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La pêche au homard devrait débuter le 21 avril et certains enjeux demeurent d’intérêt

La pêche du homard en Gaspésie sera vraisemblablement lancée le 21 avril, en milieu de semaine donc. La date a été décidée lors d’un vote tenu au début de février auprès des homardiers de la péninsule, en marge de la réunion annuelle de travail entre le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie et des représentants du ministère fédéral des Pêches et des Océans.

Cette ouverture s’appliquera aux zones 20A et 20B, qui s’étendent entre Gaspé et Bonaventure-Est. La capture s’ouvre généralement une semaine plus tard, parfois un peu plus, dans les zones 19 et 21, en raison des conditions climatiques plus rigoureuses en avril ou la présence de glaces sortant des rivières. Il y a 160 détenteurs de permis en Gaspésie, en incluant les autochtones.

«Certains pêcheurs voulaient amorcer la saison le 17 avril et d’autres le 24, deux samedis. Le vote des pêcheurs a été trop serré pour qu’on choisisse et on s’est entendu pour placer la date d’ouverture de la pêche en milieu de semaine», précise O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie.

Le secteur du homard en Gaspésie sort d’une année remarquable en ce qui a trait au volume de prises, en vertu d’un record de 2 963 tonnes métriques, en légère baisse de 54 tonnes par rapport au 3 027 tonnes de 2019. Toutefois, le prix a fléchi de 6,78 $ à 5,16 $ la livre, une chute de 23,9 %.

Les revenus totaux des homardiers ont atteint 33 636 000 $, en chute de 25,3 % par rapport aux 45 034 228 $ de 2019. Les données de 2020 demeurent préliminaires avant le rapport final de Pêches et Océans Canada et elles excluent, pour la Gaspésie, les 9,9 millions $ et 871 tonnes venant de l’Île d’Anticosti, même si ce volume aboutit généralement dans la péninsule.

«Les volumes ont été excellents. Les petites zones limitrophes ont performé, comme le secteur de Bonaventure à Carleton, et du côté nord de la Gaspésie. C’est spécial, ce qui se passe au nord de la péninsule. On dirait que la bonne santé du stock a des répercussions jusqu’à Anticosti. Les zones centrales aussi ont bien performé. Le secteur de Newport à Saint-Godefroi, incluant Port-Daniel et Gascons, a rapporté de 4 à 5 % plus de prises par rapport à 2019. On a une bonne masse de pêcheurs là. Dans 20A, de Gaspé à Chandler, on voit une baisse de 7,4 %, mais dans la zone 19, de Forillon, les prises ont augmenté de 14,5 %, ce qui est très bon. À Newport, on rapporte une hausse de 1,4 %, alors que dans 21, la diminution est légère, à 1,2 %. Il n’y a que six ou sept pêcheurs dans cette partie de la Baie-des-Chaleurs et les volumes sont quand même restés excellents», analyse O’Neil Cloutier.

BAISSE DE PRIX TROP ÉLEVÉE

Là où les choses vont moins bien pour les homardiers, c’est en ce qui concerne la baisse de prix, que M. Cloutier juge difficilement explicable, malgré le contexte découlant de la pandémie de COVID-19.

«C’est environ 1,60 $ la livre de différence. C’est un gros bouleversement en 2020. Selon ce qu’on a comme information, on s’aperçoit que pour les consommateurs, le prix a été le même qu’en 2019. Alors les partenaires de mise en marché ont récupéré 1,60 $ sur le dos des pêcheurs. On parle ici des transformateurs, des distributeurs, des grandes surfaces et des poissonneries. On a vu que les gens réclamaient l’identifiant du homard de la Gaspésie. C’est un contexte qui a soutenu la demande, et sans doute le prix. On croit qu’on aurait dû recevoir au moins 50 cents de plus la livre», analyse M. Cloutier.

«On a peu d’outils pour forcer la négociation. Je fais le constat pour mes membres. Mes membres font ce constat. Je peux dire qu’on a commencé les pourparlers l’an passé pour changer cette réalité», poursuit-il.

Depuis quelques années, le prix du homard en Gaspésie s’alignait en gros sur le prix reçu par les homardiers des Îles-de-la-Madeleine, où un plan conjoint de mise en marché assure les homardiers d’une fraction du prix du marché, fraction généralement déterminée par une équation comptable. Le contexte de la pandémie a manifestement compliqué le suivi entre les prix versés par les consommateurs et le prix revenant aux pêcheurs.

«Je pense que ça s’est joué en début de saison aux Îles-de-la-Madeleine. Ils ont tenté de vendre leur homard sur un marché fermé, celui du nord-est des États-Unis, où il n’y avait même pas de prix de référence, généralement diffusé par Urner Barry. Pendant qu’on recevait 4,50 $ la livre en Gaspésie, les homardiers des Îles ont parfois reçu aussi peu que 3,90 $. En fin de saison, ils ont eu plus que nous. La pandémie a compliqué la situation», explique M. Cloutier.

Les pêcheurs songent-ils à un plan conjoint de mise en marché, comme ça se fait dans la crevette en Gaspésie?

«Les pêcheurs le réclament, mais ils ne vont pas plus loin. La dernière fois qu’on a passé un vote à ce sujet, en 1993, la proposition a été rejetée 52 % à 48 %, mais même si la proportion avait été inversée, le plan conjoint n’aurait pas duré. Ça prend 90 % d’appui pour que ça fonctionne», signale O’Neil Cloutier.

