jeudi, avril 25, 2024
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Une fin de saison très forte pour les homardiers compense pour un lent début

En Gaspésie, le début de saison 2022 dans le homard laissait craindre une chute assez forte des prises et des revenus globaux associés à cette pêche. Plusieurs des 10 premiers jours de capture ont été annulés par le mauvais temps, mais les homardiers ont finalement terminé la saison avec un léger fléchissement de 2,43 % des prises et de 7,15 % des revenus totaux, par rapport à 2021, l’année de tous les records.

Les homardiers gaspésiens ont ainsi débarqué 3 706,2 tonnes métriques de crustacés cette année, comparativement à 3 798,4 tonnes en 2021, en gros, un fléchissement de 92 tonnes métriques. Les revenus à quai découlant de ces prises ont atteint 64,9 millions $ en 2022, c’est-à-dire 5 M$ de moins que les 69,9 M$ de 2021. Ces données excluent les prises des Gaspésiens évoluant à l’île d’Anticosti.

La surprise a été significative pour O’Neil Cloutier, directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, qui représente les détenteurs de permis de capture du homard.

«C’est quand même une très, très bonne saison, la deuxième meilleure à vie des homardiers gaspésiens. Considérant le début très lent, ça signifie seulement 200 000 livres en moins, pour 160 détenteurs de permis. Les captures totalisent 8 170 000 livres. C’est quatre fois plus qu’en 2010. Je ne pense pas qu’on n’ait rien d’autre à redire de la saison 2022», explique M. Cloutier.

La hausse des captures ne s’est pas manifestée dans l’ensemble des sous-zones bordant la côte gaspésienne, note-t-il.

«C’est le centre, la grande zone 20, qui a généré les pertes et ce sont les extrémités qui ont comblé ces pertes. Les réductions de captures se sont concentrées dans la zone 20, qui couvre la côte de Gaspé à Bonaventure Est, essentiellement dû au début de saison exécrable, surtout les 10 premiers jours», précise O’Neil Cloutier.

Selon les données fournies par le ministère fédéral des Pêches et des Océans, données qui resteront préliminaires encore quelques mois, les prises sont passées de 3 090,8 à 2 868,4 tonnes métriques dans la zone 20 entre 2021 et 2022. C’est une chute de 222,4 tonnes, donc plus que le fléchissement dans les quatre zones gaspésiennes.

Ainsi, les prises ont été tellement bonnes dans les «extrémités», les zones 19 et 21, que ces deux secteurs ont assez nettement établi des records en 2022. Il est vrai que la pêche y a démarré au moins une semaine plus tard, et parfois davantage, ce qui a permis aux homardiers de ces zones d’échapper aux pires éléments.

Dans la zone 19, qui couvre le côté nord de la Gaspésie, les prises sont passées de 417,2 à 470,1 tonnes métriques, une hausse de 12,7 %. Dans la zone 21, du fond de la baie des Chaleurs, les captures ont grimpé de 290,5 à 367,7 tonnes métriques, une belle augmentation de 26,6 %.

DÉBUT DE SAISON TÔT OU TARDIF?

O’Neil Cloutier précise que les pêcheurs doivent faire une sorte d’arbitrage le printemps, quand vient le temps de se prononcer sur la pertinence de commencer la saison tôt ou pas.

«Il faut se rappeler que lors des hivers avec beaucoup de neige, ça ne sert à rien de commencer très tôt, sauf si mars montre des signes de beau temps», dit-il, en notant que 2022 a été un hiver abondant en neige, et que des chutes de neige ont ponctué la fin d’avril et même le début de mai. La pêche a été lancée le lundi 25 avril pour la mise à l’eau, avec les premiers débarquements le lendemain.

Mettre les casiers à l’eau une semaine plus tard risquerait de faire perdre au homard gaspésien la primeur qu’il possède sur les marchés, puisqu’il est régulièrement le premier homard à se rendre dans les grands centres, avec l’avantage d’un prix plus élevé en raison de l’excitation des consommateurs. 

«C’est toujours l’enjeu, la primeur. Je pense qu’il faut composer avec ça. Une année sur deux, il faut apprendre à s’adapter. Une année sur deux, on ne sera peut-être pas les premiers sur le marché. C’est ça, ou on commence toujours à la même date. Avec les baleines noires, on ne sait jamais s’il y en a une qui sera tentée de s’approcher de la côte, même si ce n’est jamais arrivé ici», remarque M. Cloutier. 

L’année 2022 suggère une abondance de ressources pour le moins rassurante, dit-il.

