vendredi, avril 19, 2024
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Écoulement lent du crabe des neiges et du homard transformés

L’année 2022 devait être l’année de tous les records dans le secteur du crabe des neiges. Les prix offerts aux pêcheurs devaient atteindre des seuils jamais vus, et comme les quotas étaient élevés dans le sud du golfe Saint-Laurent, il était permis de penser que les pêcheurs encaisseraient eux aussi des revenus records, les références à un éventuel prix de 10 $ la livre étant nombreuses à l’aube de la saison.

Les prix de 8,25 $ et 8,75 $ la livre offerts en début de saison, selon que les bateaux étaient équipés de cale à glace ou de cale à eau, n’ont duré qu’une semaine avant de perdre un dollar la livre, et quelques jours plus tard, ces prix frôlaient les 6 $. Ce fléchissement rompait avec la longue tradition voulant que le prix de départ soit généralement ajusté à la hausse, parfois dans le courant de la saison, souvent seulement en fin d’année.

Le crabe des neiges s’est finalement écoulé lentement depuis avril, à un point tel que les usines de transformation de l’est du pays, dont les usines gaspésiennes, ont parfois d’importants inventaires à vendre en ce début d’automne. Les acheteurs américains, qui dominent, les achats de crustacés canadiens congelés, n’étaient manifestement pas aussi pressés d’acquérir des produits que le contexte le laissait croire au début du printemps.

«C’est l’information qu’on n’avait pas non plus, au «show» (foire des produits marins) de Boston en mars. Il y avait plus de stocks en inventaire que les gens laissaient entrevoir. Le boycott des produits russes, décrété après le début de la guerre en Ukraine, a fait chuter les prix du crabe. Les Russes en ont largué le plus possible sur le marché américain avant la date butoir du 23 juin, et pour écouler, ils l’offraient moins cher pour vendre leurs produits. Il faut avouer que les prix étaient un peu élevés jusque-là pour les consommateurs», analyse Bill Sheehan, vice-président de l’entreprise E. Gagnon et Fils, le plus gros transformateur de crustacés de la Gaspésie.

UN DÉFI D’ENTREPOSAGE

«On arrive à la fin de ça, des inventaires de produits russes stockés pendant les trois mois précédant le 23 juin. On est loin des niveaux de prix de l’an passé. On est revenus en 2020, à la première année de la pandémie, et peut-être pire, quand on a commencé cette saison-là et qu’il n’y avait pas d’hôtels, de casinos et de restaurants ouverts. Ce sont un peu les mêmes joueurs, les mêmes acheteurs, les mêmes producteurs qui négocient. Par manque de capitaux, les compagnies ont écoulé des produits, ou pour faire de l’espace, parce qu’il manquait de place dans les entrepôts frigorifiques. Cette année représente un défi d’entreposage pour les producteurs (…) Ce qu’on possède en espace est pris. Il a fallu regarder en Ontario, au Québec et aux États-Unis pour en trouver. On a de bons espaces à notre usine de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, mais loin de nos besoins de cette année», explique M. Sheehan.

Le même écoulement lent du homard transformé est observable chez E. Gagnon et Fils.

«Le homard, c’est complémentaire. On le retrouve beaucoup chez les mêmes distributeurs, dans la même section chez les épiciers. Dans le crabe, c’est la première fois depuis 2010 qu’on vit ça, un contexte où il n’y a pas d’acheteurs qui se précipitent sur les produits. On n’a pas eu le choix de vendre à perte des fois. On a payé cher notre matière première et le prix a chuté plus vite qu’on a réussi à le vendre», précise Bill Sheehan.

Mis à part l’aspect transformation des produits marins, «qui s’est bien déroulé», il voit quand même un autre élément positif dans le déroulement des ventes du printemps et de l’été, dans le secteur du homard.

