vendredi, avril 26, 2024
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Les homardiers gaspésiens ont connu une bien meilleure saison que prévu

Les homardiers gaspésiens sortent de la saison 2020 en poussant un soupir de soulagement. Premièrement, la saison a été complète, bien qu’elle ait été décalée de deux semaines pour la plupart des pêcheurs à cause de la pandémie et, deuxièmement, les prix ont été significativement plus élevés que l’industrie le prévoyait en avril.

Selon les données préliminaires du ministère des Pêches et des Océans, les prises totales se sont établies à 2 975,3 tonnes métriques, à moins de 100 tonnes du record de 2019, alors que les 160 homardiers de la péninsule avaient ramené un volume global de 3 013 tonnes.

La valeur des prises de 2020 a atteint 33,2 millions $, une donnée préliminaire, comparativement aux 44,8 millions $ de 2019, qui constituait aussi une année record à ce titre. Le prix s’est établi à 5,15 $ la livre, comparativement à 6,75 $ en 2019 et à 6,52 $ en 2018.

L’abondance des prises a donné le ton lorsque la saison a débuté, le 9 mai. Cette abondance n’a toutefois pas surpris le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier.

«On le savait d’ores et déjà avec les observations faites en 2019 par le Regroupement, que le recrutement serait bon. Notre seule crainte, c’est qu’on ne savait pas, à la suite de la forte tempête de septembre, combien de homards avaient été détruits», aborde M. Cloutier.

«La capture a été très, très bonne. Les résultats sont excellents. On enregistre des prises totales inférieures de seulement 2,9 % à celles de l’année record de 2019. C’est la deuxième meilleure année de l’histoire malgré les vents dominants du sud-sud-ouest. La diminution a été plus forte dans la sous-zone 20A. On aurait eu une saison meilleure qu’en 2019 sans ces vents. On va devoir composer avec ça à l’avenir. Les changements climatiques mènent à ces vents plus forts du sud-sud-ouest», poursuit-il.

La décision de retarder de deux semaines l’ouverture de la saison n’est pas venue d’emblée. Il était évident que les prix en avril étaient mauvais, mais peu de facteurs indiquaient à ce moment que la situation allait s’améliorer rapidement, dans le contexte de la crise provoquée par la COVID-19.

«C’était assez difficile de savoir quelle décision prendre mais trois industriels sur cinq, totalisant 75 % des volumes pêchés, étaient totalement d’accord avec la décision d’ouvrir le 9 mai. Il y a eu un peu de remous à la fin parce qu’on a pêché dans des femelles avec des œufs, mais on les a remises à l’eau le plus précautionneusement possible. C’était plus difficile pour les bateaux avec un franc bord élevé», précise O’Neil Cloutier.

Les homardiers ont remarqué que les femelles porteuses d’œufs se tenaient dans une eau plus profonde cette année.

«On voyait beaucoup de femelles «œuvées» à 10 brasses, ou 60 pieds. D’habitude, elles se tiennent plus proches du bord. Cette année, l’eau était peut-être plus chaude au bord et l’eau est plus froide à 10 brasses. Elles cherchaient peut-être à rester en eau froide. C’est ce que je pense. On a eu un printemps très sec, frais au début, mais il y a aussi eu de la chaleur à la fin de mai. Il a commencé à pleuvoir vers le 15 juin», évoque M. Cloutier.

LES MARCHÉS

Peu de gens auraient cru, à la mi-avril, que le prix du homard allait atteindre une moyenne de 5,15 $ dans les trois mois suivants. C’était d’autant plus vrai qu’en mars, à la conclusion de la pêche d’hiver en Nouvelle-Écosse, certains acheteurs ne donnaient pas plus de 2 $ la livre, quand ils offraient un prix. Les deux semaines d’attente avant de démarrer la capture ont été très salutaires, précise-t-il.

«Pour le marché, on avait des signaux des grandes chaînes d’alimentation indiquant que ça pourrait être bon. Les gens avaient de l’argent dans les poches et ils ont décidé de se gâter. Ils ne pouvaient pas sortir au restaurant. Les chaînes avaient promis qu’elles seraient là. Il y a eu une présence constante du homard dans les circulaires. Presque tout le homard gaspésien a été vendu sur le marché de Montréal, surtout, et de Québec. En janvier, on avait commandé cinq millions d’identifiants pour distinguer le homard gaspésien. On n’a pas manqué notre coup. Ça fait depuis 2010 qu’on procède à l’identification spécifique du homard gaspésien. Les grandes chaînes ont bâti leur promotion là-dessus. Le site monhomard.ca a été visité par 278 000 personnes cette année. C’est beaucoup», analyse O’Neil Cloutier.

