vendredi, décembre 13, 2024
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L’année de tous les records pour le crabe des neiges

Les gens évoluant dans le secteur du crabe des neiges au Québec pourraient se souvenir longtemps de l’année 2017, caractérisée par un prix record et par un volume de prises impressionnant, spécialement dans le sud du golfe Saint-Laurent. Ces deux éléments ont propulsé les revenus globaux des crabiers québécois à un sommet inégalé de 182,9 millions$, une hausse vertigineuse de 64 % comparativement à 2016.

Ces revenus s’étaient établis à 111,2 millions$ en 2016, l’année du précédent record. En 2017, le ton a été donné par des débarquements totaux de 19 511 tonnes métriques, en hausse de 34 % par rapport à l’année précédente, et un prix préliminaire de 4,25 $ la livre, plutôt que les 3,47 $ de 2016. De surcroît, dans l’industrie, crabiers et transformateurs précisent que le prix au débarquement s’est établi à 5 $ la livre pour la zone 12.

C’est la hausse vertigineuse des contingents dans la zone du sud du Golfe, souvent appelée «zone 12», qui a principalement donné le ton aux chiffres globaux du Québec, précise l’économiste Martial Ménard, du ministère fédéral des Pêches et des Océans (MPO).

«Les débarquements en 2017 constituent un record historique tant en volume qu’en valeur, du jamais vu par le passé. La saison a été marquée par une hausse de 106 % des débarquements dans la zone 12, laquelle est le reflet d’une hausse de 103 % des quotas dans cette zone, la plus importante en termes de volume des débarquements. La hausse des captures en provenance des zones du sud du golfe du Saint-Laurent, de même que dans la zone 17, où l’on a noté une augmentation de 25 %, a permis de compenser les baisses des débarquements constatées dans les zones 14, à – 9 %, 15, à – 17 %, et 16, à – 19 %. Cette zone 16 est la deuxième zone en importance en volume des débarquements au Québec», explique M. Ménard.

Dans la modeste zone 13, le contingent a grimpé de 266 à 339 tonnes entre 2016 et 2017.

En Gaspésie, les débarquements ont totalisé 10 458 tonnes métriques, 75 % de plus que les 5 984 tonnes de 2016. La valeur de ces prises au débarquement s’est établie à 95,9 millions$, c’est-à-dire 107 % de plus que les 46,3 millions$ de l’année précédente. Le prix, toutes zones confondues, a joué un rôle important dans cette augmentation, passant de 3,51 $ la livre en 2016 à 4,16 $ en 2017, une hausse de      19 %. Ce prix est toujours préliminaire.

Aux Îles-de-la-Madeleine, les prises ont atteint 2 279 tonnes métriques, un bond de  1 019 tonnes ou de 81 % en comparaison avec les 1 260 tonnes de 2016. Les revenus ont plus que doublé, passant de 10,4 millions$ il y a un an à 23,6 millions$ en 2017, un saut de 126 %. Le rôle du prix a été majeur ici aussi, puisqu’une hausse de 3,74 $ à 4,69 $ la livre, ou de 25 %, a marqué l’année 2017, comparativement à 2016. Là aussi, ce prix demeure toujours préliminaire sachant que les crabiers ont reçu un prix autour de 5 $ la livre.

Sur la Côte-Nord, les prises ont diminué de 7 % de 2016 à 2017, passant de 7 293 à   6 773 tonnes métriques. Toutefois, la hausse des prix de 25 %, de 3,39 $ à 4,24 $ la livre d’une année à l’autre, a contrebalancé cet effet, puisque les revenus globaux ont atteint 63,4 millions$, en augmentation de 16 % comparativement aux 54,5 millions$ de l’année précédente.

En jetant un coup d’œil spécifique aux zones de pêche, on réalise que même si les quotas ont diminué dans trois des six zones de pêche dans lesquelles les crabiers québécois évoluent, seulement une zone, la zone 16, bordant une grande partie de la Côte-Nord, a été caractérisée par une baisse des revenus totaux, de seulement 2 % même si le quota y avait diminué de 19 %. Ces revenus sont passés de 38,7 millions$ à 38,61 millions$ de 2016 à 2017. Toutefois, les négociations entre l’Office des pêcheurs de crabe des neiges de la zone 16 et les acheteurs concernés se poursuivaient toujours au début décembre afin d’en arriver à un prix final pour la dernière saison et tout indique que ce prix sera majoré à la hausse de façon substantielle.

À l’autre bout du spectre, dans la zone 12, ces revenus sont passés de 48,4 millions$ il y a un an à 109,4 millions$, un saut de 139 %. Ces mêmes revenus augmenteront de façon significative au cours des prochaines semaines lorsque les données finales seront comptabilisées puisque les crabiers de la zone 12 ont reçu un prix de 5 $ la livre au débarquement.

POURQUOI?

Martial Ménard signale qu’il faut regarder du côté des États-Unis pour comprendre les facteurs qui ont propulsé les revenus des crabiers québécois vers de tels sommets.

«La hausse des prix moyens au débarquement du crabe des neiges dans la région du Québec, et ailleurs au Canada, est attribuable à la forte hausse des prix du crabe des neiges du golfe du Saint-Laurent de la section cuite de cinq à huit onces sur le marché de la côte est américaine, elle-même une conséquence de la baisse de l’offre américaine de crabe des neiges», dit-il.

Un coup d’œil du côté de l’Alaska est assez éclairant pour expliquer cette baisse de l’offre américaine.

