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Les homardiers madelinots demandent au MPO d’ajuster son protocole d’ouverture de la saison de pêche

Le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCÎ) demande au ministère des Pêches et des Océans (MPO) d’ajuster son protocole d’ouverture de la saison de pêche au homard. En vertu du protocole actuel, la saison 2025 devrait débuter le samedi 3 mai, soit le premier samedi au calendrier avant le 10 mai, en autant que tous les havres de pêche soient adéquatement dragués pour assurer la sécurité des pêcheurs et que la météo soit clémente. Or pour l’avenir, le RPPCÎ souhaite plutôt que le ministère permette le départ de la flottille dès que la température atteint 1,5˚C à 21 mètres (m) de profondeur et ce, tant au nord qu’au sud de l’archipel.

C’est que selon les observations du RPPCI qui suit depuis six ans les facteurs environnementaux pouvant influer sur la saison de pêche, afin de développer un outil d’aide à la décision pour en déterminer la date d’ouverture justement, le réchauffement de l’eau est de plus en plus hâtif. Son coordonnateur scientifique, Jean-François Laplante, rapporte qu’il a été tout particulièrement marqué en 2024, à 21 m de profondeur où baigne l’habitat du homard. En date du 13 avril, la température était déjà de 2,2˚C du côté sud de l’archipel alors que du côté nord elle avait franchi le cap du 1,5˚C une semaine plus tard. «Je n’ai jamais vu ça de ma vie, a-t-il déclaré lors d’une présentation en assemblée générale ordinaire du Rassemblement, tenue en décembre dernier. Un point cinq degré Celcius, faut-il le rappeler, c’est quand le homard sort de son hibernation [et se met en quête de nourriture].»

Les expériences de capture présaison menées par le RPPCÎ démontrent d’ailleurs que le taux de prises par unité d’effort, au cours de la semaine précédant la mise à l’eau des cages du samedi 4 mai 2024, était comparable aux rendements des deux premières semaines de la saison de pêche commerciale. «On voit que le sud était clairement prêt une semaine avant la mise à l’eau, alors que du côté nord c’était un peu moins marqué, concède M. Laplante. Mais il y a une tendance qui va vers ça.»

De plus, le réchauffement hâtif de l’eau a aussi une incidence très nette sur le développement des œufs de homard. Tandis qu’au cours de la période 2018-2023 on voyait leur éclosion entre les 5e et 8e semaines de pêche, les travaux de recherche et développement du RPPCÎ ont permis de constater que le phénomène est survenu dès la semaine 4, l’année passée. C’est donc dire qu’une bonne part du stock de femelles qui était habituellement protégé jusque vers la fin de la saison d’une durée de neuf semaines, par l’interdiction de les capturer lorsqu’elles portent des œufs, entre désormais dans la pêcherie parce qu’elles les relâchent bien avant la date de fermeture, en début juillet. «Ça augmente le risque d’une surexploitation de notre stock reproducteur», s’inquiète à ce propos le président du RPPCÎ et capitaine du Bay Catcher de la Pointe-Basse, Charles Poirier.

Révision du PGIP

Pour M. Poirier, toutes ces données environnementales que recueille son organisation depuis une demi-douzaine d’années sont largement suffisantes pour convaincre le MPO de modifier le protocole d’ouverture de la saison, de sorte à remplacer le critère de date au calendrier par celui de température de l’eau. Il a fait valoir ses arguments dans le cadre des travaux de révision du Plan de gestion intégrée de la pêcherie (PGIP) amorcés à l’automne 2022. Dans leur dernier droit, ces travaux sont menés par le Comité consultatif de gestion du homard des Îles, sur lequel siègent tant des représentants des pêcheurs, que des acheteurs et des ministères fédéral et provincial des pêches. «Il faut s’adapter aux changements que subit la pêcherie», insiste le président du RPPCÎ qui précise que la dernière version du PGIP remonte à 2010.

Réunis le 5 mars dernier pour la tenue de leur comité consultatif annuel, les homardiers madelinots et le MPO se sont entendus sur les dates d’ouverture des deux saisons de pêche qui suivront celle de 2025. Ainsi, l’ouverture de la pêche pour 2026 est prévue le 2 mai alors que celle pour 2027 aura lieu le 1er mai.

