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Pêche au sébaste de l’Unité 1 du golfe du Saint-Laurent : maintien du moratoire pour une 26e année consécutive

Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) maintient le moratoire sur la pêche au sébaste de l’Unité 1 du golfe du Saint-Laurent pour une 26e année consécutive, et ce, malgré le fait que l’espèce compte pour plus de 90 % de la biomasse des organismes vivant en ses profondeurs. Au cabinet de la ministre Bernadette Jordan, on explique qu’il est «extrêmement important» d’assurer le succès de la pêche sans risquer des années de croissance en ouvrant trop tôt.

«Bien que la croissance des stocks ait augmenté régulièrement au cours des dernières années, une proportion de poissons de l’Unité 1 continue d’être inférieure à la taille minimale légale de 22 cm des poissons que l’on peut capturer, nous écrit-on par courriel. Comme il reste encore du travail à faire, le MPO élabore un processus de consultation avec les représentants de l’industrie et d’autres pour se préparer à une pêche commerciale post-moratoire pour le sébaste de l’Unité 1 éventuellement.»

Pour cette année, donc, on parle toujours d’une pêche repère de 2 000 tonnes et d’une pêche expérimentale de 2 500 tonnes, afin de permettre «une surveillance continue du stock et la collecte de données importantes, qui aideront à éclairer les futures décisions de gestion pour ce stock.»

ON S’Y ATTENDAIT

La décision ne surprend pas Paul Delaney, président de Madelipêche. Il croit que sur fond de rumeur électorale, le gouvernement Trudeau préfère s’abstenir de prendre des décisions impopulaires, alors qu’il y a toujours mésentente sur le partage de la ressource. Madelipêche doit batailler ferme, dit-il, pour préserver sa part historique de 25 % de l’allocation globale du Golfe qui fait l’objet d’une très grande convoitise, en particulier de la part des entreprises des Maritimes qui n’ont cessé de pêcher dans l’Unité 2 hors-golfe, tout au long du dernier quart de siècle. «Ils ont continué à pêcher quand même parce que c’était surtout la côte ouest de Terre-Neuve qui était impliquée, dans le comté de M. Tobin (Brian) qui était ministre dans ce temps-là, rappelle M. Delaney. Alors, c’était une décision politique et ça va redevenir une décision politique. On sait qu’il va y avoir des partages avec les Autochtones et les pêcheurs côtiers, et on n’a pas d’attentes irréalistes. Mais l’Unité 1, où 80 % des quotas étaient des allocations d’entreprises, ne veut certainement pas se faire déposséder par l’Unité 2.»

Cela dit, le président de Madelipêche est convaincu que la pêche réouvrira en 2022. «Avec ce que j’entends, il y a beaucoup de pressions et d’efforts concertés en ce sens, parce qu’au volume de la biomasse qu’il y a là, c’est impossible de laisser ça fermé encore. Alors, il va certainement y a voir des réunions cet automne ou cet hiver, pour déterminer le plan de match.»

Le capitaine du JEAN-MATHIEU, Denis Éloquin, rapporte pour sa part la capture de 40 000 livres de sébaste en 10 heures de chalutage, lors d’une sortie en mer effectuée à la mi-juin. Il précise que les poissons avaient une taille moyenne de 22 à 26 cm, selon l’observateur de Biorex qu’il avait à son bord. «Le poisson est en abondance incroyable, comme je n’ai jamais vu!, s’exclame-t-il. Mais la grosseur du poisson n’est pas encore là pour un marché de filet.»

ON TOURNE EN ROND

D’ailleurs, M. Éloquin ne prévoit retourner en pêche, en septembre ou octobre, que s’il y a preneur en usine. Il raconte que ses prises du mois de juin ont dû être écoulées auprès des pêcheurs de homard pour la boëtte et dans les poissonneries locales. À ce propos, une réunion du conseil d’administration de Fruits de mer Madeleine, prévue pour le 20 juillet, s’annonce déterminante, souligne le capitaine de l’AVALON VOYAGER actionnaire de l’entreprise de l’Étang-du-Nord. «Première des choses, il va falloir que les usines démontrent de l’intérêt et deuxième des choses, il va falloir que le MPO donne les quotas, dit-il. On va voir. Il faut que les usines soient prêtes à investir du temps et de l’argent dans de nouvelles technologies pour développer les marchés, pour que ça puisse reprendre et qu’on puisse avancer. Sinon on va toujours virer en rond; c’est ça qu’on fait à l’heure actuelle.»

À défaut d’investissements dans les usines de transformation des Îles-de-la-Madeleine, Paul Delaney fait remarquer que Madelipêche peut aussi se tourner vers l’extérieur pour transformer le sébaste. Il note que l’industriel terre-neuvien Bill Barry, de Corner Brook, avec qui l’entreprise de Cap-aux-Meules faisait affaires à l’époque de la pêche d’hiver à Terre-Neuve, dispose, entre autres, de 12 nouvelles fileteuses automatiques prêtes à fonctionner. «Chaque machine remplace huit à 10 fileteurs, alors je peux vous dire qu’il a l’équivalent de 80 à 100 fileteurs. Alors, il va être prêt à prendre des volumes.»

Autrement, est-ce que le Québec a une flotte adéquate pour la pêche au sébaste? Le président de Madelipêche croit que oui. «Les bateaux de plus de 100 pieds, on n’en parle plus, dit-il. C’est gros pour rien. Aujourd’hui, avec des 80 pieds tu peux ramener de 200 000 à 250 000 livres et ça peut être rentable assez vite aussi. Si on a les quotas, la flotte va s’accommoder. Et c’est toujours une évolution. Si c’est vrai qu’on a une biomasse de 4 365 000 tonnes métriques, on en a pour plus d’une génération; c’est du poisson qui vit 40 ans!»

Ainsi, selon Paul Delaney, il y a fort à parier que Québec adaptera son programme de soutien financier à la flotte de pêche, «comme dans le temps de la Gorton-Pew» et qu’Ottawa l’appuiera. Il se félicite à ce sujet que son entreprise ait tout remboursé ses prêts maritimes lorsqu’elle a vendu ses bateaux. «Alors, le gouvernement n’a rien perdu», insiste M. Delaney.

Sa seule déception, c’est que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ne revendique qu’une part de 10 000 tonnes métriques pour les pêcheurs québécois, advenant une levée progressive du moratoire sur la pêche au sébaste. Madelipêche en proposait plutôt 20 000 à 25 000 tonnes métriques, fait valoir le président de l’entreprise. «Mais les Gaspésiens voulaient seulement 10 000 tonnes, relève-t-il. Ce n’est pas logique; je pense qu’ils se sont tirés dans le pied. Parce que le danger c’est de faire croire aux autres que le Québec va se contenter de peu.»

LES POISSONS DE FOND – page 19 – Volume 34,3 Juin-Juillet-Août 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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