Le 3e Salon Fourchette bleue poissons et fruits de mer, qui s’est tenu du 19 au 21 février au Manoir Richelieu de La Malbaie, a donné lieu à de grandes émotions. Que ce soit par les rencontres entre les fournisseurs de produits marins du Saint-Laurent et les acheteurs du Québec ou par la remise des prix, Sandra Gauthier ne tarissait pas de qualificatifs pour résumer l’événement qu’elle et son équipe d’Exploramer et de Fourchette bleue ont organisé.
«C’était vraiment un beau salon et c’était émouvant, indique-t-elle avec les larmes qui lui montent encore aux yeux. C’étaient de beaux moments et la bouffe était bonne. C’était beau, franc, honnête et transparent. Je suis vraiment satisfaite!»
200 PARTICIPANTS
«Le plus petit des salons touffus», comme Sandra Gauthier se plaît à le qualifier, a réuni quelque 200 pêcheurs, producteurs, transformateurs, distributeurs, mariculteurs, poissonniers, restaurateurs, représentants institutionnels et partenaires d’affaires. Une vingtaine d’exposants ont aussi pris part à l’événement qui a eu lieu dans Charlevoix afin d’offrir un meilleur accès aux entreprises de la Côte-Nord.
«On a eu une grosse délégation des Îles-de-la-Madeleine, précise la directrice générale d’Exploramer et de Fourchette bleue. On avait aussi de gros portefeuilles du côté des distributeurs, dont Metro, Sobeys, Norref. On avait des institutions du Grand Montréal et de l’Outaouais. Les acheteurs qui étaient là étaient très intéressants pour les exposants.»
La présence de représentants du milieu institutionnel était nouvelle lors de ce Salon. Il y avait notamment des gestionnaires de cafétérias d’universités et de cégeps. Il y avait aussi des gens de la Table ronde, un collectif regroupant 110 restaurants gastronomiques à travers le Québec. Sandra Gauthier a d’ailleurs la ferme volonté de leur faire davantage de place lors des prochaines éditions. «Le sébaste et le crabe commun sont tellement parfaits pour l’institutionnel», fournit-elle comme exemples.
UNIQUE EN SON GENRE
Seul marché entièrement dédié aux produits marins québécois, l’événement organisé par Fourchette bleue et Exploramer permet aux acheteurs du Québec de découvrir les produits d’ici avant qu’ils ne soient commercialisés ailleurs et ainsi pouvoir en limiter l’importation et l’exportation. Cet événement commercial offre donc un accès privilégié aux restaurateurs, aux poissonniers et aux gens issus du réseau institutionnel du Québec pour planifier leur approvisionnement en poissons et fruits de mer du Saint-Laurent.
Une importante offensive commerciale a été mise de l’avant lors de ce Salon afin de valoriser le sébaste atlantique pour le mettre ou le remettre dans l’assiette des Québécois et par le fait même, limiter son exportation. Les chefs et les épiciers ont ainsi pu se familiariser avec ce poisson à chair blanche qui peut être apprêté de plusieurs manières. D’autres espèces étaient aussi présentes, telles que le homard, le crabe des neiges et les huîtres, ainsi que d’autres moins connues comme les algues, les oursins et le phoque.
PRIX FOURCHETTE BLEUE
Pour une deuxième année consécutive, Fourchette bleue a décerné ses prix visant à valoriser les métiers de la mer et à célébrer le travail de ses meilleurs artisans. Les prix ont été remis lors du souper gastronomique servi au terme de la deuxième journée du Salon et qui mettait en valeur les espèces du Québec.
Le prix Transformation est revenu à Guy Campeau du Bon Goût frais des Îles pour Sel Acylon, le prix Capture a été remis à Guy Vigneault de Pêcheries Shipek, de la communauté autochtone innue Ekuanitshit de la Côte-Nord et le prix Mise en valeur a été accordé à Isabelle Dupuis et Francis Boisvert de la Microbrasserie Le Presbytère de Saint-Stanislas-de-Champlain, en Mauricie. Gil Thériault du Rendez-vous loup-marin des Îles-de-la-Madeleine est reparti avec le prix Coup de coeur du jury. «C’était très émotif dans la salle, se souvient Mme Gauthier. Les gens de la pêche sont des gens de coeur!»
FORUM DES ENTREPRENEURS
Le Salon a pris fin sur le Forum des entrepreneurs, organisé par l’équipe de l’Institut de recherche en économie contemporaine. La valorisation et la commercialisation des produits aquatiques du Québec occupaient le premier rang de l’activité placée sous le thème «Du frais au transformé».
Dans le cadre d’ateliers et de panels de discussions, les participants ont pu mieux comprendre les besoins et les attentes du marché québécois. Ils sont ainsi repartis mieux outillés pour favoriser le développement de l’industrie maritime et de ses régions côtières.
200 ÉPICERIES METRO CERTIFIÉES FOURCHETTE BLEUE
Metro a profité du Salon pour annoncer que la certification Fourchette bleue serait étendue à l’ensemble de ses épiceries du Québec. L’annonce a été faite par le directeur mise en marché, viande et poisson de Metro, Dave Parent.
Quelque 200 magasins, répartis dans toutes les régions du Québec, offriront ainsi une variété d’algues, de fruits de mer et de poissons du Saint-Laurent. De l’Abitibi à la Gaspésie, les clients de Metro pourront acheter du sébaste, des oursins, des huîtres et une vaste gamme d’autres produits du Saint-Laurent portant la certification Fourchette bleue. Celle-ci cherche à faire découvrir de nombreux produits comestibles du Saint-Laurent qui sont émergents et sous-valorisés au Québec, tout cela dans la perspective d’une saine gestion des ressources marines.
UNE INDUSTRiE QUI S’EST ADAPTÉE RAPIDEMENT
Sandra Gauthier se réjouit de la vitesse avec laquelle les fournisseurs de produits marins ont su répondre aux besoins des supermarchés. «L’année passée, c’était la première fois que les chaînes étaient présentes au Salon. Elles se sont rendu compte que le marché n’était pas prêt à entrer dans le marché intra-Québec. Cette année, les exposants étaient prêts : ils avaient des emballages, des formats individuels, de petits pots de produits pour les tablettes.»
Selon la porte-parole de Fourchette bleue, les représentants des grandes chaînes ont été impressionnés de la façon avec laquelle, en l’espace de seulement un an, l’industrie s’est adaptée pour rentrer dans le marché. Les exposants ont d’ailleurs été félicités, selon Mme Gauthier. «C’était gagnant-gagnant pour tout le monde!»
4E SALON FOURCHETTE BLEUE
Les organisateurs pensent déjà au 4e Salon Fourchette bleue. Où se tiendra-t-il? «On a toujours dit qu’on ne voulait pas que ce soit trop gros, indique Sandra Gauthier. Mais des gens nous ont dit qu’ils étaient prêts à ce que le Salon soit plus grand. On est prêt à entrer sur le marché de Québec et de Montréal.»
Cependant, Sandra Gauthier aime beaucoup l’idée de tenir l’événement dans un milieu un peu isolé. «Je n’ai pas envie que ce soit au centre-ville de Québec parce que je veux que les gens puissent, le soir, échanger entre eux; c’est là qu’on fait aussi de belles affaires.» Sans connaître le lieu qui sera choisi, il est permis de penser que le 4e Salon Fourchette bleue se rapprochera des marchés de consommateurs.
ÉVÉNEMENT – page 28 – Volume 37,1 Février-Mars 2024