vendredi, décembre 13, 2024
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Excellente participation des Madelinots au Rendez-vous annuel de l’industrie de la pêche et de la mariculture

Le 14e Rendez-vous annuel de l’industrie de la pêche et de la mariculture de l’archipel madelinot a fait salle comble, le mercredi 30 novembre au Centre récréatif de Lavernière.

L’événement organisé par la Table pêche et mariculture de la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine a réuni 135 personnes représentant les pêcheurs, industriels, chercheurs et instances de développement socio-économique du territoire. Dans son mot d‘ouverture, le président intérimaire de la table de concertation et conseiller municipal de Havre-aux-Maisons, Benoît Arseneau, a souligné la présence de 32 élèves du programme de formation en Pêche professionnelle du Centre de services scolaire des Îles.

«Avec le spectre d’années difficiles qui nous guette – récession, changements climatiques, baleines, phoques – nous avons intérêt à nous concerter, à travailler ensemble pour tracer des lignes directrices et améliorer le sort de notre industrie, a-t-il déclaré. Et je vois qu’il y a beaucoup de relève, il y a beaucoup de gens ici aujourd’hui, et je pense que l’industrie est dans une bonne lignée. C’est intéressant!»

Autre indice de la vitalité de l’industrie, le directeur de secteur du ministère des Pêches et des Océans (MPO), Cédric Arseneau, a fait état de débarquements totaux préliminaires de 10 887 tonnes métriques (TM) de poissons et fruits de mer dans l’archipel en 2022, d’une valeur record de 161 millions $. La part des Îles compte pour 24,5 % du volume global pêché au Québec, et pour 35 % de sa valeur. «Ça donne une situation très intéressante, parce que malgré le fait qu’on ait eu de mauvaises nouvelles, si on veut, avec les difficultés des marchés du crabe et du homard qui ont contrecarré les espoirs, il reste que 2022 a été une très bonne année, souligne-t-il. Parce qu’historiquement, ce qu’on constate, c’est que nos   volumes sont relativement stables depuis 2016-2017 et que nos revenus connaissent une montée extraordinaire!»

Cela dit, le gestionnaire du MPO admet que l’archipel a un niveau de dépendance très élevé à l’endroit du crabe et du homard, dont la valeur à quai combinée compte pour 96 % du total des débarquements. Il s’agit d’une progression de 2 % par rapport à 2021. «En comparaison, en Gaspésie et sur la Côte-Nord, ils sont aux alentours de 85 % pour ces deux principales espèces. Notre niveau de concentration, ici, continue d’augmenter, ce qui ce n’est pas une mauvaise nouvelle en soi si le homard performe bien. Mais il faut juste être conscient des fragilités qui viennent avec ça.»

MARICULTURE EN MOUVANCE

Pour sa part, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) rapporte un retour de la production maricole au même seuil de 2019, après deux années de déclin des volumes vendus, principalement en raison du passage de l’ouragan Dorian qui a décimé une production complète en septembre 2019, puis du confinement lié à la pandémie de COVID-19. Ainsi, en 2020 et 2021, les ventes ont coup sur coup diminué de 50 % puis d’environ 25 %, passant respectivement de 300 TM à 200 TM, et de 200 TM aux alentours de 150 TM.

«La pandémie a frappé dur, puisque vous savez que les moules et les huîtres sont beaucoup consommées dans les restaurants, explique le biologiste François Bourque. Mais il est intéressant quand même de noter qu’en 2022 nos données sont encore préliminaires. J’ai été quand même conservateur. Je m’attends à ce qu’on dépasse le 300 tonnes – une production à 50 % moules et 50 % huîtres – et ce, malgré une fermeture des zones coquillères d’une dizaine de 10 jours en raison des risques de contamination dus aux fortes pluies de la tempête Fiona.» Quant à la valeur des ventes des quatre entreprises aquacoles actives aux Îles, M. Bourque rapporte qu’elle est de 8,5 fois supérieure à ce qu’elle était en 2011.

