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Pêche au hareng d’automne : pêcheurs et transformateurs connaissent une saison en dents de scie

Les pêcheurs de hareng de la Gaspésie ont connu une saison en dents de scie en août et septembre 2022, notamment en raison d’une réduction de 20 % du quota par rapport au contingent de 2021 et de conditions de capture loin d’être idéales. Cette pêche suivait une suspension controversée de la pêche du hareng de printemps.

Le quota du hareng dit d’automne a de plus été annoncé le 19 août, un vendredi en fin de journée, en prévision d’une pêche démarrant quatre jours plus tard, ce qui a laissé bien peu de temps aux pêcheurs et aux transformateurs pour se préparer. Ce quota valide pour tout le sud du golfe Saint-Laurent est passé de 12 500 à 10 000 tonnes métriques de 2021 à 2022.

Le pêcheur Jeffrey Vautier, de Shigawake, a été peu impressionné par la façon dont le ministère fédéral des Pêches et des Océans s’y est pris pour annoncer l’amorce de la saison, le 19 août.«Pour commencer, c’était décevant comme début. Le ministère a donné les quotas le vendredi, et on a commencé le mardi. C’est décevant pour les pêcheurs et les usines. Ce n’est pas une façon de faire, du côté affaires, de gérer une pêche comme ça», précise M. Vautier.

Sa saison a été écourtée par des ennuis de santé, mais les trois nuits au cours desquelles il a pêché sur le banc de Miscou ont été fructueuses, après avoir perdu deux jours à préparer ses sorties.

«J’ai eu des bonnes prises pendant ces deux sorties. Tout le monde qui était dans le secteur de Miscou ces soirs-là a bien fait. Les prises ont été moins constantes au cours de la deuxième semaine», souligne Jeffrey Vautier.

LA PRÉDATION PAR LES PHOQUES GRIS

La présence massive de phoques gris sur le banc de Miscou a constitué l’une des caractéristiques de sa pêche au hareng. Des échanges avec d’autres pêcheurs indiquent que le même phénomène a été observé sur le banc de Pabos, dit M. Vautier, qui a aussi remarqué l’abondance de thons rouges à Miscou. «Un gros problème avec la pêche pélagique, c’est qu’il y a beaucoup de prédation. Les phoques gris se concentrent sur les plus gros poissons et c’est le petit poisson qui se retrouve dans les filets. Il n’a pas la chance de grandir», analyse le pêcheur de Shigawake. Jeffrey Vautier dénonce depuis un quart de siècle l’immobilisme de Pêches et Océans Canada en ce qui concerne la population de phoques dans le golfe Saint-Laurent.

«C’est très décevant, comment on est géré. Ça fait plus de 25 ans qu’on demande au ministère de faire quelque chose avec la prédation des espèces pélagiques par les phoques. Rien ne se fait. On va demander à nos collègues de prendre les choses en main et de capturer les phoques gris. On a un marché pour la viande et les peaux. Le ministère a la responsabilité de protéger la ressource et il ne le fait pas. On va le faire», assure-t-il.

M. Vautier a reçu un prix de 40 cents la livre pour son hareng, livré chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

De son côté, Gilles Duguay, de Chandler, a connu des résultats très variables au cours de ses semaines de capture de hareng.

«C’est une saison dure. L’eau est très chaude. Elle est restée chaude jusqu’à la semaine passée, entre 18 et 20 degrés. C’est très chaud pour la mi-septembre. On a eu un coup de vent et l’eau a baissé à 16 degrés. On a fait un voyage après ça, et il y avait de la rave dedans», explique M. Duguay en faisant référence à la semaine s’étant terminée le 17 septembre.

Jusqu’aux vents de la mi-septembre, le hareng était dépourvu de rave, dit M. Duguay, qui se demande s’il est pertinent de démarrer la capture quand l’eau est si chaude.

«Je trouve qu’au début, ce n’était pas du hareng de qualité, et il n’était pas abondant. Il y avait des «speed boats» la soirée qu’on a pris nos quotas, des bateaux de pêche très rapides avec l’exhaust (l’échappement) dans l’eau. Les harengs n’aiment pas ça. Je ne sais pas si c’est à cause du bruit, mais ça fait peur au hareng. Ce sont des bateaux de Miscou, mais il n’y en a pas beaucoup, de hareng. On ne peut nier la chose», précise Gilles Duguay

«Les autres années, j’ai toujours pêché sept soirs, et j’ai toujours eu du hareng. Cette année, j’ai eu des soirs sans hareng. Avant, quand l’eau était à 15 degrés, c’était difficile», note le pêcheur, actif dans les captures de poissons pélagiques depuis 1987, soit 36 saisons si on inclut 2022.

