vendredi, avril 26, 2024
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Mortalité de baleines noires : des pistes de solution, mais pas de recette miracle

Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a multiplié les rencontres, en novembre, pour trouver des solutions au problème de haut taux de mortalité des baleines noires, espèce menacée de disparition. Un mois plus tôt, le rapport de nécropsies qu’il avait commandé révélait que les collisions avec les navires et l’empêtrement dans les cordages de pêche au crabe des neiges sont responsables du décès d’au moins la moitié des mammifères retrouvés sans vie dans le golfe du Saint-Laurent, cet été. Et, si rien n’est fait pour les protéger davantage contre les activités humaines, les scientifiques membres du Consortium de la baleine franche de l’Atlantique Nord sont d’avis que l’espèce disparaîtra totalement d’ici 20 ans.

Le MPO, région du Québec, a d’abord consulté son comité de liaison avec l’industrie par conférence téléphonique le 2 novembre. Ensuite, le ministre Dominic LeBlanc a lui-même présidé un forum de discussion, le jeudi 9 novembre, à Moncton, où il avait convoqué tant des gestionnaires, des scientifiques, des pêcheurs que des opérateurs de navires et des représentants des communautés autochtones. S’en est suivi une réunion du Comité consultatif de gestion du crabe des neiges du sud du golfe, également à Moncton, le 15 novembre.

PAS DE SOLUTION MIRACLE

Or, selon Émilie Couture, vétérinaire membre du Réseau canadien pour la santé de la faune et cosignataire du rapport de nécropsie, il n’y a pas de solution miracle pour mieux protéger ces baleines. «On doit en savoir plus sur l’endroit où elles se trouvent, à quel moment elles arrivent, explique-t-elle. Donc vraiment, tout se base sur ce qu’il doit y avoir plus de recherche qui est faite, qui va permettre de mettre des mesures d’atténuation ciblées en place, pour qu’elles soient le plus efficaces possible tout en essayant de limiter les impacts négatifs, aussi, au niveau des activités économiques.»

Des 12 baleines noires trouvées mortes au Canada atlantique, cinq étaient des femelles. De plus, l’âge des mammifères échoués ou à la dérive variait entre deux et 37 ans, souligne Mme Couture, comme quoi ce sont des spécimens de tous âges et sexes qui sont affectés, fait-elle remarquer.

Cela dit, les pêcheurs traditionnels de crabe des neiges du sud du Golfe appellent à un début de saison hâtif, l’an prochain, afin d’éviter les interactions avec les mammifères. «Ottawa doit tout mettre en œuvre pour déglacer rapidement les ports de pêche, de sorte à favoriser la capture des quotas avant la migration des baleines noires», explique Denis Éloquin, de Grande-Entrée aux Îles-de-la-Madeleine.

Le capitaine du Jean-Mathieu croit aussi que le MPO doit limiter le nombre de casiers par pêcheur, plutôt que de l’augmenter comme il l’a fait l’an dernier, dit-il, pour instaurer une meilleure équité entre les différentes zones de pêche quant au ratio engins/quota. M. Éloquin, qui pêche dans la grande zone 12 du sud du golfe Saint-Laurent, partage également l’avis général qu’il y a trop de cordages à l’eau. «Si t’as, par exemple, 75 brasses, c’est correct. Mais si t’en mets 125 pour pêcher les cages à 35 brasses d’eau ça marche pas, là. Il va y avoir beaucoup trop de corde qui va flotter à la surface et c’est ça qui est dangereux.»

De plus, le porte-parole du Regroupement des pêcheurs professionnels des Îles, Paul Boudreau, affirme que les cordages devraient être obligatoirement lestés pour les éloigner de la surface. «La plupart le sont, souligne-t-il. Mais, il n’y a pas de réglementation spécifique à cet effet-là. Puis, il faudrait mettre sur pied une formation.»

Cependant, le capitaine du Cap Adèle milite pour le statuquo du nombre de casiers dans la zone 12F du chenal laurentien, actuellement limité à 75. Marcel Cormier ne souhaite pas, non plus, qu’on en réduise la longueur du cordage, dans cette zone où les fonds de pêche peuvent être jusqu’à deux fois plus profonds que ceux du sud du Golfe. Il explique que cela lui ferait perdre de vue ses bouées dans la houle et qu’il ne pourrait plus pêcher que lorsque c’est le calme plat. «Avec un peu plus de cordage on peut voir nos bouées dans la vague, dit-il. Tandis que si tu mets trop court, bien, tu ne vois plus les bouées. Les bouées sont en-dessous de l’eau. Elles reviennent peut-être une, deux heures par jour, qu’on peut les voir. Mais, ce n’est pas une manière de pêcher.»