De plus, selon le biologiste, d’importants investissements ont été réalisés au cours des deux dernières années pour favoriser les approvisionnements locaux en huîtres, pour mécaniser la récolte de moules, et pour mécaniser le traitement des huîtres importées afin d’en augmenter le rendement tout en limitant au maximum le risque d’introduction d’espèces envahissantes.

Les Huîtres Old Harry bénéficient notamment d’un soutien de Merinov, financé dans le cadre du programme Innovamer du MAPAQ, pour évaluer le potentiel d’un approvisionnement en écloserie. «Grosso modo, ce qu’on fait c’est de faire croire aux huîtres que c’est l’été, raconte François Bourque. On les plonge dans une eau à 22 ˚C-    23 ˚C, et donc les gonades vont maturer. Par la suite, on leur donne un petit stress thermique pour les faire pondre, puis on les met dans des bassins plus gros avec des collecteurs. Les larves vont se développer et finalement les naissains – les post-larves – vont se fixer sur les collecteurs. Après, on prend tout ça, on apporte ça en mer et GO!, c’est fait. C’est un premier pas, si on veut, vers le fait d’avoir des huîtres 100 % québécoises.»

M. Bourque a aussi fait mention des défis que posent les changements climatiques, avec la hausse continue de la température des plans d’eau de l’archipel, la menace des espèces envahissantes et les risques de météo extrême. «Il faut être très vigilants, indique-t-il. On a une industrie en mouvance, qui doit continuellement s’adapter pour faire face aux défis et aux enjeux liés à ces changements.»

FONDS DES PÊCHES

Par ailleurs, un bilan des investissements du Fonds des pêches du Québec, doté d’une enveloppe fédérale-provinciale de 42,8 M$ sur cinq ans, démontre que l’industrie des Îles-de-la-Madeleine en a reçu à ce jour une part de 6 M$ pour neuf projets. En comparaison, la Gaspésie a obtenu 6,3 M$ pour 59 projets et 2,3 M$ ont été versés sur la Côte-Nord pour 14 projets.

Le quart des sommes versées dans l’archipel visent à soutenir le secteur de la capture, dont le Projet bouées du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI), qui consiste à développer un outil d’aide à la décision pour fixer la date d’ouverture de la saison de pêche au homard. Et près des deux tiers des projets madelinots approuvés par le Fonds des pêches du Québec, qui viendra à échéance le 31 mars 2024, profitent jusqu’ici au secteur de la transformation. LA Renaissance des Îles a entre autres reçu 270 000 $, en 2021, pour trois projets distincts d’automatisation de ses opérations en usine.

Enfin, notons que le RPPCI a mis en lumière des investissements totalisant près d’un demi-million de dollars depuis 2018, grâce à son Fonds de recherche et développement créé en partenariat avec Merinov à même les revenus de son allocation de pêche au crabe des neiges. Merinov a fait état de travaux pour le développement d’une unité mobile de contention longue durée multi-espèce; la Inshore Fishermen’s Association a présenté les conclusions préliminaires de ses premier essais en mer d’équipements de pêche au homard à maillon faible pour atténuer les risques d’empêtrement des baleines noires menacées de disparition; l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec a fait une mise à jour des enjeux de l’industrie de la chasse; et un panel de discussion a expliqué le processus et la réglementation entourant l’acquisition ou le transfert d’un permis de pêche commerciale.

Le président intérimaire de la Table pêche et mariculture se félicite de cette programmation bien touffue. Benoit Arseneau s’engage d’ailleurs à assurer un suivi aux discussions et enjeux soulevés, par une concertation soutenue avec les partenaires de l’industrie. «La Table a la responsabilité d’unir les forces pour nous amener à développer un argumentaire qui va nous permettre de défendre les intérêts de la communauté auprès des instances gouvernementales, dit-il. Parce que la journée de l’industrie nous a fait voir qu’il y a beaucoup d’enjeux et de problématiques qui sont loin d’être réglés. On parle du phoque, des permis, de la boëtte, du besoin de diversification face à la place énorme qu’occupent le crabe et le homard. Il faut ouvrir des portes auprès des différents gouvernements et partenaires, pour nous aider à avancer et faire face aux défis qui se posent.»

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – pages 16-17 – Volume 35,5 – Décembre 2022 – Janvier 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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