Les turbotiers du Québec et de Terre-Neuve et Labrador obtiennent un total autorisé des captures (TAC) intérimaire de 1 700 tonnes pour débuter la saison de pêche 2020. La ministre fédérale des Pêches, Bernadette Jordan, en a fait l’annonce le 14 mai dernier, soit une journée avant le début officiel de la nouvelle année de gestion de cette pêcherie qui s’étend habituellement du 15 mai au 14 mai de l’année suivante.
S’il faut en croire les principaux intéressés, il faudra donc attendre encore quelques semaines avant de connaître le TAC final. Rappelons que l’an dernier, ce n’est que le 12 juin que le ministère des Pêches et des Océans avait procédé à l’annonce finale du contingent global de turbot, pour finalement l’établir à 3 375 tonnes, dont 2 813 tonnes étaient allouées pour la pêche aux engins fixes de moins 19,81 mètres.
Au Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie (RPPNG), son directeur Jean-René Boucher aurait souhaité que la ministre Jordan profite de l’occasion pour annoncer un TAC définitif dès le départ. «Nous sommes un peu déçus de démarrer la saison 2020 avec seulement un TAC intérimaire. Cependant, nous comprenons bien que le contexte est particulier cette année en raison de la COVID-19 qui prévaut depuis plusieurs semaines et que la ministre Jordan en avait déjà plein les bras avec les pêches des crustacés ailleurs dans le golfe du Saint-Laurent. N’empêche que le comité consultatif du poisson de fond du golfe a eu lieu le 23 mars dernier, ce qui nous donnait un peu d’espoir pour une annonce finale avant le début de la nouvelle année de gestion de la pêche.»
Pour le moment, Jean-René Boucher estime qu’un TAC intérimaire de 1 700 tonnes de turbot laisse tout de même une porte ouverte quant à un TAC plus élevé pour 2020. «Les premières 1 700 tonnes consenties représentent environ 50 % du TAC global de la saison 2019. Même si l’on demeure un peu dans l’inconnu, nous restons confiants pour la suite des choses. Actuellement, les conditions de permis de nos pêcheurs sont valides jusqu’à la fin juin. Ils devraient donc être en mesure de pêcher sans problème d’ici l’annonce finale de la ministre Jordan.»
Lors du dernier comité consultatif tenu par conférence téléphonique, les turbotiers du Québec et de Terre-Neuve & Labrador ont recommandé une baisse des captures de 25 % pour la présente saison de pêche. «Notre recommandation d’une baisse de 25 % du TAC a été soumise en tenant compte des plus récentes données du secteur des sciences quant à l’état actuel du stock de turbot. On voyait que s’était un mal nécessaire et nous sommes d’avis qu’une baisse de 25 % des prises s’arrime très bien les observations du milieu scientifique pour assurer la pérennité de la ressource. On demeure confiant que notre recommandation sera considérée puisque nous la jugeons très raisonnable et elle tient compte également de l’aspect socio-économique de la pêche», souligne le directeur du RPPNG.
Avant même l’annonce d’un TAC intérimaire pour 2020, une vingtaine de turbotiers provenant majoritairement du nord de la Gaspésie et quelques-uns de la Côte-Nord avaient déjà débuté leurs activités au début avril pour tenter de capturer la balance de leur quota individuel de 2019. «Les données des premières semaines de pêche étaient encourageantes, explique Jean-René Boucher. Contrairement aux dernières années, les conditions de navigation et de pêche étaient meilleures. Les pêcheurs ont observé peu de débordements de rivière qui peuvent nuire à leurs activités. Les rendements de capture ont fourni de bons résultats pour l’ensemble des secteur visités par les pêcheurs, et ce, tant du côté de l’estuaire que celui pour le golfe du Saint-Laurent.»
Quant au prix payé à quai en vertu du plan conjoint de mise en marché en vigueur pour le turbot, il a été établi à 1,90 $ la livre pour la saison 2020. «C’est un prix identique à celui de l’an dernier. Il a été négocié avec l’AQIP qui représente les acheteurs de turbot. Avec tout ce qui se passe du côté des marchés pour d’autres espèces plus lucratives, il est quand même intéressant de noter que la demande pour le turbot demeure bonne et ça fait l’affaire des deux parties. C’est certain que du côté des pêcheurs, nous aurions souhaité une hausse du prix au débarquement, mais en même temps nous reconnaissons tous que 2020 est une année assez spéciale avec tout ce qui entoure la COVID-19», conclut le dirigeant du RPPNG.
LES POISSONS DE FOND – page 21 – Volume 33,2 Avril-Mai 2020