«La vente de homard vivant au Québec a bien été; les chaînes ont bien fait. C’est l’exportation qui donne des problèmes. Les compagnies qui font les deux espèces n’ont souvent plus d’espace d’entreposage ou plus de capitaux, et elles demandent 25 ou 50 cents de moins pour vendre. Les acheteurs américains en ont profité; ils achètent à la semaine, sachant que le prix ne sera pas très différent la semaine suivante, ou qu’il sera moins cher», insiste Bill Sheehan.

LES FACTEURS INCONTRÔLABLES

«Le taux de change, l’inflation, la guerre en Ukraine, la fermeture de zones à cause des baleines, on ne contrôle pas grand-chose, en bout de ligne. Toutes les protéines ont augmenté, le poulet, les viandes et on a eu une grosse chute de prix. On pourra peut-être reprendre notre place quand les gens compareront. Ce n’est pas un désastre, mais c’est une année à oublier. On compte les jours du calendrier pour que l’année finisse. On a hâte de tourner la page sur cette année», décrit M. Sheehan.

Les temps sont durs pour quelques transformateurs un peu partout dans l’est du Canada, mais Bill Sheehan assure que pour E. Gagnon et Fils, «il n’y a pas d’inquiétude à avoir. On sera là l’an prochain».

Est-ce que la dure période dans laquelle passent les transformateurs de crustacés s’étirera au cours de l’hiver à venir?

«On espère que non. Depuis les deux dernières semaines, le marché est à la hausse. Ce n’est rien pour écrire en vert les résultats de l’année (assurer la rentabilité de 2022), mais le taux de change nous est favorable. Il est à 1,37 (dollar canadien pour un dollar américain) et le taux était à 1,30 $ il y a une semaine. Le marché est sur une pente montante. Dans le crabe, les frontières sont fermées pour les importations russes. Il va manquer 28 millions de livres de crabe sur le marché américain cette année. Tout dépendra de l’inflation et de ce qui restera disponible dans les poches des Américains. Il faut regagner les paniers d’épicerie et les menus des restaurateurs. Commencer la prochaine saison sans inventaire serait un tour de force», décrit Bill Sheehan.

Les attentes restent modestes pour les résultats financiers de 2022. «On va espérer faire nos frais. Il reste deux mois pour y arriver. Ça restera une année difficile, mais il n’y aura peut-être pas de pêche cet hiver en Alaska. En théorie, le crabe russe ne devrait pas entrer sur le marché américain en 2023. On pensait avoir une grande année en 2022 et c’est une année difficile. On anticipe une année difficile en 2023, mais peut-être que ce sera vraiment mieux», souhaite Bill Sheehan.

UNE ANNÉE DE CORRECTION DU MARCHÉ

Chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, le président, Roch Lelièvre, note aussi que la différence entre 2021 et 2002 est résolument tranchante. L’entreprise transforme quelques millions de livres de homard par année.

«Les produits congelés sortent lentement. Le homard vivant a bien sorti. C’est du côté américain que c’est le plus difficile. Il n’y a pas d’inventaires, à mon avis, sur le marché américain. Ils commandent à mesure. Les prix ont beaucoup baissé sur le marché. C’est comme une grosse correction. Les acheteurs travaillent pour garder le prix bas. Ils achètent ce qu’ils peuvent vendre rapidement. On a déjà vu quelque chose du genre. Ça dépend des années. J’appelle ça des années de correction quand on vit ça, mais c’était une très grosse correction», explique M. Lelièvre.

Bref, les acheteurs américains, au lieu de prendre à leur charge des inventaires au sud de la frontière, laissent les usines canadiennes gérer les volumes invendus, sachant qu’ils pourront trouver du produit quelque part, résume-t-il. «Une chance que c’était bon en Europe cette année», ajoute-t-il.

Quand Pêche Impact lui demande si 2022 sera rentable dans la transformation du homard, il hésite. «C’est serré. Avec le prix qui est sur le marché, on pourrait vendre à perte. Entre l’année passée et cette année, c’est le feu et l’eau. L’an passé, on n’avait pas fini d’emballer et c’était parti vers les clients. Cette année, les entreprises attendent à la dernière minute»¸ conclut Roch Lelièvre.

MISE EN MARCHÉ – page 8 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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