jeudi, avril 25, 2024
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Sommet sur les phoques à Terre-Neuve : la promesse d’une nouvelle étude laisse perplexe l’industrie de la chasse

Sommet sur les phoques qui s’est tenu à Saint-John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, les 8 et 9   novembre, a déçu l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ). L’événement de deux jours, auquel ont participé environ 150 pêcheurs commerciaux, scientifiques et organismes environnementaux, entre autres, s’est notamment conclu sur la promesse d’une nouvelle étude pour mieux comprendre le rôle des phoques dans l’écosystème.

La ministre fédérale des Pêches et des Océans (MPO), Joyce Murray, a précisé que son ministère lancera bientôt un appel de soumissions auprès de l’industrie et de ses partenaires autochtones. «Tout comme nous ne pouvons pas soutenir une récolte sans marché, nous ne pouvons pas faire de la science sans votre partenariat et votre mentorat dans certains cas, en particulier les connaissances profondes que les peuples autochtones peuvent offrir», a-t-elle souligné dans son allocution de clôture.

Or, pour le directeur général de l’ACPIQ, Gil Thériault, une telle étude est superflue, pour ne pas dire une perte de temps. «Dans l’écosystème, le phoque est en haut de la chaîne alimentaire et il mange ce qui est disponible en bas. On n’a pas besoin de plus de science pour savoir ça. On sait qu’il y a assez de phoques pour qu’on utilise cette ressource-là et, comme vous le confirmeront les pêcheurs, nous avons déjà beaucoup trop tardé à agir.»

À LA CASE DÉPART

De plus, M. Thériault reproche à la ministre Murray de miser sur l’innovation et le développement de marchés pour faire croître l’industrie du phoque, plutôt que de chercher d’abord des solutions pour assurer des débarquements de qualité et quantité suffisantes. «De montrer de l’intérêt pour l’industrie du phoque, c’est positif en soi, concède le DG de l’ACPIQ, mais le ministère est clairement déconnecté de la réalité. Il veut construire une maison mais commence par le toit au lieu de commencer par la fondation.»

Gil Thériault fait valoir, par exemple, que la Boucherie Côte à Côte de Cap-aux-Meules, spécialisée dans la viande de phoque, manque elle-même d’approvisionnements pour suffire à la demande. Il déplore à cet effet que le MPO n’ait pris aucun engagement ferme à assouplir ses mesures de gestion de la chasse aux loups-marins afin de faciliter la capture des animaux.

«On est à la case départ, dit-il. Pour faire avancer le dossier, il aurait fallu discuter de techniques de chasse, de qualité des produits, de formation des chasseurs, d’équipements de flotte de bateaux pour aller à la chasse, et de la mise en place de mesures de suivi. Le succès d’un événement comme ça, on le voit au suivi qui est fait et aux actions concrètes qui sont posées. Mais là, on nous parle de suivi en termes de sciences, d’innovation et d’ouverture de marché d’exportation. Ce n’est pas par là qu’il faut commencer.»

RÉVISION RÉGLEMENTAIRE

D’ailleurs, le DG de l’ACPIQ a profité de la réunion annuelle du Comité consultatif des phoques de l’Atlantique, qui a précédé le Sommet, pour réclamer une révision complète de la règlementation du MPO entourant les activités de chasse. Il explique que cette réglementation a été entièrement élaborée en fonction du phoque du Groenland, à l’époque, alors que dans le contexte des changements climatiques c’est désormais le phoque gris qui est la cible des chasseurs. «À l’époque, ce qui intéressait les chasseurs c’est que la peau soit de la meilleure qualité possible, souligne Gil Thériault. Aujourd’hui, c’est quasiment l’inverse. La peau on s’en fout un peu, mais c’est la viande et la graisse qui doivent être de haute qualité.»

Ainsi, parce qu’ils travaillent sur des plages de sable plutôt que sur une banquise de glace, les chasseurs plaident notamment pour une différente approche au moment de la coupe de saignée des mammifères, de sorte à ce qu’elle soit minimale – à la gorge plutôt que du menton au nombril – afin d’éviter toute contamination. Ils veulent aussi que la taille autorisée du percuteur du hakapik et que même le calibre des armes à feu soient adaptés à l’abattage des phoques gris dont le crâne est plus gros et plus dur que celui des phoques du Groenland.