«Après avoir connu une baisse de 40 % lors de la saison de pêche 2015-2016, les quotas de crabe des neiges d’Alaska, aussi appelé Opilio, ont subi une autre forte baisse de 50 % au cours de la dernière   saison de pêche 2016-2017. À cela, il faut ajouter la fermeture complète de la pêche de «Tanner Crab» et une réduction de      15 % des quotas de «Red King Crab», tous deux des espèces concurrentes du crabe des neiges canadien, puisqu’elles sont également vendues en sections», précise l’économiste.

Ces trois baisses de quotas ont occasionné une baisse significative de l’offre mondiale, d’où une demande accrue pour le crabe des neiges canadien, puis la forte pression sur les prix au débarquement.

«Dès mai 2017, un mois après le début de la pêche du crabe des neiges dans la région du Québec, le prix de gros du crabe des neiges du golfe Saint-Laurent se transigeait sur le marché américain à 7,37 $ américains la livre. Au cours des mois suivants, il ne cessera d’augmenter pour atteindre 8,25 $ américains. Entre mai et août 2017, le prix américain de gros du crabe des neiges sur le marché américain augmentera de 12 %», note M. Ménard.

Entre avril et août, le prix moyen de la section cuite de cinq à huit onces s’est établi à 7,81 $ américains la livre, en hausse de 20 % par rapport à la même période en 2016, alors que ce prix avait atteint 6,51 $ américains.

«En dollars canadiens et au cours de la même période d’avril à août, ce prix moyen est passé de 8,42 $ livre en 2016 à 10,17 $ en 2017, soit une hausse de 21 %, laquelle est légèrement supérieure à la hausse en dollars américains en raison de la faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain», ajoute M. Ménard.

La situation du crabe de l’Alaska restera sombre au cours de l’hiver 2017-2018 puisque le quota subira une nouvelle coupe plus modeste à 12 %, pour s’établir à  18,9 millions de livres, le «plus bas quota de crabe des neiges d’Alaska depuis le programme de rationalisation de la ressource mis en place en 2005», signale l’économiste.

C’est donc dire que depuis la saison 2014-2015, alors que le quota se situait à 70 millions de livres en Alaska, le contingent a fléchi de 73 % dans cet état américain.

«Quant aux quotas de Red King Crab, ils totaliseront 6,6 millions de livres, soit une diminution de 22 % par rapport à la saison de pêche 2016-2017. Seule bonne nouvelle, la pêche du Tanner Crab se voit donner un quota de 400 000 livres. Il s’agit d’une réouverture de cette pêche depuis sa fermeture en 2013», spécifie          M. Ménard.

Il refuse de faire une prévision quant au prix qui sera offert à la fin de mars ou en avril 2018 aux pêcheurs québécois de crabe des neiges en raison de la stabilité du marché américain d’août à novembre.

«En octobre 2017, début de la saison de pêche 2017-2018 du crabe des neiges d’Alaska, le prix de gros du crabe des neiges du golfe Saint-Laurent s’est transigé sur le marché américain à 8,25 $ américain la livre, soit 10,40 $ canadiens la livre. Depuis le mois d’août jusqu’en novembre, ce prix américain de la section cuite 5 – 8 onces est demeuré stable». Sans faire de prévision, l’économiste ne serait pas surpris que le prix soit encore fort en 2018.

EXPORTATIONS EN HAUSSE

Entre janvier et septembre 2017, les usines québécoises ont augmenté légèrement le volume de leurs exportations, soit 2 %, pour les porter à 8 772 tonnes métriques. En raison de la hausse des prix au débarquement et sur les marchés, la valeur de ces exportations a augmenté de 23 % pour atteindre 182,4 millions$.

Les États-Unis demeurent, et de loin, la principale destination du crabe des neiges québécois. Les acheteurs américains ont ainsi acheté 84 % de la production des usines du Québec maritime, comparativement à 12 % pour les grossistes japonais.

Toutefois, «la part du Japon s’est accrue de façon importante au cours de la dernière année», souligne Martial Ménard, rappelant que les États-Unis avaient accaparé     94 % de la production québécoise pendant les mêmes neuf premiers mois   de 2016, comparativement à 5 % pour le Japon.

Le taux de change a continué d’être   favorable aux exportations québécoises même si le dollar canadien s’est apprécié par rapport à la devise américaine en 2017.

«Les exportations québécoises de crabe des neiges à destination des États-Unis ont augmenté de 10 % en volume et de 12 % en valeur, expliquée par la baisse de l’offre domestique américaine de crabe des neiges d’Alaska, un concurrent direct du crabe des neiges canadien», note M. Ménard, signalant que la bonne croissance aux États-Unis, la meilleure des pays du G7, a aussi contribué à cette croissance.

L’économiste signale la présence d’un écueil potentiel pour l’avenir prévisible, à savoir «la démarche entreprise par une alliance de groupes écologistes américains demandant à leur gouvernement de bannir les importations de crabe des neiges du Canada à moins que le gouvernement fédéral n’accentue ses efforts pour sauver les baleines noires de l’Atlantique Nord, menacées», dit-il.

«Les exportations du crabe des neiges arrivent au deuxième rang au Canada de toutes les espèces marines exportées. Considérant que les trois quarts des exportations de crabe des neiges vont aux États-Unis, la menace d’une perte d’accès au marché américain aurait des conséquences économiques considérables pour l’industrie des pêches maritimes canadiennes», note-t-il.

Martial Ménard voit des signes encourageants du côté du Japon, où «après des années de ralentissement, voire de récession, la reprise économique a contribué à favoriser les ventes au détail de crabe».

Conséquemment, les exportations québécoises de crabe des neiges y ont augmenté de 149 % en volume et de 165 % en valeur en 2017.

ÉCONOMIE – pages 6 et 7 – Volume 30,5 – Décembre 2017-Janvier 2018

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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