Il croit que les références fréquentes du premier ministre québécois François Legault au sujet du Panier bleu et de la nécessité de consommer des produits locaux «ont créé un engouement (…) Ç’a changé toute la dynamique de consommation», ajoute-t-il, fort heureux que ses collègues madelinots aient aussi réussi à faire des ventes soutenues aux États-Unis cette année.

Les homardiers profitent de chaque saison pour faire leurs observations personnelles sur l’état de la ressource et l’année 2020 n’a pas fait exception.

«Les indicateurs sont prometteurs par rapport à ce qu’il reste sur le fond. Le cheptel de femelles «œuvées» s’agrandit. On voit des femelles de plus en plus jeunes avec des œufs, comme à 76 millimètres (leur taille au céphalothorax) alors que la taille légale pour les pêcher est de 82,45 millimètres. Le facteur d’incertitude viendra des tempêtes et des dommages qu’elles peuvent causer au cheptel», explique M. Cloutier.

Évaluation post-saison positive

En plus des observations durant la saison de capture, les membres du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie réalisent un certain nombre d’évaluations une fois cette saison terminée.

«Il y a cinq pêcheurs sur le terrain, qui capturent du homard pendant cinq jours avec 60 casiers entre Saint-Georges-de-Malbaie et Saint-Godefroi, à des positions prédéterminées. Cette évaluation est payée entièrement par le Regroupement. L’évaluation de cette année post-saison indique une très grande abondance de homards dans les cinq secteurs couverts par les pêcheurs», souligne O’Neil Cloutier.

«Notre biologiste, Jean Côté, fait l’analyse de ces données, fournies gratuitement par le Regroupement. C’était l’an neuf de ce programme en 2020. Le Regroupement n’a pas l’opportunité de s’inscrire dans les programmes réguliers de Pêches et Océans Canada en Gaspésie. Ils (les gestionnaires fédéraux) ne veulent pas nous inclure dans ces programmes de suivi. Ils ont brisé leur chalut l’année qu’ils sont venus et ils n’ont pas voulu revenir. Aux Îles, ils acceptent, et c’est très bien, mais je ne vois pas pourquoi la Gaspésie ne se qualifie pas», signale M. Cloutier.

Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie a régulièrement utilisé des ensemencements pour renforcer le stock de homard dans la région et 2020 n’a pas fait exception.

«Nous avons une très bonne année d’ensemencement. Ça se rapproche de 2018. Les ensemencements ont été effectués à Sainte-Thérèse-de-Gaspé. On a mis à l’eau 260 000 petits homards de stade 5. Ce sont des homards bien formés à ce stade, avec les pinces, les pattes, le corps. Ils bénéficient d’une mue de plus. À cette taille, ils nagent et ils se cachent. Ils ne restent pas statiques pour représenter une proie facile. Au stade 5, leurs chances de survie sont bonnes», note O’Neil Cloutier.

L’impact des ensemencements peut s’établir à 5 % des prises débarquées.

«Quand on débarquait 2 millions de livres en Gaspésie, ça représentait 100 000 livres, mais maintenant, on débarque 6 millions de livres», souligne O’Neil Cloutier pour mettre en valeur l’utilité des ensemencements.

Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie réalise aussi, en collaboration avec Pêches et Océans Canada cette fois, un suivi sur les mammifères marins. L’exercice consiste à signaler tous les mammifères marins observés à 20 brasses et moins pendant la saison touristique.

«Les observations, quand il y en a, sont consignées tous les jours pendant les mois de la saison de pêche, entre Percé et Port-Daniel. On vise toutes les baleines, pas seulement les baleines noires. Le but de ce suivi, c’est le maintien du marché américain, très sensibles aux protocoles de protection des mammifères marins», conclut M. Cloutier.

LA GASPÉSIE – page 7 – Volume 33,4 Septembre-Octobre-Novembre 2020

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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