LES BALEINES NOIRES ET AUTRES MAMMIFÈRES MARINS

Lors de la rencontre de travail du 4 février, un suivi sur un projet d’observation des baleines noires a été présenté, projet auquel est liée la biologiste réputée Lyne Morissette.

«C’est un suivi portant sur les observations de baleines noires dans 20 brasses de profondeur ou moins par nous, homardiers. C’est un projet qui en est à sa troisième année. Nous avons la preuve qu’il n’y a aucune baleine noire dans ces zones. Ça vient rejoindre les arguments défendus depuis trois ans par notre groupe; il n’y en a pas de baleines noires, dans les eaux fréquentées par les homardiers», tranche O’Neil Cloutier.

Dans la même vague, les homardiers ont obtenu la confirmation que l’écocertification caractérisant leur pêche a été obtenue pour les cinq prochaines années.

O’Neil Cloutier est d’autre part inquiet à propos de l’entrée en vigueur éventuelle du MMPA, le Marine Mammal Protection Act, adopté lorsque Barack Obama était président des États-Unis.

«Barack Obama a convaincu Justin Trudeau de l’appliquer au Canada. Il en-trera en vigueur le 30 novembre 2021. Ça signifie que les Américains vont examiner nos façons de protéger les mammifères marins. Pour la baleine noire, on ne voit pas de problème, mais les autres? Ils regarderont nos mesures de protection des rorquals, des phoques, peut-être. Il faudra démontrer qu’on fait les efforts nécessaires. Dans la pratique, l’application des mesures sera réalisée à partir de 2022. Les Américains vont nous dire si on a des mesures acceptables», souligne M. Cloutier.

«Si ce n’est pas le cas, nos produits n’auront plus accès au marché américain. Il faut réaliser que 80 % de tous les volumes qui sortent de l’eau ici sont acheminés sur la marché américain. C’est très sérieux. Si on ne regarde pas ça de très près, on aura une surprise, une mauvaise surprise. L’obligation de conformité n’est pas valide juste pour le Québec. Il y aura beaucoup plus de homard des Maritimes sur le marché de Montréal, par exemple. S’il y a trop d’offre, le prix va baisser. Ce seront des années d’efforts de mise en marché qui s’envoleront», craint-il.

Toujours en ce qui a trait aux mammifères marins, tous les homardiers de la Gaspésie devront faire l’essai de nouveaux types de cordage sur certaines lignes ou portions de lignes de casiers.

«Il s’agit de câbles à maillon faible, et un système à faible rupture, appelé «weak link». Le weak link fonctionne avec une gaine portant un enduit enveloppant un câble coupé en deux. Une baleine peut briser un câble en appliquant 1 700 livres de tension. Ça exige plus de travail pour les pêcheurs. Le système sera mis à l’essai sur six des 39 lignes de casiers», note O’Neil Cloutier.

Les deux méthodes seront expérimentées à raison de trois lignes de casiers pour chaque type de technique.

«Il y a beaucoup de fonds rocheux en Gaspésie. Cette expérience pourrait aussi représenter un enjeu environnemental, parce qu’on va perdre des casiers à l’eau. Ces casiers continueront à pêcher. Il y a, je pense, des secteurs où il sera possible d’implanter les nouveaux systèmes et d’autres où ce sera très difficile», croit M. Cloutier.

LE HARENG DE PRINTEMPS?

Par ailleurs, les homardiers de la Gaspésie craignent une fermeture de la pêche au hareng de printemps. Pour la pêche dite d’automne, en août 2020, le quota a subi une autre baisse, de 22 % cette fois, dans le sud du golfe Saint-Laurent.

«On est dans la zone critique. On s’attend à ce que le ministère réagisse. Les pêcheurs sont convaincus qu’il y aura fermeture. On ne veut pas de pêche dans les frayères. Le niveau de mortalité naturelle a doublé à cause des phoques et des thons, qui viennent massivement dans le golfe. On demande au ministère s’il peut baisser le troupeau de phoques, à défaut de baisser le nombre de thons. Ils (les   gestionnaires) ne le font pas. Les phoques, après le hareng, vont s’attaquer à d’autre chose. Est-ce que ce sera au homard? Les scientifiques le savent, que la situation du hareng est affectée par le phoque. C’est politique, cette affaire», note O’Neil Cloutier, en faisant référence aux pressions des groupes animalistes.

Un protocole a d’ailleurs été entendu afin de réduire l’impact des captures de plie rouge sur les fonds de homard.

«Le problème vient du fait que les filets se posent sur le fond. Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a accepté de réduire le temps d’immersion et le nombre de filets. Le nombre de filets passera de dix à cinq après le 15 mai jusqu’à la fin de la saison du homard. Il y a quand même 13 ou 14 pêcheurs qui gagnent leur vie avec ça, la pêche à la plie, avec d’autres espèces», note M. Cloutier.

En ce qui a trait à la pêche expérimentale du homard du côté nord de la péninsule, entre Rivière-à-Claude et Baie-des- Sables, les résultats préliminaires sont probants, note-t-il, surtout dans la partie à l’est de Sainte-Anne-des-Monts.

«Il y a deux secteurs où les pêcheurs ont pris 30 000 livres chacun, avec seulement 100 casiers en plus. Je pense que c’est prometteur», conclut O’Neil Cloutier.

LA GASPÉSIE – pages 10-11 – Volume 34,1 Février-Mars 2021

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