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Dame Nature a ralenti les activités des pétoncliers madelinots

Dominée par le vent et repoussée d’une semaine à cause des glaces, la saison de pêche au pétoncle connait un lent début aux Îles-de-la-Madeleine. Selon les statistiques préliminaires de Pêches et Océans Canada, les volumes de chair débarquée étaient en baisse de 5 %, aux Îles, après les trois premières semaines. Les 20 pêcheurs actifs en avaient livré près de 22 400 kilos, en date du 24 avril, contre près de 24 000, un an plus tôt.

Les rendements par voyage de pêche sont eux-mêmes en baisse de 26 %, toujours selon les données préliminaires. Or, comme Pêches et Océans n’a pas encore complété le traitement des informations   issues des journaux de bord des pétoncliers, sur la durée de chaque sortie en mer, par exemple, toute comparaison avec l’an dernier doit être prise avec un grain de sel.

D’ailleurs, depuis 2019, les Madelinots sont désormais autorisés à pêcher le pétoncle sept jours sur sept, alors que, jusque-là, ils devaient rester à quai le dimanche.

Ce qui fait dire au capitaine du Pierre-Charles, Gabriel Chiasson, que la situation est relativement stable par rapport à 2018. «Ça se passe bien, dit-il. Si Dame  Nature était clémente, ce serait encore mieux, mais on fait avec. Les prises varient de 300 à 600 livres selon les journées, mais une bonne journée, on dirait entre 400 et 500 livres.»

Quant au prix payé à quai par les usines, il est de 12 $ la livre, pour l’instant. C’est le même prix qu’en début de saison 2018, qui s’était clôturé à 14 $, précise le capitaine Chiasson. «Il commence à ce prix-là, et on souhaite d’avoir mieux, mais on n’est jamais sûr.» Son collègue Claude Déraspe, capitaine du SABRINA-KRISTA,   espère quant à lui un prix supérieur à celui de l’an dernier. «Je voyais récemment une poissonnerie des Îles qui vendait le pétoncle à 39,99 $ pour 400 grammes, alors que le pêcheur reçoit une quinzaine de dollars la livre; ça n’a pas de bon sens! Ce n’est pas l’équité. C’est frustrant pour nos autres.»

BONIFICATION REFUSÉE      

Les pêcheurs de pétoncles de l’archipel disposent chacun de 14 jours de pêche, de la fin mars au 31 juillet, pour leurs zones traditionnelles d’exploitation. En fait, contre toute attente, Pêches et Océans a        reconduit, pour 2019, le plan de gestion adopté en 2016. Normalement, le stock fait l’objet d’une nouvelle évaluation scientifique aux trois ans, précise Cédric  Arseneau, directeur de secteur. Cette année, toutefois, le suivi du stock passe sous la responsabilité d’un autre biologiste de l’Institut Maurice-Lamontagne, ce qui a mené à une simple mise à jour des indicateurs du stock. «C’était Jean Lambert, qui est à la veille de prendre sa retraite, (qui en faisait le suivi), explique M. Arseneau. Ça fait qu’ils ont fait une transition, et la nouvelle personne qui est en poste n’était pas à même de pouvoir réaliser l’évaluation. Donc, on a décidé de reporter le tout d’une année.»

Cela dit, selon l’avis des scientifiques, les pétoncliers madelinots auraient chacun eu droit à 18 jours de pêche, pour la saison 2019. Or, ils préfèrent jouer de prudence, explique le capitaine du TOMIKA et président de l’Association des pêcheurs de pétoncles des Îles, Mario Poirier. Il souligne que c’est la deuxième année consécutive que ses membres refusent à l’unanimité une proposition du MPO pour un rehaussement de leur allocation respective. «V’là deux ans, ils nous offraient deux jours de plus et on a refusé, dit-il. Tu sais, la ressource est quand même en santé et, tout d’un coup qu’aurait pris les 16 jours de pêche et que cette année on s’aperçoit que ce n’était pas une bonne idée et qu’ensuite on tombe à 10 ou 12 jours de pêche. On aime mieux être conservateurs.»

La pêche au pétoncle, avec une drague de type Digby, se concentre sur trois gisements : ceux de la Chaîne-de-la-Passe et  du fond du Dix-Milles, au large de l’île  d’Entrée, et celui de la Pointe-du-Ouest, sur les côtes de Millerand.

LES MOLLUSQUES – page 28 – Volume 32,2 Avril-Mai 2019

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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