mardi, novembre 18, 2025
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Homard des Îles Renaud accorde un boni de 2 500 $ à ses pêcheurs pour leurs approvisionnements 2025

Un nouveau mouvement de surenchère sur le prix du homard vivant des Îles-de-la-Madeleine s’amorce, chose qu’on n’avait pas vu depuis une bonne décennie. C’est ainsi que Homard des Îles Renaud a annoncé à la mi-août avoir accordé une gratification de 2 500 $ à ses pêcheurs en guise d’appréciation pour leurs approvisionnements 2025. L’entreprise familiale qui opère sur la Pointe de Havre-aux-Maisons leur promet aussi une prime de performance de près de 25 ¢ la livre sur le prix qui sera établi à chaque semaine l’an prochain, en vertu du Plan conjoint du homard des Îles.

Son président-directeur général, Serge Renaud, ne cache pas qu’il cherche avant tout à fidéliser ses homardiers après avoir perdu 30 % d’entre eux dans la foulée de l’entrée en scène de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine en tant que 7e acheteur à quai, ce printemps.

«En recrutant 32 pêcheurs, la nouvelle coopérative a suscité beaucoup de mouvement. Il y a eu un jeu de chaise musicale, illustre-t-il. De 47 bateaux qu’on avait en 2024, on est passé à 33 cette année. La Coop est venue en chercher quelques-uns et les autres sont partis vers les différentes compagnies en place aux Îles. Alors c’est important pour nous de fidéliser nos pêcheurs pour continuer à fournir nos partenaires tels que Sobey’s Québec et Costco.»

M. Renaud explique que bon an mal an, il vend jusqu’à 2,5 millions de livres de homard vivant, principalement sur le marché québécois, mais aussi auprès d’acheteurs établis en Nouvelle-Écosse qui exportent massivement vers la Chine. Ce volume inclut une part moyenne de 225 000 livres de crustacés qu’il doit habituellement acheter de concurrents madelinots en surplus des arrivages de ses pêcheurs, pour répondre à la demande. Or cette année, il a dû tripler ses achats auprès des entreprises locales, afin de compenser la diminution de ses approvisionnements à quai.

«Si on pouvait aller chercher 10-12 bateaux additionnels pour combler le manque à gagner, ce serait vraiment l’idéal pour nous, affirme-t-il. Parce qu’en nous approvisionnant directement du pêcheur, on contrôle mieux notre produit. Nos clients sont excessivement pointilleux. Ils veulent une qualité supérieure. Et si le homard a été traité par nous, on sait comment il a été manipulé, entreposé, à quelle température et tout et tout. On veut le plus possible contrôler la chaine d’approvisionnement au grand complet pour répondre à leurs exigences.»

Exportations

D’autre part, Homard des Îles Renaud est en processus d’accréditation afin d’exporter une partie de sa production sur les marchés de la Chine et de l’Union européenne, à compter de la saison prochaine. L’entreprise a investi plus de 4 M$ depuis 2018 pour se doter d’un vivier de stockage en tube d’une capacité de 300 000 livres. Cette nouvelle infrastructure lui permet de conserver les crustacés vivants sur une période de trois à quatre mois, soit jusqu’à ce que le prix du marché atteigne son pic de la fin août-  septembre.

«En fait, il y a deux importants pics de prix par année, lorsqu’on atteint un sommet de rareté sur le marché international, indique Serge Renaud. Le premier pic débute quand les prises du Maine diminuent en fin d’été, puis le deuxième arrive en février-mars, quand la pêche du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse qui a généré ses plus gros volumes en novembre et décembre commence à ralentir.»

Homard des Îles Renaud vise les marchés de niche, non desservis par les envois de masse des compagnies de la plus importante province canadienne exportatrice. Le PDG de l’entreprise fondée en 1997 estime qu’en évitant les intermédiaires néo-écossais avec le concours de ses propres installations de conservation de longue durée, il pourra même doubler sa marge bénéficiaire. Il souligne à cet effet que la capacité de contention du vivier de son entreprise de distribution basée à Saint-Eustache dans la couronne nord de Montréal, Homard du Cap des Îles, lui procure un avantage concurrentiel indéniable.

«Parce qu’il ne faut pas oublier qu’on doit avoir des liens directs, sans escale, pour expédier le homard vivant. Et nous, à Saint-Eustache, on est à 20 minutes de l’aéroport de Dorval qui offre ces vols directs vers l’Europe et les pays d’Asie. On veut donc profiter de l’espace cargo inutilisé à même les vols de passagers, pour expédier de petites quantités – cinq mille  livres par ci, trois mille livres par là  – afin d’atteindre ces marchés», expose M. Renaud.

L’OPHÎM applaudit

De son côté, le président de l’Office des pêcheurs de homard des Îles (OPHÎM),  Rolland Turbide, est agréablement surpris de l’initiative de Homard des Îles Renaud relançant la compétition sur les prix payés à quai après une accalmie d’une dizaine d’années. Il s’attend à ce que les autres acheteurs signataires de la convention de mise en marché du Plan conjoint emboîtent le pas. «À mon avis, les autres n’auront pas le choix de suivre s’ils veulent garder leurs pêcheurs, avance-t-il. C’est encourageant pour nous autres, parce qu’une saine concurrence entre les acheteurs, c’est ça qu’on demande depuis longtemps. Les acheteurs semblaient tout jammés ensemble, tout pognés à s’entendre entre eux à donner le même prix.»

Pour ce qui est de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) qui représente les acheteurs de homard des Îles, elle dit comprendre la volonté de Homard des Îles Renaud de stabiliser ses revenus, réduits de près du tiers en raison du nouveau partage de la ressource. Son directeur général, Serge Fortin, va jusqu’à se demander si le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec n’a pas sous-évalué l’impact financier de sa décision d’émettre un septième permis d’acquéreur dans l’archipel. Il craint aussi que la surenchère annoncée vienne fragiliser encore plus l’industrie.

«C’est déplorable parce que notre crainte c’est que les autres entreprises égalent ou augmentent l’offre [de Homard des Îles Renaud]. Et même si le prix aux pêcheurs est plus élevé, le prix vendu ne l’est pas nécessairement. Donc ça ne fait que réduire la marge bénéficiaire de nos entreprises. Combiné à la baisse des revenus engendrés par l’arrivée d’un septième acquéreur, le risque c’est que celles qui sont les moins solides financièrement ne passent pas au travers», relève M. Fortin.

Dans ce contexte, l’AQIP est déjà à réfléchir à des solutions pour essayer de rétablir un juste équilibre au sein de l’industrie. «Ça prend une vision de moyen et de long termes, pour s’assurer que tant les acheteurs que les pêcheurs puissent générer des profits, insiste Serge Fortin. Parce que dans le pire des scénarios, si la surenchère devait s’échelonner sur plusieurs années et que trois ou quatre entreprises devaient fermer parce qu’elles n’ont pas eu les reins assez solides pour résister, je ne crois pas que les pêcheurs seraient gagnants. On le voit dans d’autres secteurs : quand les plus gros mangent les plus petits, ils ont un pouvoir additionnel sur leurs fournisseurs.»

REPÈRE – page 14 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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