L’usine Fruits de mer Madeleine (FMM) a dû se résoudre à écouler plus de 90 % de ses premiers approvisionnements de sébaste sur le marché de la boëtte, au Nouveau-Brunswick, cet été. C’est que la majorité des prises que lui a livré le capitaine du JEAN MATHIEU, Denis Éloquin, ne mesuraient qu’entre 24 cm et 27 cm, soit une taille insuffisante pour être filetée.
«On avait surtout des poissons de 225 grammes et moins, alors que ce qui intéresse les acheteurs potentiels du secteur alimentaire c’est du 225 grammes et plus, que ce soit pour le filet, le poisson rond ou étêté et éviscéré», nous confie à cet effet le président de l’entreprise de transformation de L’Étang-du-Nord, Eudore Aucoin.
Malgré tout, M. Aucoin affirme que FMM reste optimiste et ne ménage aucun effort pour trouver des débouchés au sébaste. «Il faut arrêter de dire que le poisson est trop petit. Alors on dit qu’il est petit et qu’est-ce qu’on peut faire avec? Est-ce qu’au lieu de faire des filets, on peut faire de la chair emballée sous vide? Avoir des portions déjà prêtes à cuisiner en cafétéria, dans les foyers de personnes âgées, par exemple? On a un beau défi devant nous!»
L’entreprise madelinienne est d’ailleurs en discussion avec le Bon Goût Frais des Îles qui est membre du Regroupement des tables de concertation bioalimentaire du Québec, un partenaire de premier plan de la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (SNAAQ) adoptée en novembre 2023. Celle-ci a pour objectif que 92 % des institutions publiques du réseau de la santé et des services sociaux, de même que de l’éduction et de l’enseignement supérieur, se dotent d’une cible d’achat d’aliments québécois d’ici mars 2025.
«L’idée est de convaincre ces institutions de mettre le sébaste à leur menu, résume Eudore Aucoin. Ça prend un programme pour venir sécuriser la transformation pour éviter qu’on ne se retrouve avec des produits sur les bras. C’est inévitable parce qu’on n’a pas les infrastructures, ici, pour garder longtemps des quantités importantes [en inventaire].»
M. Aucoin prévient toutefois que la transition vers une production industrielle de sébaste qui sache satisfaire les divers besoins du marché pourrait s’étaler au-delà de la période de deux ans initialement prévue par le MPO. En cette fin d’été, FMM a dû mettre de côté ses premiers essais de développement de nouveaux produits pour faire place à ses productions régulières d’automne de buccin et de crabe commun. L’usine sera par la suite soumise à d’importants travaux de modernisation tout au long de l’hiver, afin de faire passer son rythme de production quotidienne de crabe des neiges de 72 000 lbs à 125 000 lbs et doubler sa capacité de stockage en congélateur.
LES POISSONS DE FOND – page 7 – Volume 37,4 Septembre-Octobre-Novembre 2024