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Les fibres microplastiques réduisent le taux de survie des larves de homard, essentielles au recrutement des stocks

Les fibres microplastiques (FMP), en augmentation exponentielle dans les océans de la planète, réduisent le taux de survie des larves de homard, essentielles au recrutement des stocks. C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans le Marine Pollution Bulletin du 25 juin 2020, portant sur l’accumulation et les effets des fibres microplastiques dans les larves de homard américain (Homarus americanus) du Golfe du Maine. Ces polluants plus petits que 0,5 mm étaient présents dans 61 % des échantillons d’eau prélevés dans cette zone pélagique de l’Océan Atlantique. Ils sont principalement issus du lavage des vêtements synthétiques à l’eau chaude, des systèmes de traitement des eaux usées et de la dégradation des engins de pêche perdus en mer.

Les FMP s’accumulent sous la carapace céphalothoracique et dans le tube digestif des homards. Les analyses démontrent que ce sont les larves de stade I et II qui en enregistrent les taux de concentration les plus élevés. Mais, parce que ces microplastiques sont de la même taille que la nourriture planctonique, ils affectent tous les types  d’animaux marins, qui sont incapables de les distinguer. On en a retrouvé dans les intestins et les estomacs de presque toutes les espèces, dont le poisson, la crevette, le crabe, la langoustine, les moules et les huîtres.  

De façon générale, l’étude des chercheurs américains suggère que les FMP affectent l’absorption d’oxygène et le taux de survie des larves de homard. Les effets délétères commencent à se faire sentir après une exposition chronique de plusieurs jours. Ils s’ajoutent aux autres stress environnementaux tels que le réchauffement et l’acidification des océans. De plus, l’ingestion de microplastiques augmente à mesure que les larves grandissent et deviennent de meilleures nageuses pouvant pourchasser leurs proies. Or, si elles manquent de nourriture, en confondant leurs nutriments avec les FMP, elles perdent leur capacité de muer et donc de croître.

Cependant, les scientifiques américains notent que les post-larves de stade IV enregistrent les plus faibles concentrations de FMP dans leur organisme. Cela pourrait être dû au fait qu’elles développent en grandissant un meilleur système de nettoyage de leurs branchies, ce qui leur permettrait d’expulser les microplastiques coincés sous le céphalothorax. Ce processus de dépuration, s’il existe effectivement au stade larvaire du Homarus americanus, est toutefois inconnu. Il pourrait également être lié à la mue, selon les auteurs de la publication du Marine Pollution Bulletin. Émilien Pelletier, professeur émérite en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers à l’Institut des sciences de la mer (ISMER-UQAR), croit plutôt que c’est parce que les plus gros crustacés ont un système digestif plus efficace. «Ils sont fort probablement capables de former des fèces et de se débarrasser de ça, dit-il. Mais ils sont surtout plus avancés dans leur développement, donc ils sont moins sensibles à une atteinte.»  

Quoi qu’il en soit, les conclusions de cette recherche sur l’impact des microplastiques sur le développement des larves de homard n’inquiètent pas M. Pelletier. Il fait remarquer que ces conclusions sont le reflet d’expériences de laboratoire menées en bassins contrôlés. Pour obtenir des résultats probants, on a nécessairement exposé les organismes étudiés à de très fortes concentrations de polluants explique-t-il. «Il y a un pas à franchir entre ce qu’on peut observer en laboratoire et ce qui va véritablement se passer dans la nature. En laboratoire, c’est certain que les niveaux d’exposition sont beaucoup plus élevés que ce qu’on va trouver en nature. C’est ce qui fait qu’on observe des effets. En général, le toxicologue en laboratoire, entre guillemet, il s’arrange pour voir des effets; s’il ne voit rien, il n’y a pas grand-chose à publier.»

De même, Émilien Pelletier fait valoir que la pollution sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre est nettement supérieure à celle des rives du Saint-Laurent, moins densément peuplées. Aussi croit-il qu’il faille faire preuve d’une extrême prudence avant d’extrapoler les conclusions de l’étude américaine au plateau des Îles-de-la-Madeleine, par exemple. «Ça ne veut pas dire que c’est homogène partout dans l’océan, souligne-t-il. Dans les pays extrêmement peuplés avec relativement peu de traitement des eaux, comme en Asie et au Moyen-Orient, ça va de soi qu’on va avoir plus de microplastiques près des côtes. Mais pas dans le Saint-Laurent, parce qu’on n’est pas du tout dans des zones comparables, ni même par rapport aux côtes de New York et de Boston. Alors, je n’ai pas une vision trop alarmiste de ça.»  

L’écotoxicologue admet néanmoins que plus les larves sont petites, plus elles risquent de souffrir de la présence des FMP. Mais ce n’est pas une surprise, affirme-t-il. «La comparaison avec l’embryon humain est extrêmement facile à faire. Au tout début de sa formation, de son développement, il est extrêmement sensible à tout ce qui arrive. Les mères doivent faire très attention : il ne faut pas qu’elles fument ou qu’elles boivent de l’alcool. Et c’est la même chose chez les embryons de homard; au tout début de la fécondation, ils sont très sensibles à leur environnement.»    

Enfin, bien qu’il ne craigne pas de mortalité massive du homard des Îles en raison des FMP, le professeur émérite de l’ISMER-UQAR reconnaît la pertinence des études en cours pour évaluer l’abondance et caractériser les microplastiques dans le fleuve et l’estuaire du Saint-Laurent. «Si ça monte à quelques centaines de microparticules par litre d’eau, ce serait beaucoup. Mais on ne s’attend pas à ça. Cependant, il faut qu’on le sache; l’étude n’est pas inutile parce qu’il faut qu’on finisse par sortir ces données-là. Et, si on découvre qu’il n’y en a vraiment pas beaucoup comme je l’espère – c’est à la fois un espoir et une attente – ça veut dire que nos systèmes de traitement des eaux sont bons, qu’il faut continuer comme ça et qu’il faut peut-être même les amplifier. Et, si par malheur on en trouve beaucoup, ça voudrait dire qu’il faut prendre des décisions importantes quant à la réduction de ces apports-là.»

ENVIRONNEMENT – page 22 – Volume 34,4 Septembre-Octobre-Novembre 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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