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Le développement d’appâts alternatifs au cœur des préoccupations de la Table ronde de partenariat scientifique sur le homard du MPO

Le développement d’appâts alternatifs, en substitution au hareng et au maquereau dont la pêche est fermée depuis l’an dernier, est au cœur des préoccupations de la Table ronde de partenariat scientifique sur le homard (TRPSH) du ministère des Pêches et des Océans (MPO) créée en 2021. Le sujet figurait en tête de liste des présentations de son premier symposium tenu à l’Institut océanographique de Bedford, en Nouvelle-Écosse, le 19 janvier dernier.

La biologiste et gestionnaire Amélie Rondeau, qui participait à l’événement, qualifie d’intéressants les résultats préliminaires des travaux initiés il y a deux ans par l’étudiante au doctorat Grace Walls, de  l’Université Memorial de Terre-Neuve. Sa présentation a fait état de 21 expériences menées avec 40 sortes d’appâts, précise la gestionnaire de la division des sciences halieutiques et écosystémiques du MPO à la direction régionale du Golfe.

«Ce qui est intéressant c’est l’efficacité de la réponse en termes d’attraction, de ces différents appâts, entre les appâts traditionnels, les appâts naturels que le homard peut trouver librement dans son environnement et les appâts commerciaux déjà existants sur le marché, rapporte Mme Rondeau. Et ce qui a frappé l’imaginaire, c’est que certains appâts développés ont un taux de réponse plus élevé que les appâts commerciaux traditionnels et même que les proies potentielles déjà en libre accès dans le milieu du homard.»

L’équipe de Mme Walls travaille en collaboration avec SuBAIT, une entreprise en démarrage de Dartmouth, près de Halifax, qui valorise les résidus de poisson des usines de transformation à des fins d’appâts. Sa production n’en est toutefois qu’à l’échelle pilote, pour l’instant. «Pour les essais en mer menés jusqu’à présent, ils ont mis les appâts dans un sac attaché à une structure de caméra sous-marine et la réponse observée était le nombre de homards qui venaient dans leur champ de vision, expose Amélie Rondeau. Ils ont plus de 5 000 heures de vidéo à analyser! Ce ne sont que des travaux exploratoires. Alors, on ne sait pas encore si le homard attiré dans ce contexte-là, ou ce design-là, entrerait dans un casier avec ce même appât. Ce n’est pas automatique.»

BOËTTE DE MICROALGUES

Les travaux de recherche sur les appâts   artificiels vont d’ailleurs en se multipliant ces temps-ci, comme en témoignent ceux menés par l’océanographe Nathalie Rose Le François, chercheure au Biodôme de Montréal. Son projet financé par la Fondation Espace pour la vie – qui ne figurait cependant pas à l’agenda du symposium de la TRPSH – vise la production d’une biomasse de microalgues qui servirait d’ingrédient de base à la fabrication d’une boëtte alternative pour le homard. Il est mené en partenariat avec l’entreprise AllGaea Technologies basée sur la Rive-Sud de Montréal, qui a la particularité de capter et valoriser les émissions de CO2 des entreprises polluantes pour stimuler la culture des algues.

«Des essais préliminaires en milieu contrôlé avec des appâts composés à 100 % de spiruline ont démontré qu’un homard à jeun depuis quelques jours va manger le maquereau d’abord, puis la spiruline, nous dit Mme Le François. Notre but c’est de poursuivre des essais d’attractivité et de préférence avec des formulations variées d’extraits de microalgues, pour déclencher une réponse attractive du homard à l’alternative microalgues qui soit équivalente au maquereau.»

Confiante, la chercheure du Biodôme croit que des essais en mer pourraient être menés dès la prochaine saison de pêche en Minganie et, possiblement, aux Îles-de-la-Madeleine. «Il faudra répéter l’expérience en milieu naturel un maximum de fois pour se conforter dans les résultats, fait-elle valoir. Et ce que je souhaite, ultimement, c’est de remplacer tout poisson ou résidu de poisson utilisé comme boëtte traditionnelle, par des tablettes de microalgues.»

APPÂTS DE LOUP-MARIN

Pour sa part, l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ) dénonce le refus des États-Unis de permettre l’utilisation des appâts de loup-marin pour la pêche au homard et au crabe. Selon son directeur général Gil Thériault, de nombreux pêcheurs se tournent vers les viscères de phoque comme alternative au maquereau et au hareng qu’il faut désormais importer. Or, par voie de courriel, le ministère des Pêches et des Océans a informé l’ACPIQ en décembre dernier que l’interdiction américaine d’abattre intentionnellement un mammifère marin en vertu du Marine Mammal Protection Act, adopté en 1972, «inclut l’interdiction de leur utilisation en tant qu’appâts pour les pêches commerciales».

«On sait pourtant pertinemment, constats scientifiques à l’appui, que l’expansion incontrôlée des populations de phoque gris et de phoque du Groenland et leur prédation démesurée sur les stocks de poissons sont parmi les causes principales du déclin de la biodiversité les eaux canadiennes, souligne M. Thériault. Et les dernières victimes de cette prédation sont justement le maquereau et le hareng, des espèces historiquement utilisées pour «boëtter» [appâter] les cages à homard et à crabe.»

L’ACPIQ accuse d’ailleurs les Américains de faire preuve d’hypocrisie dans l’application du MMPA, puisqu’ils autorisent eux-mêmes l’abattage de lions de mer dans l’état de l’Oregon depuis 2018, afin de protéger leurs stocks de truite arc-en-ciel et de saumon. «C’est du deux poids, deux mesures», s’indigne Gil Thériault.

«En interdisant l’utilisation d’appât à base de phoque, les Américains prouvent que leur MMPA n’a rien à voir avec l’amélioration de la biodiversité marine, mais qu’il sert seulement à satisfaire le dogme animaliste, ajoute pour sa part  Yoanis Menge, président de l’ACPIQ. Ce n’est pas une loi pro-environnement, mais simplement un diktat politique d’apparence pour plaire au lobby anti-utilisation. Il est grand temps que ce règlement américain soit scientifiquement remis en question par le Canada.»

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT – page 28 – Février-Mars 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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