.»  

Enfin, notons que Merinov est le promoteur du 4e projet québécois d’élimination responsable des engins de pêche inutilisés, soutenu par le Fonds canadien pour les engins de pêche fantômes. Le centre intégré de recherche appliquée dans les domaines de la pêche et de l’aquaculture a d’abord commencé par dresser un inventaire des engins de pêche inutilisés, par le biais d’un sondage en ligne transmis aux pêcheurs cet automne. Cet inventaire servira au développement d’un circuit d’économie circulaire, incluant l’organisation du transport des engins vers les centres de tri québécois et l’optimisation des étapes de recyclage ou de transformation des matériaux.     

À cette fin, Merinov travaille en collaboration avec deux autres centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), dont COALIA de Therford Mines, spécialisé dans l’optimisation des procédés de transformation des matières plastiques. COALIA procède notamment à des analyses de  laboratoire pour déterminer la nature des molécules de plastiques présentes dans les différentes composantes des engins de pêche utilisés par les pêcheurs du Québec maritime. «En début d’année 2021, nous prévoyons avoir un portrait assez précis de la cartographie des engins de pêche en fin de vie utile, à savoir à quels endroits on les retrouve et en quelle quantité, expose Jérôme Laurent, chercheur industriel chez Merinov. Nous aurons aussi complété la caractérisation de leurs composantes de plastiques. Ces informations très pointues seront fournies à nos partenaires industriels en valorisation, qui pourront ensuite voir ce qu’ils peuvent en faire.»

Selon Jérôme Laurent, les résidus de plastique provenant des engins de pêche pourraient servir à la fabrication d’une foule de produits à valeur ajoutée, comme des matériaux de construction et des carburants. Restera à déterminer, d’ici le 31 mars 2022, si les volumes sont assez importants pour assurer la rentabilité des processus industriels de valorisation. Outre COALIA, l’Institut technologique de maintenance industrielle (ITMI) et le centre de tri Ressource Le Phare de Sept-Îles, ainsi que la Régie inter-municipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie et le centre de tri de Grande-Rivière, sont également associés aux travaux de Merinov.

ENVIRONNEMENT – pages 6-7 – Volume 33,5 Décembre 2020-Janvier 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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