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L’heure de la retraite a sonné pour le réputé chercheur scientifique Milke Hammil, de l’Institut Maurice-Lamontagne

Le réputé chercheur scientifique Mike Hammill spécialisé en mammifères marins, de l’Institut Maurice-Lamontage (IML), a pris sa retraite le vendredi 16 septembre. Il œuvrait au sein du centre de recherche du ministère des Pêches et des Océans (MPO) à Mont-Joli depuis 1988. Le biologiste formé à l’Université de Guelph, dans sa ville natale de l’Ontario, et qui a ensuite fait sa maîtrise et obtenu son doctorat à l’Université McGill de Montréal, était la référence des pêcheurs et des chasseurs Madelinots en ce qui concerne les phoques gris et du Groenland.

Mais alors que c’est le phoque du Groenland qui avait fait les beaux jours de l’industrie de chasse aux Îles-de-la-Madeleine dans les années 1950-1980, M. Hammill raconte qu’à son arrivée à l’IML, en début de carrière, c’est plutôt aux phoques gris qu’il s’est intéressé, parce que l’espèce était encore méconnue. D’autant plus qu’à l’époque, la chasse aux phoques du Groenland était elle-même moribonde en raison de l’interdiction d’abattre les blanchons, décrétée en 1987, dans la foulée de la Commission royale d’enquête présidée par le juge Albert H. Malouf.

«Quand j’ai commencé, je me suis penché sur le régime alimentaire des phoques gris, rappelle le chercheur. J’ai commencé à regarder ça et à évaluer combien de phoques il y avait dans le golfe du Saint-Laurent, et où ils se promènent. L’industrie s’inquiétait aussi de l’aspect de la transmission de leurs parasites aux poissons de fond, en particulier la morue. Et je me souviens avoir fait un échantillonnage de 200 estomacs de phoques du Groenland, avec l’aide des chasseurs Ghislain Cyr et Denis Cormier, à la suggestion du directeur de secteur, Roger Simon, pour voir s’ils se nourrissaient de crabe des neiges. Seulement un ou deux en avait dans leur contenu stomacal, mais une femelle était ressortie du lot avec cinq crabes dans son estomac.»

Puis, c’est avec les efforts de relance de l’industrie de la chasse commerciale aux phoques du Groenland dans l’archipel, dans les années 1990, que s’est ouverte une nouvelle porte d’opportunités de recherches pour Mike Hammill. «Je n’y voyais pas beaucoup d’importance au début, mais c’est devenu un de mes plus importants dossiers pendant une période de 15 ans, soit près de la moitié de la durée de ma carrière, relate-t-il. J’ai travaillé beaucoup sur le phoque du Groenland et les évaluations d’abondance. C’était intéressant. J’ai bien aimé ça et ça m’a permis d’apprendre bien des choses des chasseurs.»

Son travail sur les mammifères marins du Golfe a aussi permis au chercheur de l’IML de côtoyer le phoque à capuchon et de développer un programme de recherche de plusieurs années. «C’est une espèce qui n’est pas très présente dans le Golfe, mais qui est quand même fascinante, affirme-t-il. Les mâles, qui pèsent 500 kg, peuvent plonger sur une profondeur d’un kilomètre et rester 45 minutes sous l’eau! Quant aux chiots, ils doublent de poids, passant de 22 kg à 44 kg, et sont sevrés après seulement quatre jours.»

RELATIONS AMICALES ET PROFESSIONNELLES

M. Hammill se réjouit des relations cordiales qu’il a entretenues avec les chasseurs et pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, dont certains sont restés de bons amis, et ce, même s’ils ne partageaient pas toujours les mêmes opinions. «J’ai beaucoup travaillé avec eux et j’essayais de les aider comme je pouvais, dit-il. Au niveau professionnel, souvent, on n’était pas d’accord avec les résultats, mais c’était correct aussi. Nous avions toujours des discussions respectueuses. On pouvait dire ‘’je ne suis pas d’accord avec toi’’ pendant les réunions, mais après, on prenait notre bière ensemble!»

