vendredi, avril 26, 2024
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Pêche à la crevette :  une deuxième portion de saison plutôt bonne

La deuxième portion de saison de pêche à la crevette s’avère plutôt bonne, surtout considérant que les activités ont débuté très tard, soit dans la deuxième semaine de juin. En revanche, bien que les transformateurs aient vu poindre une légère amélioration des conditions de marché de la vente du crustacé en Europe, il n’en demeure pas moins qu’elle est timide.

«Dans Anticosti, ça a été un peu plus long que d’habitude, a constaté le crevettier Guillaume Synnott. Le volume était moins important. L’année passée, on rentrait de plus gros volumes. Dans Sept-Îles, c’est stable ou un peu plus faible, mais on fait quand même de bons voyages. Dans la zone Estuaire, il y a de la crevette en abondance et elle est de belle taille.» En juin, il a d’ailleurs capturé 70 000 livres en 24 heures dans cette zone. «Cet automne, on prend 30 000 livres par jour. Cette zone est très en santé. La baisse de quota n’est pas justifiable.» Pour chaque sortie en mer de six jours, le pêcheur de Rivière-au-Renard a récolté de 45 000 à 55 000 livres, toutes zones confondues. «Le rythme des captures est demeuré bon, vu qu’on a commencé tard.»Lors de ses voyages de 5 jours et demi à six jours, après quoi il débarque à quai de 45 000 à 50 000 livres, Vincent Dupuis fait les mêmes observations. «Dans Estuaire, ça a bien été. Dans Sept-Îles, c’est pas trop pire. Dans Anticosti, elle est plus dure à prendre.»

COMPARABLE À L’AN DERNIER

Avec une moyenne approximative de prises de 46 000 livres par sortie en mer de ses membres, le directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec (OPCQ) fait le même constat. Dans sa compilation préliminaire, l’Office relève un taux de captures excellent dans Estuaire et satisfaisant dans Sept-Îles. Si le volume était variable au début de la saison dans Anticosti, il a actuellement tendance à se stabiliser. «Ce n’est pas si mal, résume Patrice Element. On savait que ce ne serait pas une bonne année. Mais, c’est moins pire que ce qu’on appréhendait.»

Sauf dans Anticosti, M. Element estime que cette saison est comparable à la dernière et n’est pas surpris par les différences marquées entre les zones. «C’est toujours le cas. Dans Estuaire, c’est très variable, quoi que c’est bon depuis quelques années. Mais, Estuaire étant une petite zone, on ne sait jamais à quoi s’attendre.»

CREVETTE PLUS PETITE

M. Synnott voit toutes les classes de crevette, dont celle de petite taille. «C’est un bon indicateur parce que ça veut dire qu’il y a de la relève.» Par contre, la petite crevette a un impact négatif sur la rentabilité de son entreprise. Le crevettier Vincent Dupuis corrobore. «On sauve nos voyages, mais la crevette n’est pas grosse. Il y a des pêcheurs qui ont arrêté parce qu’avec le prix du fioul, ils trouvaient que ce n’était pas assez rentable.» Patrice Element confirme que, depuis quelques années, la crevette est plus petite qu’elle l’était jusqu’au milieu des années 2010. «Économiquement, ce n’est pas souhaitable. En revanche, quand on voit beaucoup de petites crevettes, ça veut dire qu’il y a de la relève. Sur le plan de la pérennité de la ressource, c’est intéressant.»

FIN DE SAISON TARDIVE

Le directeur de l’OPCQ prévoit que l’ensemble de ses membres n’aura pas terminé ses activités avant la mi-novembre. C’est ce que croit aussi le capitaine Synnott avant d’atteindre des captures totales de 800 000 livres. «On a commencé tard, rappelle-t-il. C’est un non-sens.» Vincent Dupuis déplore lui aussi le début trop tardif de la pêche. Selon lui, il restera une quantité de crevettes qui ne sera pas capturée.

Aussi, comme la pêche a commencé tard, les entreprises n’ont pas de marge de manœuvre en cas de bris mécaniques.  De l’avis de M. Synnott, chaque semaine perdue devient un enjeu pour l’atteinte du quota de son entreprise.

EXPLOSION DES DÉPENSES

Grâce à son important volume de captures, Guillaume Synnott estime qu’il s’en sortira plutôt bien, même si ses frais d’exploitation, dont ceux liés au carburant, ont explosé. «Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de volume, la saison doit être difficile parce que tous les frais fixes ont augmenté : la nourriture, les observateurs, le fil, les câbles d’acier, tout a monté de 15 à 30 %.»