M. Thériault dit également que la limite à 65 pieds des bateaux semi-hauturiers autorisés pour la chasse aux loups-marins n’est plus à jour, puisque la plupart des navires d’acier de la flotte mesurent entre 68 et 72 pieds. De plus, l’ACPIQ demande au MPO d’établir un quota québécois de chasse aux phoques communs et aux phoques à capuchon, non seulement parce que l’augmentation de la population de ces deux espèces le justifie, mais aussi pour éviter les pénalités en cas de prises accidentelles. «Quand on est sur l’eau et qu’on tire sur une tête de phoque qui sort, ce n’est pas toujours évident de savoir quelle espèce on abat. Et donc on veut éviter qu’il y ait des pénalités distribuées inutilement.»

ENCOURAGER LA RELÈVE

Enfin l’ACPIQ presse le MPO d’adopter des mesures pour encourager la relève chez les chasseurs de phoques, dont la moyenne d’âge est de plus de 50 ans, selon son directeur général. L’organisation basée aux Îles-de-la-Madeleine propose à cet effet de limiter à un an plutôt que deux, la période de probation des aides-chasseurs avant qu’on ne leur délivre un permis de chasse commerciale.

«Le gros défi c’est d’aller chercher du phoque en qualité et quantité suffisantes pour aller sur les marchés et, de ce fait, rétablir l’équilibre dans l’écosystème, insiste Gil Thériault. Parce que la liste des espèces de poisson qui disparaissent s’allonge, à cause de la prédation par les loups-marins. Il est plus que temps d’agir. Dans certains cas il est peut-être même trop tard pour agir, mais on ne peut pas rester les bras croisés.»

VOLONTÉ POLITIQUE

Pour sa part, la députée de la Gaspésie et des Îles et ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier dit constater une évolution dans le discours du MPO dans le dossier du phoque, depuis son élection en 2015. «Avant, on sentait le ministère très frileux, avec toute la mauvaise publicité que recevait la chasse à l’international, dit-elle. Mais au Sommet on ne sentait plus du tout la même chose, là. C’est la première fois qu’un sommet sur le phoque était organisé au Canada et les gens qui étaient présents, de la capture, de la transformation, des communautés autochtones et innues, tout le monde travaille dans le même sens et ça, c’est une première.»

Cela dit, Mme Lebouthillier fait siennes les revendications des chasseurs pour l’adoption de mesures qui permettront à l’industrie de rentabiliser les sorties de chasse. «On doit avoir un contrôle sur les troupeaux qui consomment des quantités très importantes de différentes espèces, qui vont de la morue, au maquereau, au crabe et au homard, soutient-elle. Mais dans le comment on va le faire, il faut trouver des façons de tuer les phoques gris pour qu’on puisse en capturer plus qu’un ou deux à l’heure, sans que le reste du troupeau se sauve et qu’on doive attendre qu’il revienne.»

Diane Lebouthillier se félicite également de la longueur d’avance qu’ont les Madelinots dans la mise en valeur du loup-marin. Elle souhaite que son gouvernement accorde autant d’importance à cette valorisation qu’il l’a fait pour le crabe et le homard, qui sont devenus des espèces lucratives dans la foulée du moratoire sur la pêche à la morue.

«C’est sûr que ça va demander de la souplesse, dit-elle. Je pense que ce sont les chasseurs qui sont les mieux positionnés, au niveau de la recherche. Et c’est clair qu’il va y avoir d’autres représentations auprès du fédéral. Et pour moi, on n’est plus du tout dans le long terme. On est vraiment plus près du court terme que du moyen terme. Avec la pêche au hareng qui ne va pas bien et le phoque qui n’a aucun prédateur, il faut avancer rapidement.»

La députée ministre de la région annonce d’ailleurs la venue prochaine de sa collègue des Pêches et des Océans aux Îles-de-la-Madeleine, possiblement après Noël.

SCÈNE FÉDÉRALE – pages 18-19 – Volume 35,5 – Décembre 2022 – Janvier 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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