Charles Poirier nous informe également que la pertinence d’une éventuelle rationalisation de la flotte de pêche au homard a aussi été abordée à l’occasion de la révision du PGIP. La question est, entre autres, motivée par le contexte de rareté de la main-d’œuvre et des coûts de plus en plus prohibitifs pour l’accès de la relève à la pêcherie. Or son organisation préfère s’en remette à un sondage du MPO, plutôt que d’avoir à formuler une recommandation sur la question. «Comme ça, la flottille au complet va se prononcer, à savoir si on doit rester à 325 pêcheurs ou pas, parce que même au sein du RPPCÎ c’est sujet à friction, explique-t-il. Et donc, que le ministère fasse un sondage et c’est la majorité qui l’emportera.»

D’autre part, toujours dans le cadre de la révision du PGIP, le RPPCÎ demande au MPO de faire preuve de plus de souplesse en ce qui a trait au modèle entrepreneurial de la pêche au homard, basé sur un pêcheur, un permis, un bateau. C’est qu’en cas de bris mécanique, par exemple, un jumelage de deux permis à bord d’un même navire, communément appelé buddy-up, n’est présentement toléré que pour un maximum de deux jours. Aussi le Rassemblement demande-t-il une prolongation de cette permission sur deux   semaines, afin d’offrir une marge de manœuvre plus facilitante aux homardiers concernés. «On a bien vu, quand il y a eu le feu à Grande-Entrée en juillet dernier, que ç’a créé une problématique au MPO, parce que la règlementation était trop stricte. Les pêcheurs ont dû se revirer de bord pour trouver des bateaux et c’était stressant pour tout le monde», argumente Charles Poirier.

Par ailleurs, le RPPCÎ se félicite de ce qu’il maîtrise adéquatement les techniques de production de larves de homards en   milieu contrôlé, sur lesquelles il travaille depuis 2021 à des fins d’ensemencement. Jean-François Laplante nous apprend que pour maximiser le taux de survie des crustacés ensemencés, il est à faire l’acquisition de deux colonnes de stockage conçues par la norvégienne Aquahive, qui permettront d’en isoler jusqu’à 20 000 jusqu’à ce qu’on soit prêt à les déposer sur le fond marin. Le biologiste raconte que c’est parce que les petits homards, dits de stade 4 post-larvaire, ont tendance à se cannibaliser après 12, 14 jours de développement si on les laisse pêlemêle dans les bassins d’élevage.

Fait intéressant, les compartiments de cette colonne de stockage se présentent sous forme de plateaux divisés en alvéoles que les pêcheurs peuvent eux-mêmes transporter à bord de leur navire pour procéder aux ensemencements. «C’est comme ça qu’on procède déjà en Gaspésie,  expose M. Laplante : on fait un genre de trawl de plateaux plombés, desquels la base est remplacée par un essuie-tout, que le pêcheur va tendre sur le fond. Et quand l’essuie-tout se dégrade au bout de 10 jours, les homards en sortent progressivement.»

En 2024, l’équipe scientifique du RPPCÎ a mis à l’eau 13 500 post-larves dans les pouponnières à plus faible densité de  population, sur un objectif de 10 000. Il vise à doubler sa cible en 2025, puis à atteindre un seuil annuel de 60 000 ensemencements à compter de 2026.

Baleines

Enfin, le RPPCÎ rapporte que cinq de ses membres se sont portés volontaires en 2024 pour tester les cordages à faible résistance, en tant qu’engin sans danger pour les baleines noires. Ces cordages sont conçus pour se rompre à une tension de  1 700 livres, afin de permettre aux mammifères menacés d’extinction de s’en libérer en cas d’empêtrement. Le problème,  relate Jean-François Laplante, c’est qu’ils peuvent devenir de dangereux projectiles lorsqu’ils se rompent, menaçant la sécurité des pêcheurs. L’un des participants au projet d’évaluation du RPPCÎ a notamment été quitte pour une bonne frousse lorsque le joint acéré d’un cordage brisé l’a frappé au thorax.

«Il n’existe pas de technologie de maillon faible qui a fait ses preuves, conclut le conseiller scientifique du Rassemblement. Personne ne veut les utiliser parce qu’ils brisent souvent et risquent de générer davantage d’engins fantômes et donc d’empêtrer davantage de baleines. Personne ne veut aller dans cette direction-là. Bref, le MPO est conscient que ce n’est pas adaptable au niveau commercial pour le moment.»

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT – pages 24-25 – Volume 38,1 Février-Mars-Avril 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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