De telles augmentations réduisent inévitablement la rentabilité de son entreprise. «En carburant, ça représente environ 170 000 $ de plus que l’année passée pour le même nombre de sorties. Avec les autres frais fixes, on peut dire que c’est environ 200 000 $ que ça va me coûter de plus.» Par ailleurs, la hausse du prix du matériel, comme les huiles, les graisses et les pièces de remplacement, «est épouvantable», déplore M. Element.

À son avis, si le prix du diesel était demeuré le même qu’en début d’année, «la plupart des gars serait dans le rouge». «C’est plus haut que l’année passée, mais c’est une bonne surprise. C’est moins pire que ce qu’on s’attendait et que c’était au début de la saison. Mais, ce ne sera pas une année extraordinaire.»

POINT POSITIF

La météo favorable est un élément positif de cette saison jusqu’à présent. «Le beau temps nous a aidés et on espère un bel automne pour capturer la totalité des quotas», soutient M. Synnott.

De son côté, M. Dupuis ne retient pas grand-chose d’avantageux. «Le prix de la crevette n’est pas haut et elle est dure à prendre, le prix du fioul et de l’épicerie est cher. Les quotas ont baissé. Tous les facteurs à risque sont négatifs. Tout est contre nous.»

SOUHAITS POUR 2023

Pour la prochaine saison, Guillaume Synnott espère que la ressource puisse se stabiliser et que les quotas cesseront de diminuer. «C’est désolant qu’on coupe les quotas des pêcheurs et que la pêche au sébaste est sur pause. Lui, il continue à manger la crevette. On nous enlève 1 000 tonnes. Pour l’industrie de la pêche, c’est énorme! C’est de l’argent perdu pour l’industrie. On veut une stabilité dans nos quotas pour garder nos entreprises viables parce qu’en enlevant encore 15 à 20 % en 2024, il y a des entreprises pour qui ça va être la fin.»

Selon Patrice Element, un consensus se dégage : «il faut qu’on travaille pour donner de la valeur à notre produit et pour assurer la pérennité économique de notre secteur». Ainsi, plusieurs initiatives seront mises en place, dont la nature reste à déterminer. Selon Vincent Dupuis, les crevettiers cherchent, avec les producteurs, à trouver de nouveaux marchés pour avoir un meilleur prix pour leur produit. «Ça coûte cher d’envoyer la crevette à l’étranger, en plus d’avoir beaucoup d’incertitude. L’avenir, c’est de développer de nouveaux marchés pour nous permettre de rentabiliser la pêche.» Selon le capitaine-propriétaire du NAUTICAL CHAMPION et du MARIO B., si chaque Québécois mangeait une livre de crevette par année, les producteurs pourraient concentrer leur marché au Québec. «On a des marchés à développer chez nous, insiste M. Dupuis. Historiquement, les producteurs n’étaient pas intéressés à vendre au Québec parce qu’il y avait de la demande à l’étranger à gros prix. C’était facile de vendre au conteneur. En développant des marchés chez nous, ça va nous permettre d’avoir une meilleure stabilité dans les prix.»

LÉGÈRE AUGMENTATION DU MARCHÉ EUROPÉEN

Dans le secteur de la transformation, le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) ne fait pas de distinction entre les première et deuxième portions de la saison, si ce n’est d’une légère amélioration du marché européen.

Au Québec, la publicité des derniers mois a porté fruit et a été très appréciée, se réjouit Jean-Paul Gagné. Si la promotion a fait augmenter les ventes, les prix sont toutefois demeurés les mêmes. «On vend, mais pas au prix qu’on voudrait.» Comme point positif, le taux de change en vigueur, tant pour l’Europe que pour les États-Unis, est avantageux pour les transformateurs. De plus, M. Gagné estime que la taille des crevettes livrées aux usines est acceptable. «Ça ressemble à l’année précédente et à ce que les scientifiques avaient prévu.»

Quoi qu’il en soit, les usines auront du mal à atteindre un seuil de rentabilité, croit leur porte-parole. Si certains arriveront peut-être à faire leurs frais, d’autres seront déficitaires, croit-il. «2022 sera à oublier le vite possible!»

GASPÉ-NORD – page 3 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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