Les pêcheurs de homard de l’extrémité est de la zone 15 de la Basse-Côte-Nord, entre Blanc-Sablon et Vieux-Fort, ont enregistré une baisse de capture variant entre 15 % et 30 %, du 19 mai au 10 août, par rapport à l’an dernier. Selon ce que rapporte l’acheteur Michael Sheppard, propriétaire de Fermes Belles-Amours, il s’agit de sa première baisse d’approvisionnements enregistrée depuis qu’il a débuté ses opérations il y a six ans. Il note que le premier mois de la saison 2025 a été très lent et ce, malgré le fait qu’elle ait commencé une semaine plus tard en raison de la présence de glaces.
«L’eau était très froide ce printemps et le vent a causé beaucoup de journées de pêche manquées, relate-t-il. Je n’ai pas compté, mais je dirais que les pêcheurs ont perdu au moins trois fois plus de journées de pêche. Et comme la température de l’eau a pris beaucoup de temps à monter, le homard n’a pas trop bougé pendant le premier mois de la saison. Ç’a été très différent de l’an passé qui avait commencé en force. Ce n’est qu’à compter du 20 juin, que les captures ont commencé à monter pour rester stables jusqu’au début août.»
En contrepartie, les rendements étaient en hausse de 20 % à 30 %, à l’extrémité ouest de la zone 15, dans les secteurs de Chevery et Harrington Harbour, ajoute M. Sheppard. Le dirigeant de Fermes Belles-Amours fait aussi remarquer que les captures globales de homard de la Basse-Côte-Nord ont plus que doublé depuis six ans, passant d’une moyenne de 7 000 à 14 000 livres et de 10 000 à 22 000 livres selon les secteurs. Cela amène de plus en plus les pêcheurs de la région à équiper leur embarcation – des chaloupes de fibre de verre ou d’aluminium d’une longueur de 20 à 25 pieds – d’un haleur. «Ça demeure quand même des bateaux hors-bords, mais ils deviennent de plus en plus performants, souligne l’acheteur. On a vu beaucoup d’investissements de la part des homardiers de la zone 15, ces dernières années. Pour plusieurs d’entre eux, c’est devenu davantage une pêche principale que secondaire.»
Hausse de prix
Michael Sheppard assure d’ailleurs que la saison 2025 est rentable pour tous, du fait que les prix payés à quai soient eux-mêmes plus élevés que l’an dernier. Ils ont varié entre 6,50 $ et 7,60 $/lb, contre 5,50 $- 8 $/lb un an plus tôt. «En 2024, les grands volumes de captures ont été payés entre 5,50 $ et 5,75 $ /lb, précise-t-il. Mais cette année, c’était plutôt 7,60 $/lb parce que c’est quand les autres pêches ont commencé à fermer, que nos plus gros volumes sont allés sur le marché. Donc ç’a été une bonne année en général. Les pêcheurs ont pêché moins de homard, mais comme le prix était meilleur, ça n’a pas vraiment eu d’impact sur le plan économique.»
L’homme d’affaires basé à Lourdes-de-Blanc-Sablon doit lui-même se rendre dans les différents ports de pêche de sa région à bord d’un bateau collecteur, afin de recevoir les approvisionnements de ses 35 pêcheurs. Ses achats prennent ensuite le chemin de l’exportation par l’entremise d’une compagnie du Nouveau-Brunswick. Et alors que la totalité du homard de Fermes Belles-Amours a été vendue en Chine ces deux dernières années, M. Sheppard est bien fier de souligner qu’il a réussi une percée en Europe cette saison. «Bien qu’on soit isolé et qu’on soit loin, on peut arriver avec un produit de très bonne qualité à écouler à travers le monde et ce, même au mois d’août, se félicite-t-il. Et si, pour la première fois cette année, notre produit s’est rendu en France, en Italie et en Espagne, c’est parce qu’avec les tensions et les tarifs entre gouvernements, on a cru bon de diversifier nos marchés. On y a dirigé environ 40 % de nos exportations, alors que le reste a continué d’aller vers la Chine.»
Les données préliminaires du ministère des Pêches et des Océans pour la zone 15 font état de captures totales de 881 207,5 livres et un prix moyen payé à quai de 7,7 $ la livre pour la saison 2025.
LA BASSE-CÔTE-NORD – page 10 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

