Le chercheur de l’IML spécialisé en mammifères marins fait valoir qu’il a lui-même obtenu de l’aide des pêcheurs, en particulier de la part de Ghislain Cyr, de l’Étang-du-Nord, quand il a décidé de se pencher sur la colonie de phoques gris de l’Île Brion, dont la population a explosé dans l’Est du Canada au cours de sa carrière, passant d’une dizaine de milliers dans les années 1960 à plus de 366 000 aujourd’hui. «D’un côté, pour les animalistes, c’est un succès de conservation et pour les pêcheurs c’est une espèce nuisible, explique-t-il. Puis, on a réussi à démontrer que la prédation par le phoque gris ralentit le rétablissement de la morue dans le golfe du Saint-Laurent. Ça a pris beaucoup d’ouvrage. Et plus récemment, je voulais examiner les phoques de l’île Brion de plus près, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. C’est Ghislain qui m’a dit ‘’je sais comment on pourrait faire’’ et c’est lui qui a développé l’approche qui nous a permis de faire un travail vraiment excitant. Et ça, c’était super cool!»

Mike Hammill se félicite également de ce que le projet sur les phoques gris de l’Île Brion, devenue une des plus importantes colonies du Golfe, ait récemment mené à des travaux de recherche sur les interactions avec les requins blancs, de plus en plus nombreux dans le Golfe en été, en raison des changements climatiques. Il précise que l’idée lui est venue il y a trois ans, et que c’est grâce aux connaissances en télémétrie et à l’enthousiasme du jeune chercheur qui lui succède à l’IML, Xavier Bordeleau, spécialisé en écologie du phoque depuis 2019, qu’ils ont pu développer le programme de recherche en cours depuis l’année dernière. «Les phoques deviennent une proie importante pour les requins et je pense qu’on est sur une piste vraiment intéressante, souligne le scientifique à la retraite. Ça va être important de documenter l’impact que ce nouveau changement dans l’écosystème aura sur la croissance, le comportement et la distribution de la population de phoques gris. Si la pression de la prédation des requins sur les phoques devient intense, peut-être que ça les amènera à se déplacer vers des lieux où il y a moins de requins.»

CHANGEMENTS CLIMATIQUES

M. Hammill note d’ailleurs que les changements climatiques ont également teinté ses travaux de recherche sur les phoques, au fil des ans. Il a notamment constaté que les températures douces, l’hiver, favorisent les phoques gris parce que ça leur donne accès à de nouvelles îles pour la mise bas. «Les petits ont un meilleur taux de survie quand il fait plus chaud, dit-il. Et parce que le phoque gris peut mettre bas sur la terre ou sur la glace, ça a vraiment changé l’optique. Par exemple, à l’île Brion, on n’avait que 40 naissances il y a 10 ans, et là on est rendus à 6 000 par année. On voit aussi une petite colonie à Anticosti, maintenant, alors qu’avant ce n’était pas possible parce que c’était trop froid.»

Le phoque du Groenland, lui, ne met bas que sur la banquise. Selon Mike Hammill, cela pourrait éventuellement le conduire à rester en Arctique pour la saison des naissances, une situation qui l’exposerait à un autre changement dans son écosystème, soit la prédation par les ours polaires. «Pour des raisons qu’on ne comprend pas, le phoque du Groenland ne veut pas utiliser la terre pour la mise-bas. Il n’est pas capable de s’adapter. S’il n’y a pas de glace, il a de la misère. Et avec la fréquence des hivers sans glace qui a beaucoup augmenté, on voit moins d’animaux autour des Îles-de-la-Madeleine et ça diminue nos chances de faire des études sur eux. Je pense aussi qu’on va commencer à voir des changements au large de Terre-Neuve. Ça va être quelque chose à surveiller dans le futur.»

Du reste, le scientifique nouvellement retraité se promet de continuer à prêter main forte aux travaux de recherche de l’IML sur les mammifères marins. «Je vais rester dans le coin et j’espère avoir un statut de chercheur émérite pour aider avec leurs projets tant les jeunes, comme Xavier, que les moins jeunes. Je serai peut-être moins actif, mais je pourrais être de bon conseil, parce qu’avec le temps, on amasse beaucoup d’expériences et d’observations sur le terrain et je peux aider avec ça.»

M. Hammill confie aussi avoir un intérêt pour le béluga du Nord du Québec, qui pourrait l’amener au Nunavik. Il planifie également profiter de sa nouvelle liberté pour voyager pour le simple plaisir, pour naviguer sur le fleuve sur son bateau en été, et rendre visite à ses amis madelinots de longue date. On lui souhaite un bon repos!

REPÈRE – page 23 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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