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Baleines noires : le tiers de la population mondiale identifié en eaux canadiennes en 2021

Au moins 120 baleines noires de l’Atlantique nord, soit environ le tiers de la population mondiale désormais estimée à 336 individus, ont été identifiées en eaux canadiennes en 2021, majoritairement dans le golfe du Saint-Laurent. Les observations proviennent de la surveillance aérienne tant des ministères canadiens des Transports et des Pêches et des Océans (MPO), que de la NOAA, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique.

Leurs photos sont toutes validées par le New England Aquarium de Boston, qui maintient un catalogue d’identification depuis 1935, explique Jean-François Gosselin, biologiste de la section des mammifères marins à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), chargé du suivi aérien de l’espèce menacée de disparition.

«Certaines des photos ont été prises aussi tard qu’en début novembre, indique-t-il. Et l’analyse des photos qu’on leur a envoyées est toujours en cours; ce n’est pas terminé. Alors, on est rendu autour de 120 individus identifiés, et ce n’est pas impossible qu’avec les photos prises cet automne, on en identifie davantage d’ici Noël. En 2018 et 2019, on a eu un peu plus de 130 individus-photo identifiés dans le golfe du Saint-Laurent.»

SUIVI ASSIDU

Depuis les très nombreuses mortalités de baleines adultes enregistrées en 2017, dont 12 dans le Golfe, le MPO a mis en place un programme de suivi assidu des mammifères, pour en déterminer le nombre et la distribution. M. Gosselin explique que le ministère se limitait jusque-là à de grands relevés aériens sporadiques, menés notamment en été dans le Golfe en 1995 et 1996, puis au large de la côte est canadienne en 2007 et 2016. Or, c’est la NOAA qui a remarqué, vers 2015, leur présence en grand nombre dans la vallée de Shédiac, à 40-50 milles des côtes du Nouveau-Brunswick, soit à une distance insoupçonnée du circuit habituel des entreprises locales d’observation touristique en mer, relève le biologiste.

«Les Américains ont commencé à venir faire un tour au Canada quand, à partir de 2010, le nombre d’individus qu’ils voyaient sur les sites habituels du golfe du Maine, de la baie de Fundy et du bassin Roseway a commencé à diminuer et qu’on a pressenti une migration vers le nord en raison des changements climatiques et des observations occasionnelles dans le Golfe», dit-il.

En raison des risques accrus d’empêtrement dans les cordages pendant la saison de pêche au crabe des neiges, le MPO utilise deux avions plutôt qu’un seul, «pour avoir une meilleure résolution» de la distribution des baleines noires dans le Golfe en mai, juin et juillet, poursuit Jean-François Gosselin. Et, en 2021, grâce à un apport de financement additionnel, son équipe a aussi utilisé deux avions tout au long du mois de septembre. Elle a ainsi complété l’équivalent de neuf relevés du sud du Golfe, se félicite le biologiste de l’IML. «Mais on ne peut pas avoir un avion partout en continu; idéalement on aimerait avoir plusieurs instantanés de la distribution, mais la réalité c’est que ça ne se fait pas de façon instantanée.»

Pour compléter le tableau, le ministère a aussi un réseau de sept stations acoustiques qui enregistrent à l’aide d’hydrophones les sons sous-marins incluant les vocalisations qui sont particulières aux baleines noires. Ces données en temps réel sont transmises en continu par cellulaire ou satellite, d’avril jusqu’à la formation des glaces dans le Golfe. Deux des bouées océanographiques utilisées sont situées dans la vallée de Shédiac, et les autres sont sur les bancs Parent et des Américains, au nord de la Gaspésie, au nord-nord-ouest des Îles-de-la-Madeleine et au sud de l’archipel entre la pointe est de l’Île-du-Prince-Édouard.  

«Les premières observations sont au nord des Îles, au début de la saison, et après cela elles s’installent dans la vallée de Shédiac, raconte Jean-François Gosselin. Mais après ça, quand la concentration disparaît dans la vallée de Shédiac, il y a une période où on voit les baleines un petit peu partout. Il y en a qui se rapprochent des côtes nord-ouest des Îles, et il y en a qui vont dans le nord-ouest du Golfe dans le coin d’Anticosti. On a aussi eu deux années, en 2019 et 2021, où on a eu plus d’observations au sud des Îles en septembre, octobre. Ce qui fait que le patron de migration des baleines à la fin de la saison est moins clair.»

