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Le début de saison des activités de capture et de transformation de la crevette est alarmant pour plus d’une raison

Avec des taux de capture anémiques, l’absence d’entente pour le prix au débarquement, la hausse des coûts d’exploitation de pêche et l’augmentation des frais d’opération des usines de transformation, rien ne va plus pour la crevette. À cela s’ajoutent les conditions de mise en marché en Europe, qui ne sont plus aussi attrayantes qu’avant la pandémie, principalement au Royaume-Uni.

Le ministère fédéral des Pêches autorise un total de captures de 14 524 tonnes pour les quatre zones de pêche : Estuaire, Sept-Îles, Anticosti et Esquiman. Il s’agit d’une baisse de 12 % par rapport à la dernière saison.

Depuis le 1er avril, seulement trois crevettiers de la Côte-Nord, dont deux pour des activités de cuisson à bord de leur navire, ont débuté leur saison dans la zone Sept-Îles. Ils ont de la difficulté à trouver la crevette en quantité suffisante. C’est un signe que la ressource est moins abondante qu’autrefois.

EFFONDREMENT DE LA BIOMASSE

«La biomasse n’est plus ce qu’elle était, lâche le directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec (OPCQ), Patrice Element. Les taux de capture dans la zone Sept-Îles sont catastrophiques.»

De l’avis du directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), les scientifiques ne se sont pas trompés. «La crevette n’est pas au rendez-vous, soutient Jean-Paul Gagné, qui se désole qu’une usine qui peut transformer 150 000 livres par jour n’en reçoive que  25 000. Ça met une pression sur les pêcheurs et les usines.» Selon lui, les deux parties «sont souffrantes».

Aux faibles taux de capture s’additionne, selon Patrice Element, un enjeu de taille depuis trois ans : le prix du diesel. «L’année passée, c’était épouvantable. Même si c’est moins pire en ce moment, on sait qu’avec l’annonce de réduction de production des pays de l’OPEP [Organisation des pays exportateurs de pétrole], c’est presque inévitable que ça va remonter.» La rentabilité des entreprises deviendra donc difficile à atteindre.

Les premiers crevettiers du secteur de Rivière-au-Renard rattachés à l’usine de transformation La Crevette du Nord de L’Anse-au-Griffon ont pris la mer le 20 avril, même si les négociations entre l’OPCQ et l’AQIP ne se sont pas soldées par un dénouement pour l’établissement des prix au débarquement. La majorité des membres de l’Office, soit une trentaine, ont pris le large. En l’absence d’entente, ils bénéficient des prix de l’an dernier : 1,60 $ pour la grosse crevette, 1,38 $ pour la moyenne et 1,22 $ pour la petite.

Le 13 avril, même si les propositions de chacune des parties n’étaient pas éloignées, l’OPCQ a déposé une demande d’arbitrage à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. L’audience a été fixée au 12 mai. Les prix offerts par l’AQIP et refusés par l’OPCQ sont de 1,64 $ la livre pour la grosse crevette, 1,42 $ pour la moyenne et 1,26 $ pour la petite.

Les deux parties poursuivent leurs discussions pour en arriver à une entente. M. Gagné souhaite éviter de se retrouver devant la Régie. Il aimerait plutôt que Québec offre un soutien aux deux parties. «C’est l’industrie de la crevette qui est en jeu», argue-t-il.

Les deux parties ont demandé une rencontre avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. «Les pêcheurs veulent continuer à pêcher et les industriels veulent continuer à transformer pour garder leur marché, mais pas à perte, fait valoir M. Gagné. Il y a une saison à sauver!»

PARTAGE DES PERTES FINANCIÈRES

Le partage des pertes financières est une condition non négociable pour M. Gagné. «Des pertes pendant un, deux et trois ans deviennent difficiles pour les usines. L’an dernier, quand on est passé devant la Régie, on avait déjà des pertes d’accumulées et il y en a encore cette année. On ne peut pas fonctionner plusieurs années avec des pertes!»

De son côté, Patrice Element croit qu’il est impossible, pour la filière, de dégager un surplus. Il espère donc un prix de vente et d’achat qui puisse assurer une distribution des pertes passablement égale. «On a une vision commune avec les transformateurs. L’année passée, il y a du monde qui a perdu de l’argent des deux côtés. On ne peut pas perdre de l’argent ad vitam aeternam! Il faut un partage équitable des pertes pour assurer la survie de la filière. L’entente éventuelle doit en tenir compte. C’est une réalité sur laquelle on a peu de contrôle et avec laquelle il va falloir vivre encore cette année.»

MOITIÉ MOINS DE CREVETTES EN UN AN

Du 27 mars au 6 mai, Roberto Desbois a pêché la crevette pour la cuire à bord de son bateau. Le crevettier de Saint-Ulric  confirme que les premières semaines de pêche ont été exécrables dans la zone Sept-Îles. D’ailleurs, il a mis fin à sa saison par manque de rentabilité. «La pêche à la crevette s’en va sur la fin. L’année passée, j’ai cuit 175 000 livres de crevette. Cette année, j’ai cuit 80 000 livres.»

Le capitaine du Yohan Mirja est sans équivoque : «Le poisson rouge a tout mangé la crevette. Je vais à des places où j’allais avant et il n’y en a pas.» Le pêcheur a vu un mur de sébastes dans la zone Sept-Îles qui empêchait la crevette d’aller pondre ses œufs comme elle le faisait. «Il y a deux ans, il y avait en masse de crevettes. Depuis, ça a diminué de 75 %.»

Le crevettier donne des coups de chalut de huit heures pour capturer 600 à 700 livres. «C’est catastrophique! D’après moi, il reste cette année et l’an prochain, puis ce sera la fin.» L’inquiétude est palpable chez celui qui n’a pas d’espoir de voir la  situation s’améliorer à court terme.

La seule piste de solution envisageable serait, à son avis, d’autoriser rapidement la pêche au sébaste. «Si elle ne commence pas bientôt, ce sera la fin. Il faudrait que Pêches et Océans se rende compte que la situation est critique. Il n’a aucun plan pour la pêche à la crevette. Il n’a rien de prévu pour aider les pêcheurs.»

GASPÉ-NORD – page 11 – Volume 36,2 Avril-Mai 2023

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