mardi, avril 23, 2024
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Le stock de homard se porte très bien et la saison 2023 est lancée avec succès

Tous les voyants du stock de homard des Îles-de-la-Madeleine sont au vert, sauf en ce qui concerne sa principale source de nourriture qu’est le crabe commun. C’est ce qui ressort de la plus récente évaluation scientifique de la population de crustacés de la zone 22, que Pêches et Océans Canada (MPO) a présentée à l’industrie lors de la réunion annuelle de son comité consultatif de gestion, tenue à Cap-aux-Meules le 9 mars dernier.

Le biologiste de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) qui signe le rapport d’évaluation triennnale, Benoît Bruneau, souligne que c’est la première fois que le ministère intègre une approche écosystémique à son analyse des divers indicateurs d’abondance et de productivité de la ressource. «La santé du crabe commun, qui est une proie importante pour le homard, c’est important d’en faire le suivi parce que ça peut éventuellement avoir un impact sur les populations de homard», soutient-il.

Ainsi en 2022, la population de homard des Îles a enregistré une productivité de 1,7 fois plus élevée qu’en 2018; une donnée qui s’est reflétée dans les débarquements commerciaux qui ont atteint un seuil record de 6 715 tonnes l’an dernier. L’IML note que la réduction du taux d’exploitation de la ressource, grâce au rehaussement de la taille minimale des captures et à l’instauration d’une taille maximale au fil des ans, s’est entre autres traduite par un saut de  20 % à 30 % de la proportion de femelles multipares entre 2003 et 2022, c’est-à-dire qui se sont reproduites plus d’une fois.

Il faut savoir qu’une femelle de 76 mm qui en est à sa première ponte – une primipare, donc – produit environ 8 000 œufs, contre 35 000 pour une femelle de 127 mm. «Les abondances commerciales sont en augmentation importante tant au niveau du sud qu’au nord et lorsqu’on regarde les prises par unité d’effort (PUE) en nombre, on voit le même portrait, expose le biologiste. Elles sont de 123 % supérieures à la moyenne historique de la période 1985-2021. Et si on regarde toutes les femelles qui sont capables de se reproduire, on est rendu à environ 6,5 fois la période de référence 1994-1996. C’est vraiment positif!»

RECRUTEMENT

Benoît Bruneau note également une stabilité dans la structure de taille des homards de l’archipel entre 2018 et 2022, et ce, malgré certaines variabilités qui sont des signes clairs de recrutement, affirme-t-il. «Parce que de grandes vagues de recrutement successives vont mener à une diminution de la taille moyenne des captures, étant donné qu’il y a de plus en plus de recrues à la pêche qui sont plus petites que ceux qui étaient là l’année précédente. Mais de façon générale, la diminution du taux d’exploitation donne une chance au homard de grossir et on finit par avoir une distribution de taille qui est plus diversifiée, plus saine.»

Le biologiste fait aussi remarquer que le recrutement annonce une stabilité de la productivité du stock à moyen terme. «On est dans de très bonnes années de pré-recrutement et de recrutement, dit-il. On parle d’une productivité qui est beaucoup plus élevée que par le passé en termes de valeur. On est autour de 1,5 tandis que par le passé on parlait de 0,5. Donc c’est trois fois plus.»

M. Bruneau suppose qu’une partie de cette productivité accrue du stock de homard des Îles est attribuable à une arrivée plus rapide des crustacés dans la pêcherie, elle-même stimulée par les changements environnementaux. «Quand les œufs sont sous la queue, s’ils ont une bonne oxygénation et des températures propices, ça va aider leur développement, fait-il valoir. Ils ont de bonnes chances d’éclore plus tôt. Alors si les œufs continuent d’éclore plus tôt et que les eaux deviennent plus chaudes, bien, les facteurs physiologiques de croissance vont aussi être accélérés.»

