Ouverte depuis le dimanche 4 mai, la première saison de pêche exploratoire au homard dans la zone 17A, de la portion ouest de l’île d’Anticosti, donne des résultats prometteurs. Pour l’instant seuls cinq des six Madelinots qui ont reçu un permis l’hiver dernier y sont actifs. Leur sixième confrère a finalement déclaré forfait après avoir subi une série d’ennuis mécaniques.
D’ailleurs, bien que les titulaires doivent respecter des critères de participation, en termes d’effort de pêche minimale et de protocole de récolte de données, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) leur a tout de même accordé un délai jusqu’en 2026 pour démarrer leurs activités, afin de s’y préparer adéquatement (Pêche Impact, mars 2025).
On se rappellera que la nouvelle flottille exploratoire des Îles est composée de pêcheurs de poissons de fond à des fins d’appât qui furent privés de leur gagne-pain en 2023, lorsque le MPO a décrété un moratoire sur la pêche à la plie rouge et à la limande à queue jaune. Du nombre, le capitaine du SAM JULIANNE I, Dusty Éloquin, raconte que ses rendements quotidiens de 2 000 lbs par jour dépassent largement ses attentes. «C’est incroyable!, lance-t-il. Je ne m’attendais pas à faire si bien dès le début. La pêche est bonne pour tous les pêcheurs des Îles. Avec des conditions météo favorables, dernièrement, il y a même eu des 3 000 lbs par jour. En tant que pêcheur de poisson de fond, avec le moratoire en place depuis deux ans, les dettes étaient toujours là et on était sans revenus. Alors on ne peut pas demander mieux! On espère que ça continue.»
Le secteur ouvert à la pêche exploratoire s’étend sur tout le pourtour sud-ouest et nord-ouest d’Anticosti, alors que la pêche commerciale traditionnelle se déroule plutôt dans la sous-zone 17B, principalement dans la portion sud-est. M. Éloquin, lui, a choisi de concentrer sa pêcherie au centre-sud de l’île. «C’est une guess, nous dit-il en riant. On s’en allait complètement dans l’inconnu. Personne de la gang n’est jamais venu par ici. Ça donne un thrill, tellement notre zone est immense! Je ne croise qu’environ deux bateaux par semaine.»
Le jeune homme de 30 ans, fils du vieux loup de mer Denis Éloquin originaire de Grande-Entrée, a aussi eu la chance d’avoir son père à ses côtés pour ses premières semaines de pêche exploratoire. «J’ai deux hommes d’équipage et d’avoir mon père avec nous, ça m’a sécurisé, admet-il. Ça m’a enlevé un poids de sur mes épaules parce que ses idées sont souvent bonnes. Il a un bon flair!»
La pêche exploratoire au homard de la sous-zone 17A a une durée de 11 semaines et les pêcheurs sont autorisés à pêcher sept jours sur sept. Chacun dispose de 125 cages dont 10 sont dépourvues d’évents d’échappement, pour permettre la collecte de données sur l’abondance des crustacés sous la taille commerciale. Cependant, le capitaine du Sam Julianne I nous informe qu’il n’en rejette à l’eau que très peu, soit seulement 40 à 50 par jour. «À date, je ne vois pas grand’ chose [en termes de recrutement]. C’est juste du gros homard. Ma moyenne est de 2,3 livres par homard. À mon premier voyage de quatre jours, j’avais 2 356 homards pour à peu près 5 200 livres», illustre-t-il.
Chaque participant à la pêche exploratoire doit d’ailleurs consigner l’ensemble des captures d’une journée libre de choix, et ce, pour chaque tranche de trois semaines, en début, milieu et fin de saison. Dusty Éloquin nous informe qu’il faut entre autres noter la taille des individus, le sexe, la présence d’œufs sur les femelles et leur stade de développement.
Précisons que tous les pêcheurs madelinots livrent leurs captures chez Pêcheries Gaspésiennes de Rivière-au-Renard, dont cinq le font pour le compte des Pêcheries LéoMar de Havre-aux-Maisons. Seul Dusty Éloquin fait directement affaires avec l’usine de la péninsule. Le président de LéoMar, Christian Vigneau, précise qu’il offre à ses pêcheurs d’Anticosti le même prix que celui déterminé en vertu du Plan conjoint du homard des Îles-de-la-Madeleine. Les volumes capturés à l’extérieur de l’archipel ne sont toutefois pas comptabilisés par l’Office des pêcheurs puisque ce dernier ne gère les intérêts que de ses 325 membres.
ÎLE D’ANTICOSTI – page 12 – Volume 38,2 Mai-Juin-Juillet 2025