RÉSEAU ACOUSTIQUE CIRCULAIRE

Afin de bonifier la collecte de données en temps réel sur la distribution des baleines dans le sud du Golfe, l’Institut Maurice-Lamontagne est à développer de nouveaux réseaux acoustiques circulaires. Le système est élaboré par le chercheur Yvan Simard, titulaire de la chaire de recherche du MPO en acoustique marine appliquée à la recherche sur l’écosystème et les mammifères marins de l’Université du Québec à Rimouski. Il permettra non seulement de détecter la présence des baleines, mais aussi leur position précise dans le Golfe, souligne Jean-François Gosselin.

«Le réseau circulaire, c’est une série d’hydrophones organisés en réseau, expose-t-il. Et, comme il y a plus d’hydrophones qui écoutent, le réseau est plus puissant et est capable de distinguer les vocalisations des baleines noires des sons qui sont parfois jugés indistincts. Et en plus, en fonction du temps que le son arrive aux différents hydrophones, il est capable d’identifier de quelle position     exacte les vocalisations proviennent. Donc, on aura possiblement une meilleure idée du nombre de baleines différentes ou des positions différentes des vocalisations, alors que présentement, avec les enregistrements sur lesquels on entend plusieurs baleines au cours d’une journée, on est   incapable de faire la différence à savoir si c’est une baleine qui transmet souvent ou s’il y a plusieurs baleines qui transmettent toujours au même rythme.»

Selon M. Gosselin, une telle station de réception placée au large de la pointe de la Gaspésie, par exemple, pourrait possiblement permettre d’étendre le monitorage jusqu’au nord de la vallée de Shédiac. Pour sa part, Yvan Simard prévoit qu’un premier réseau sera en opération dans la région de Percé à compter de l’automne 2022.

MODÉLISATION DE L’HABITAT

De plus, avec les données qu’il cumule avec son suivi des baleines noires depuis 2018, Jean-François Gosselin est à développer une modélisation de leur habitat. Le biologiste cherche ainsi à documenter les différentes caractéristiques environnementales des sites où on en retrouve d’importantes agrégations, comme dans la vallée de Shédiac en juin et juillet. «Par exemple, ça va peut-être permettre d’expliquer pourquoi l’agréation s’est dispersée plus tôt en juillet 2020, qu’en 2019, et s’il y a des conditions océanographiques, température d’eau, salinité ou des changements qui sont associés avec cette disparition de l’agrégation dans le sud du Golfe.»

D’autre part, pour avoir une meilleure compréhension de ce qu’il observe du déplacement des baleines, le biologiste documente aussi les caractéristiques environnementales des régions d’où elles sont absentes. «Il faut modéliser ailleurs, pour être capable de comparer les conditions que recherchent les baleines au fil de la saison, fait-il remarquer. On participe aussi à la modélisation du Calanus dont se nourrissent les baleines noires, sur laquelle travaille le chercheur scientifique Stéphane Plourde. Ça va nous permettre de dire avec quelles densités de Calanus dans les modèles, les baleines étaient présentes ou pas.»

Tous ces travaux de modélisation devraient donner des résultats au cours de la prochaine année ou, au plus tard, au début de 2023, prévoit Jean-François Gosselin. «Une meilleure compréhension de la distribution des baleines et un suivi en continu va éventuellement nous permettre de prévoir les zones où elles pourraient se concentrer, afin de mettre en place les mesures de gestion qui seraient plus efficaces pour leur protection et plus efficaces, aussi, pour réduire les impacts sur les activités de pêche. C’est ça qu’on vise.»

Du côté du bureau du MPO à Ottawa, on nous informe qu’il faudra patienter jusqu’en février pour connaître les mesures de gestion qui seront mises en place en 2022, pour protéger les baleines noires. Le sujet a fait l’objet de discussions lors de la réunion annuelle du Comité consultatif sur la baleine noire de l’Atlantique nord, tenue sur Zoom, les 30 novembre et 2 décembre, au moment où Pêche Impact se préparait à aller sous presse.

MAMMIFÈRES MARINS – pages 39 et 40 – Volume 34,5 Décembre 2021-Janvier 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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