De plus, bien que ses données de température soient partielles en raison d’un bris d’équipement en 2022, M. Bruneau indique que le réchauffement de l’eau pourrait mener à une maturité sexuelle hâtive chez les homards. Le biologiste espère éventuellement mettre à jour les données dont il dispose à cet effet et qui remontent à l’époque de sa prédécesseure, Louise Gendron. «On soupçonne que les courbes de maturité sexuelle ont changé au cours des années récentes, où la taille aurait probablement diminué, dit-il. Ce serait à mettre à jour mais ça ne changerait pas les conclusions de l’évaluation des stocks, par contre.»

NORD-SUD

Benoît Bruneau constate d’autre part que le taux de capture du côté nord de l’archipel, qui était historiquement plus faible, a enregistré un bond de près de 70 % entre 2018 et 2022, contre une progression de seulement 26,5 % pour celui du sud. «On ne comprend pas vraiment pourquoi, admet-il, mais ça peut être le reflet d’un changement important qu’il y aurait eu récemment au niveau de l’environnement. Ça peut être une question de crabe [commun dont la pêche est plus restreinte du côté nord], ça peut être une question de température. Il y a beaucoup de spéculations mais on n’a pas beaucoup d’information pour l’instant. On va essayer de la développer pour la prochaine évaluation de stock à l’hiver 2026.»

Les pêcheurs membres du comité consultatif demandent d’ailleurs au MPO d’étendre au côté nord de l’archipel ses relevés scientifiques post-saison au chalut, menés à bord du LEIM. Or, si ses stations d’échantillonnage se trouvent toutes au sud depuis 1995, c’est parce que c’est le seul secteur à avoir un port de pêche qui offre un tirant d’eau sécuritaire pour les navires de recherche de l’IML, explique son chef de mission. «J’ai des idées pour essayer de voir s’il n’y aurait pas un indicateur quelconque qu’on pourrait avoir au nord des Îles, concède néanmoins M. Bruneau. C’est quelque chose qui va être discuté avant la prochaine évaluation de stock, avec les associations. On pourrait peut-être utiliser des casiers expérimentaux avec un évent bouché, comme on le fait en Gaspésie où il n’y a pas de relevés au chalut. Ce sont des données qui sont difficiles à interpréter mais je pense qu’éventuellement ça peut être un projet intéressant à faire aux Îles pour combler une partie des lacunes qu’on a sur le nord.»

CRABE COMMUN

Enfin, en ce qui concerne l’état préoccupant du stock de crabe commun, dont se nourrissent principalement les homards, l’IML conclut à une très faible abondance des individus sous la taille commerciale de 120 mm. De surcroît, les prises par unité d’effort de la pêche commerciale sont en diminution depuis 2020 et se trouvaient, l’an dernier, sous la moyenne de la période 1998-2021. Dans ce contexte, Benoît Bruneau recommande des «mesures exceptionnelles» de gestion pour «diminuer au maximum la mortalité du crabe commun» et ainsi «assurer la pérennité du stock de homard et celle de sa proie préférentielle tout en préservant leur lien trophique».

Cependant, à la lumière des discussions que le biologiste a eues avec les pêcheurs de crabe commun au lendemain du comité consultatif sur le homard, il appert que ses données scientifiques sont partielles et ne reflètent pas ce que perçoivent les 14 détenteurs de permis sur le terrain. Ces derniers plaident pour un suivi annuel en mer à bord de leurs bateaux de pêche, une proposition à laquelle le chef de mission de l’IML applaudit. «C’est une bonne idée d’envoyer des échantillonneurs en mer pour mesurer tout ce qu’il y a dans les casiers, parce que c’est sûr que l’échantillonnage à quai peut donner un portrait incomplet, reconnaît-il. Et surtout pour les Îles, qui ont une pêche soutenue au crabe commun ayant un lien avec le homard, ça vaut la peine d’aller chercher plus d’indicateurs. Je vais voir avec les directions de  l’Institut Maurice-Lamontagne ce qu’on peut faire. Je trouve que c’est très pertinent.»

Benoît Bruneau invite également les Madelinots, tant pêcheurs de homard   que de crabe commun, à participer aux prochaines réunions de révision de ses rapports d’évaluation scientifique par les pairs, afin que les recommandations qui en découlent pour la gestion des pêches reflètent davantage leurs connaissances et expertises.

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – pages 7-8 – Volume 36,2 Avril-Mai 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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