«La ressource est en bonne santé, mais à cause du climat, la dernière semaine de pêche était meilleure que les deux premières semaines ensemble. Les premières semaines sont habituellement les meilleures. C’est très surprenant (ce qui est arrivé cette année), mais c’est tant mieux», souligne-t-il.

Le prix moyen a aussi atteint un seuil fort avantageux pour les pêcheurs. L’abondance de prises en fin de saison a donc constitué un apport important pour le secteur de la capture, d’autant plus qu’à la fin de juin et au début de juillet, la tenue de plusieurs fêtes tend à gonfler le prix sur les marchés canadiens et américains.

«Le prix a remonté un peu en fin de saison. On a fini à 7,95 $ de moyenne, comparativement à 8,35 $ l’an passé. On n’a donc pas battu le record de 2021, mais on est rendu dans le haut de la moyenne historique. C’est proche de 8 $. Ça suivait un record, celui de 2021, alors qu’il y avait beaucoup d’argent dans les poches des consommateurs en raison de tous les programmes d’aide contre la pandémie, tant par le gouvernement canadien que par le gouvernement américain», analyse O’Neil Cloutier.

DIFFICILE DE FAIRE DES PRÉDICTIONS

Il n’ose pas pour le moment faire de prévision pour 2023, se limitant à décrire les phénomènes qui pourraient changer la mise.

«L’an prochain, on pourrait avoir un scénario complètement différent. Si la guerre s’intensifie en Europe, et si ça déborde sur des problèmes plus grands, et qu’on entre dans un climat de guerre plus étendue et de récession, ce sera plus difficile. Il faut être conscient de ça. Cette année, les deux variables sont optimales pour les pêcheurs, le prix et les quantités. C’est très difficile de demander mieux. Pour avoir un bon prix, il faut de la prévisibilité, il faut que les consommateurs sachent s’ils pourront se procurer le produit», dit-il.

À part la stabilité mondiale, la menace de barrières commerciales par les États-Unis quant à l’entrée des crustacés constitue l’autre inconnue qui insécurise les homardiers gaspésiens.

La sortie du groupe environnemental américain Sea Watch au cours de la première quinzaine de septembre alimente cette insécurité. Ce groupe avance que le Canada ne déploie pas suffisamment de mesures pour protéger les baleines noires.

«Ce sont des groupes ultra puissants, ces environnementalistes. Sea Watch est basé en Californie. Ils financent les deux grands partis américains. Ils ont réussi un tour de force, se faire entendre et réclamer, puis l’obtenir, des mesures potentielles pouvant avoir des graves conséquences sur l’entrée des crustacés canadiens sur le marché américain. La dernière fois, ils avaient agi contre le Mexique et son industrie du poisson de fond, pour sauver une espèce de dauphin en danger. Le marché américain est pas encore ouvert aux produits mexicains», précise M. Cloutier.

«Le problème, à Sea Watch, c’est qu’on ne fait pas la distinction entre une pêche semi-hauturière du homard, celle pratiquée en Nouvelle-Écosse, dans la partie du Nouveau-Brunswick située dans la baie de Fundy, et au Maine aussi, et le fait qu’on a ici, en Gaspésie, la pêche côtière la plus côtière qui soit. Il est démontré qu’il n’y a pas de baleines dans notre espace», ajoute-t-il.

«Dans la logique de Sea Watch, tous les pêcheurs sont visés. Si une baleine est prise là (dans la baie de Fundy, en pêche semi-hauturière) dans un engin de pêche au crabe, au homard ou au poisson de fond, tout le monde est pénalisé. L’exportation est arrêtée et ça nous touche», dit-il.

O’Neil Cloutier tient à réitérer son appui pour la protection de la baleine noire.

«Il doit y avoir des groupes environnementalistes qui ramènent le balancier, mais il n’y a pas assez de nuance dans la négociation. Nous avons été dans les groupes de pêcheurs qui ont participé dès 2018, un an après la crise de la baleine noire de 2017, aux premiers essais sur des engins qui les protégeraient, même si nous n’en avons jamais vu le long de nos côtes. Le mécanisme du lien faible est à l’essai sur 30 % de nos lignes de casiers. En 2023, ce sera testé sur 50 % de nos lignes. Il faut procéder par étape. Le gouvernement fédéral doit négocier une plus grande souplesse des règles. À 50 %, si on démontre qu’il n’y a pas d’impact sur nos engins, ce sera plus facile d’aller à 100 %. On a incité fortement les organisations à s’impliquer. Nous, on l’a fait pour correspondre à la mesure américaine, mais certains groupes ne l’ont pas fait. On ne voit pas pourquoi on serait pénalisés comme ceux qui n’ont rien fait», conclut-il.

LA GASPÉSIE – page 10 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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