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Impact des microplastiques sur l’environnement marin : l’ISMER-UQAR obtient 2,2 millions $ pour deux projets de recherche

Les travaux de recherche sur l’impact des microplastiques sur l’environnement marin vont en se multipliant. L’ISMER-UQAR a notamment reçu deux subventions fédérales totalisant plus de 2,2 millions $ depuis le début de l’année, pour se pencher sur la question. Le premier projet annoncé en mars vise plus spécifiquement le pétoncle géant, tandis que la deuxième recherche a pour objectif plus global de documenter la présence des microplastiques dans le fleuve et l’estuaire du Saint-Laurent.

Le problème c’est que seulement 9 % des plus de trois millions de tonnes de déchets de plastiques générés annuellement au Canada sont recyclés. La balance se retrouve forcément dans la nature, souligne Dominique Robert, professeur en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie halieutique. «Et puis, ce dont on se rend compte, c’est qu’il y a très peu de données vraiment solides, dans les écosystèmes du Canada, dit-il. Il y a eu des études au niveau des Grands Lacs, des études au niveau de l’Arctique canadien aussi. Le reste, incluant le Saint-Laurent, ça demeure un peu une boîte noire.»

BIOACCUMULATION

L’étude sur le pétoncle a pour buts de mesurer l’ampleur de la bioaccumulation des microplastiques d’une taille inférieure à 5 mm dans le muscle et les gonades, de même que d’évaluer la capacité dépurative de ces mollusques filtreurs pour s’en débarrasser. Le chercheur Youssouf Soubaneh, professeur de chimie à l’Université du Québec à Rimouski, précise que les polluants étudiés sont 10 millions de fois plus petits qu’une balle de tennis. «Un des principaux problèmes avec les microplastiques c’est leur détection, dit-il; donc, d’avoir des techniques de détection, surtout lorsqu’il s’agit de l’ordre des nanomètres. Et nous, ce qui nous intéresse dans ce projet, c’est entre le 10 nanomètres et le deux micro-mètres.»

Les microparticules de plastique dans l’environnement marin proviennent tant des eaux de lavage des vêtements synthétiques et des microbilles des cosmétiques rejetées dans les égouts, par exemple, que de la dégradation des gros résidus sous l’effet de la chaleur et des rayons UV. Pour en faciliter la détection sur les pétoncles, l’équipe du professeur Soubaneh contaminera progressivement quelques 200 individus en bassin contrôlé sur une période de six mois, avec des polymères créés tout spécialement et marqués au carbone 14. «Le laboratoire qu’on a ici est unique au Canada, parce qu’il est l’un des rares à utiliser la technique d’autoradiographie, se félicite le chimiste; ça nous prend une licence de l’Agence nucléaire du Canada pour qu’on puisse utiliser les radio-isotopes. Et c’est une technique très, très sensible qui nous permet d’utiliser des concentrations extrêmement faibles de microplastiques, variant entre 0,5 mg/l et 5 mg/l, qui ne pourraient pas être détectées avec d’autres techniques.»

En collaboration avec le chercheur en océanographie Réjean Tremblay, spécialisé en physiologie du pétoncle, on pourra aussi analyser l’impact de cette contamination chronique sur le développement et la survie des mollusques. «L’étude va nous dire : on a soit une bioaccumulation, soit une dépuration assez rapide; on en a ou on n’en a pas, et à quelles concentrations, expose M. Soubaneh. Par contre, l’effet écotoxicologique des nonaplastiques dans le pétoncle sur de santé humaine, nous, on ne peut pas répondre à ça.»      

SENSIBILISATION

Cela dit, les études de l’ISMER-UQAR sur la présence des microplastiques dans l’environnement devraient ultimement mener à des recherches approfondies sur leur impact chez l’humain, espère Youssouf Soubaneh. Elles serviront aussi à orienter les politiques publiques en matière de recyclage et de réduction à la source, entre autres. Selon le chercheur, la production mondiale de plastiques est en croissance. Elle est passée de 300 tonnes en 2016 à 359 millions de tonnes en 2018. «Et ça pourrait doubler d’ici 2050, s’inquiète-t-il. Cependant, si on en faisait une bonne gestion, certaines études récentes nous disent qu’on pourrait les réduire jusqu’à 80 % d’ici 2040.»

Dominique Robert convient que le mal est fait et qu’il faut maintenant agir. «C’est là l’enjeu de nos travaux, explique-t-il. C’est que le gouvernement veut agir sur une base scientifique. Il faut voir quels sont les plastiques qui sont les plus dommageables dans l’environnement et quelles devraient être les premières cibles auxquelles on s’attaque. Parce que c’est certain qu’on ne pourra pas s’en défaire du jour au lendemain; les plastiques sont tellement omni-présents dans notre vie.»

Pour mener à bien ses travaux, l’équipe du professeur Robert a déployé trois stations de monitorage, cet été, à Montréal, Québec et Rimouski. Dans un premier temps, elles permettront de quantifier et de caractériser les polluants, indique le chercheur. «Comme les stations vont être déployées pendant plusieurs années et seront échantillonnées à fréquence régulière, nous allons être en mesure de voir s’il y a des cycles saisonniers dans les apports de plastique et s’il y a des différences dans les différentes sections du système fluvial et estuarien du Saint-Laurent.»

Dominique Robert souligne également que, dans un deuxième temps, son équipe se penchera sur les effets de cette pollution sur le cycle de vie des espèces qui y sont exposées, dont les espèces fourragères, le hareng, le capelan et certains oiseaux marins. L’échantillonnage se fera en collaboration avec les ministères fédéral et provincial des Pêches et des Océans et de la Faune et des Parcs, de même qu’avec les laboratoires des universités Lethbridge et McGill. «Avec le bassin des Grands Lacs qui se déverse dans le Saint-Laurent, on parle d’une très importante source potentielle de différents types de microplastiques, fait remarquer le chercheur. Et je pense qu’avec ce qu’on va pouvoir détecter aux différentes stations, on va en apprendre sur le sort, finalement, de ces microplastiques-là à mesure qu’ils circulent vers l’aval du Saint-Laurent et on va certainement pouvoir faire des extrapolations avec ce qui se passe au niveau du Golfe.»

Les rapports des deux études de l’ISMER-UQAR, pour détailler la situation des microplastiques dans le fleuve et l’estuaire, ainsi que leur impact sur les pétoncles géants, sont attendus pour 2025. Selon Youssouf Soubaneh, les retombées économiques de la pêche canadienne aux pétoncles, surtout concentrées aux Îles-de-la-Madeleine, étaient évaluées à 13 millions $ en 2012. De plus, le chimiste fait valoir qu’outre Réjean Tremblay qui s’intéresse à la physiologie des mollusques, Émilien Pelletier, professeur émérite en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers, de même que Maya Al-Sid-Cheik, chercheure de l’Université de Surrey en Angleterre, sont associés à ses travaux.

ENVIRONNEMENT – page 21 – Volume 34,4 Septembre-Octobre-Novembre 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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