«Cette année, je suis sorti plus que sept fois et c’est une de mes plus petites saisons. Il y a du phoque, c’est incroyable et ça effraie le hareng. Le phoque arrive quand on allume les lumières. Ils savent qu’on pêche. J’ai fait 85 000 livres. J’ai pêché 350 000 livres dans mes meilleures années. Ça valait quand même la peine de sortir parce que le prix était bon, à 40 cents la livre, et ça aidait les gars (de son équipage) à finir la saison», explique-t-il.

Ses prises de 85 000 livres ont été réparties au cours de trois semaines de pêche, «un bon voyage au début de la saison, deux voyages la semaine suivante et un bon voyage au cours de la troisième semaine. D’habitude, il y a deux bons voyages par semaine. J’ai pêché à Miscou au début et à Chandler ensuite, sur le banc de Pabos. Je dirais que ça s’est divisé 50-50 entre les deux places», souligne Gilles Duguay.

Il a vendu ses prises chez Poisson Salé Gaspésien, de Grande-Rivière, une usine qui se sert de ses acquisitions de poisson uniquement pour des appâts depuis quelques années. On n’y extrait plus de rave des poissons femelles.

GESTION PLUS DIFFICILE EN USINE

Du côté de la transformation, Roch Lelièvre, président de la firme Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, précise qu’il a réussi en 2022 à acheter presque le même volume de hareng qu’en 2021. 

«Ça a été bon au début puis, avec le mauvais temps, on a perdu deux-trois jours par semaine pendant deux semaines. Le hareng était beau (…) J’ai réussi à acheter 1,7 million de livres de hareng. C’est presque autant que l’an passé. Il va peut-être en rentrer encore un peu, de Terre-Neuve», dit-il.

Comme les pêcheurs, il est loin d’avoir apprécié l’annonce tardive de l’ouverture de la capture, le 19 août, par Pêches et Océans Canada.

«C’est fou. Ça n’a pas de bon sens. C’est jouer au fou avec le monde. On se prépare, on ne se prépare pas? Je travaillais encore du homard venant d’Anticosti, un volume de 125 000 livres, Il me restait de la pince congelée. Il nous restait des produits de homard parce que le marché est lent à le prendre», explique Roch Lelièvre, qui devait conséquemment jongler avec peu de marge de manœuvre dans ses chambres froides.

Environ 60 travailleurs étrangers sur les 72 embauchés par son entreprise se trouvaient encore sur place quand la pêche au hareng a commencé. Cette activité a mobilisé environ 110 travailleurs chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, soit un peu moins qu’en 2021.

Cette année, la production de rave, exportée uniquement au Japon, s’est limitée aux deux premières semaines et demie de capture de hareng. Ces poissons sont généralement envoyés aux Fumoirs Gaspé Cured, de Cap-d’Espoir, propriété de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan et Poisson Salé Gaspésien.

MOINS DE VOLUME POUR LES FUMOIRS

«Il y avait trop de soirs sans prises. On sautait trop de soirs de production et ça devenait compliqué pour la main-d’œuvre. Ça a quand même été bon pendant deux semaines. On avait envoyé aux fumoirs 550 bacs l’an passé. Ce sera moins cette année, avec 340 bacs. Chaque bac contient 1 800 livres. L’activité est commencée depuis cette semaine aux fumoirs. On a du poisson pour cinq à sept semaines. C’est moins que d’habitude. Ça va dépendre de Terre-Neuve; si on peut en acheter là, on pourra étirer la saison. Mais le poisson (du golfe Saint-Laurent) qui est entré depuis la troisième semaine s’en va aux appâts», précise Roch Lelièvre.

Le poisson fumé trouve preneur rapidement. «On vend aux Antilles et sur le marché américain. Il n’y a pas assez de volume pour aller en Europe cette année», dit-il.

Le prix payé aux pêcheurs a augmenté de 25 % en 2022. «C’était 32 cents en 2021 et 40 cents cette année. Le prix des appâts et les prix du fumoir expliquent la hausse. La pénurie d’appâts fait monter les prix. Je dois en acheter en Europe pour alimenter les pêcheurs. C’est sûr que je n’aurai pas le choix d’acheter du maquereau importé avant le printemps prochain», analyse M. Lelièvre.

«On a aussi eu un bon prix pour la rave. C’était le même prix que l’an passé. C’est plus le manque de boëtte qui nous a permis d’avoir un meilleur prix pour le pêcheur», conclut-il.

LES PÉLAGIQUES – page 6 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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