mardi, novembre 18, 2025
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Les coupes budgétaires et de personnel à la NOAA auront des répercussions négatives au Canada

Les coupes budgétaires et les suppressions de données scientifiques par l’administration Trump font craindre des répercussions de ce côté-ci de la frontière. Selon le quotidien USA Today, la NOAA – soit  l’Agence nationale océanique et atmosphérique qui équivaut à nos deux ministères fédéraux des Pêches et des Océans et de l’Environnement – doit déjà composer avec le limogeage de près de 2 000 employés cette année, tandis que ses effectifs pourraient encore être réduits de plus de moitié l’an prochain.

Pour l’océanographe Dominique Robert, professeur à l’Institut des sciences de la mer de l’Université du Québec à Rimouski (ISMER-UQAR), ces coupures radicales affecteront la fiabilité des évaluations de stocks de pêche commerciale et des prévisions météorologiques.

«Il y a plusieurs stocks de poissons qui sont gérés conjointement entre le Canada et les États-Unis, autant dans le Pacifique que dans l’Atlantique, et même dans les Grands Lacs, souligne-t-il. Et présentement, les chercheurs se font dire que toutes les collaborations avec le Canada sont sur pause. Donc les évaluations transfrontalières des stocks n’ont pas lieu cette année. […] Par ailleurs, pour d’autres ressources comme le maquereau, on a besoin des données du Canada et des États-Unis pour réaliser une évaluation efficace, puisque ce sont en bonne partie des poissons se distribuant en eaux canadiennes l’été qui font l’objet de la pêche hivernale américaine. Et si les informations ne circulent plus fluidement entre les deux nations, bien, à ce moment-là on perd en précision pour nos estimés d’abondance, notre capacité à bien gérer les stocks.»

Même désolation chez la chercheure Lyne Morissette, spécialisée en écologie des mammifères marins et fonctionnement des écosystèmes, profondément investie dans les mesures de protection des baleines noires et leur coexistence avec les pêcheries, entre autres. «Il y a beaucoup d’équipes canado-américaines qui collaborent sur des comités internationaux parce que les espèces ne connaissent pas la frontière entre le Canada et les États-Unis, résume-t-elle. […] Et de perdre la moitié de nos collègues, c’est vraiment problématique.»

Du côté de l’Institut Maurice-Lamontagne, les scientifiques du MPO ne sont pas autorisés à nous accorder d’entrevue. Ils admettent néanmoins se croiser les doigts pour que la purge en cours à la NOAA n’affecte pas leurs travaux. «Pêches et Océans Canada a une relation de collaboration de longue date avec la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, nous écrit le ministère par courriel. En tant qu’organisation engagée à prendre des décisions fondées sur des données probantes, et à adopter des approches collaboratives pour garantir la sécurité et la conservation de nos océans, nous accordons une grande valeur à nos partenariats internationaux. La sauvegarde de nos eaux et de nos ressources océaniques pour les générations futures nécessite une approche qui dépasse souvent les frontières. […] Comme la situation est en constante évolution, il serait inapproprié de commenter davantage pour le moment.»

Jouer à l’autruche

Nos chercheurs déplorent également au plus haut point la décision du président américain Donald Trump de réprimer la science du climat sous prétexte que le sujet fasse peur aux gens. «C’est la mauvaise façon d’approcher les choses, se désole Dominique Robert. C’est sûr que les changements climatiques font peur. Mais si on se ferme les yeux et que l’on décide de jouer à l’autruche, on ne pourra pas se préparer pour ce qui s’en vient. Parce que ça s’en vient!»

M. Robert fait d’ailleurs remarquer qu’il y a des ramifications directes entre l’opération des grands modèles de circulations océaniques et atmosphériques. «Et pour l’Amérique du Nord, les États-Unis sont la principale force de frappe pour tout ce qui est modélisation à grande échelle. Et si on met la clé dans la porte de ces programmes-là, c’est un enjeu vraiment majeur pour Pêches et Océans Canada au niveau de la recherche océanique, et pour Environnement Canada pour ce qui est des prévisions atmosphériques. Notre capacité à prédire la météo pourrait même être éventuellement affectée», s’inquiète l’océanographe.

Climat de peur

D’autre part, selon ce que rapportent nos sommités de l’Est du Québec, un véritable climat de peur règne présentement chez leurs collègues américains, qu’ils soient toujours en poste à la NOAA ou chercheurs universitaires. Dominique Robert raconte, par exemple, que ses interlocuteurs à l’emploi du gouvernement américain ne répondent plus à ses courriels que par des réponses évasives, par crainte d’être épiés. «Quand on se parle de vive voix, on se rend compte que les gens craignent de perdre leur poste. Ils ne veulent pas écrire. Ils ne veulent surtout pas que des traces écrites de leurs opinions puissent être utilisées contre eux. Les gens sont en quelque sorte muselés», relate le professeur de l’ISMER-UQAR.

Pendant ce temps, voilà que des institutions comme l’Université de Montréal et l’Université d’Aix-Marseille financent le recrutement de scientifiques américains en déroute. Est-ce là une forme de résilience? Une manifestation de rebond? M. Robert croit que ça fait effectivement partie de la solution pour «sauver les chercheurs» mais que les États-Unis se doivent tout de même de garder une partie de leur élite scientifique. «Il faut que les bons chercheurs restent aux États-Unis pour être capables de relancer le système lorsque le gouvernement sera revenu à la raison, soutient le professeur de l’ISMER-UQAR. Parce que sinon, si tous les cerveaux quittent le pays, ça va contribuer à le faire sombrer plus rapidement dans le populisme. S’il n’y a plus de chercheurs pour informer la  population, ça ne peut qu’accélérer les dérives autoritaires.»

MILIEU SCIENTIFIQUE – page 21 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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