Monsieur Cormier se déclare néanmoins favorable à une mesure obligatoire de lestage du cordage pour éviter qu’il ne flotte à la surface. «Il faut qu’au moins le tiers du câble soit plombé, entre la bouée et la cage posée sur le fond, et que le Ministère surveille ça. Les pêcheurs de la 12F sont déjà très bien disciplinés à cet effet», assure-t-il.

MSC REMIS EN QUESTION

Entretemps, la durabilité de la pêche au crabe des neiges, certifiée par le Marine Stewardship Council (MSC), est elle-même remise en question. Elle fera l’objet d’une réévaluation, à la lumière des nouvelles données sur le taux de décès alarmant des baleines noires, et ce, malgré le renouvellement de sa certification pour la période 2017-2022. Le problème, c’est que cette recertification a été approuvée avant que le taux inédit de mortalité des mammifères ne commence à faire les manchettes. Aussi, SAI Global, l’auditeur indépendant retenu par MSC, a-t-il reçu le mandat de mettre à jour son évaluation une fois que le MPO aura lui-même fait connaître ses nouvelles mesures de gestion de la pêcherie.

À ce propos, Daniel Desbois, président de l’Association des crabiers gaspésiens, s’attend à être fixé pour la fin décembre. «On espère, et les gens du MPO espèrent ça avant les Fêtes; ils semblaient dire, pour laisser à tout le monde le temps de se préparer, et c’est sûr, aussi, pour avoir quelque chose qui est acceptable, qui est comparable à ce qui a été fait ailleurs», souligne le capitaine du Jean-Yvan II.

Parmi les nouvelles mesures attendues, M. Desbois prévoit l’instauration d’un système d’identification des cordages par zone de pêche, comme cela se fait déjà aux États-Unis. «Pour nous autres, c’est presque déterminé que ce sera orange ou un «mix» de deux couleurs. Il reste à déterminer où les placer et à quelle distance; si on en met une, on va dire, aux cinq brasses, aux 10 brasses, aux 20 brasses.»

LES PÊCHEURS IRRITÉS

Autrement, les mesures de gestion dites temporaires, qui ont été imposées pendant la migration des baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent cet automne, ont contrarié les pêcheurs madelinots au plus haut point. Le MPO a notamment imposé une limite de 20 brasses à leurs activités de pêche au buccin et au crabe araignée, ce qui les a privés de leurs fonds traditionnels.

Jody Turnbull, capitaine du Miss B. Hazen de Grosse-Île, fait valoir qu’il pêche habituellement le buccin à des profondeurs allant jusqu’à 24 brasses. Même chose pour le capitaine du Kelly’s Pride, Pierre Chevrier, tout à la fois pêcheur de crabe araignée et de crabe des neiges. «Pour moi, on crée un précédent en interdisant d’aller à 22-23 brasses, s’inquiète-t-il. Ça fait que quand va arriver la gestion pour le crabe des neiges au printemps, s’il commence à y avoir présence de baleines dans le Golfe et qu’on y va avec la même formule, je crois qu’il y a lieu de se poser de sérieuses questions.»

Antoine Arseneau, de la Pointe-Basse, pêche quant à lui le crabe commun, une espèce qui se pêche en eaux moins profondes. Ce capitaine du Julie-Soleil n’en déplore pas moins le décalage de sa saison, pour éviter les interactions avec les baleines noires; ce qui lui a fait perdre une rare fenêtre de beau temps, à la fin du mois d’août. «Au début septembre, on était pris dans des tempêtes après tempête, surtout du côté sud; le vent était sud et assez fort. Et on envoie les pêcheurs dans le mauvais temps; pêcher pour essayer de prendre leur quota avec du mauvais temps qui est dangereux pour le pêcheur, et ce, pour une baleine qui probablement ne viendra pas alentour des Îles. Parce que si elle vient à 20 brasses, c’est qu’elle est déjà perdue, affirme M. Arseneau. Ça fait que je pense qu’en quelque part, il y a quelque chose qui ne marche pas, là.»

Quoi qu’il en soit, le ministre des Pêches et des Océans prévient que des mesures plus strictes seront adoptées l’an prochain afin de respecter les engagements internationaux du Canada pour la protection de la baleine franche de l’Atlantique Nord. Ces mesures viseront tant les pratiques de pêche que les engins et les équipements utilisés.

ACTUALITÉS – pages 4 et 5 – Volume 30,5 – Décembre 2017-Janvier 2018

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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