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Les perspectives du stock de turbot du golfe du Saint-Laurent demeurent préoccupantes, à court terme

Les indices de la performance de la pêche commerciale en 2018 et les données des relevés au chalut du ministère des Pêches et des Océans (MPO) et du programme des pêches sentinelles démontrent que les perspectives à court terme du stock de turbot du golfe du Saint-Laurent demeurent préoccupantes en 2019 et qu’une réduction du taux exploitation du stock pourrait être nécessaire pour en favoriser son rétablissement. C’est ce qui ressort en partie du sommaire de la dernière évaluation scientifique réalisée par les biologistes de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), de Mont-Joli.

L’an dernier, bien que le total autorisé des captures (TAC) a été réduit de 25 %, passant de 4 500 tonnes à 3 375 tonnes pour l’année de gestion 2018-2019, les débarquements réalisés par les turbotiers québécois et terre-neuviens n’ont été que de 1 496 tonnes, soit seulement 53 % de l’allocation de 2 813 tonnes disponible à la pêche. «Il s’agit des débarquements les plus faibles des 16 dernières années», constate la biologiste Johanne Gauthier, de l’IML.

Les scientifiques de l’IML observent aussi que l’effort de pêche au filet maillant dirigé sur le turbot est demeuré constant depuis 2015 et sous la moyenne de la série, dans l’ensemble du golfe. Pour 2018, l’effort de pêche a augmenté dans les secteurs nord Anticosti et Esquiman alors qu’il a diminué dans le secteur ouest du golfe.

Pour ce qui est de l’indice de performance de la pêche commerciale pour l’ensemble du golfe, Johanne Gauthier note une tendance à la baisse. «Pour 2018, le niveau des captures par unité d’effort représente une diminution de 48 % par rapport au sommet de 2014-2016, rejoignant ainsi les valeurs faibles du début de la série. Cependant, les indices des secteurs nord Anticosti et Esquiman se sont améliorés par rapport aux plus faibles valeurs de 2017.»

D’autre part, les derniers relevés mobiles du MPO et du programme des pêches sentinelles réalisés à l’été 2018, permettant d’établir une approximation de la biomasse du stock reproducteur à partir des turbots capturés et ayant une taille de plus de 40 cm, confirment une tendance à la baisse depuis une dizaine d’années. «C’est ce que nous indique les deux relevés avec des baisses respectives de 62 % et 77 %, par rapport au sommet observé au milieu des années 2000. On voit que les biomasses estimées en 2018 étaient similaires à celles de 2017», fait remarquer la biologiste Johanne Gauthier, en prenant soin d’ajouter que les turbots visés par la pêche commerciale ont une taille de 44 cm et plus.

Selon l’approche de précaution proposée, bien que son développement se poursuit entre le MPO et l’industrie, l’indicateur du stock de turbot du golfe du Saint-Laurent se situait dans la zone de prudence en 2018. De plus, on estime à environ 30 000 tonnes la biomasse actuelle du stock reproducteur de turbot.

LA COHORTE 2013 SUIVIE DE PRÈS

Ainsi, les turbots âgés de 6 ans et plus, soient ceux nés avant 2014, contribueront à la pêche en 2019. «Il y a une cohorte de turbots qu’on suit de près et qui pourrait faire entrée dans la pêche; c’est celle de 2013 parce qu’elle était la plus forte cohorte de toute la série depuis 1989. Cependant, elle n’a pas eu la croissance  attendue. À l’âge d’un an en 2014, nous les voyions bien ces mêmes poissons. Un an plus tard, soit en 2015, on remarquait que leur croissance était inférieure de 45 % de ce à quoi on s’attendait normalement pour ces poissons-là. On ne sait pas vraiment ce qui va arriver avec cette cohorte de 2013 parce que nous la voyons presque plus dans notre dernière évaluation du stock. Étant donné que l’abondance de cette cohorte a fortement diminué, sa contribution à la pêche pourrait donc être beaucoup moins importante que celle anticipée au départ» précise la biologiste de l’IML.

Parmi les bonnes nouvelles de la dernière évaluation du stock de turbot, réalisée l’hiver dernier, Johanne Gauthier s’attarde à la cohorte de turbots de 2017 et à la condition physique des poissons  observés en 2018. «En terme de recrutement, la cohorte de 2017 montre un indice d’abondance supérieure à la moyenne en 2018. C’est une nouvelle  positive. De plus, nous avons remarqué que la condition physique des poissons s’est améliorée à un niveau moyen en 2018, contrairement aux années 2014 à 2016 où l’on mentionnait que leur condition physique se retrouvait en-dessous de la moyenne.»

FACTEURS CLIMATIQUES INQUIÉTANTS

Dans un autre ordre d’idées, les scientifiques de l’IML s’inquiètent du réchauffement des eaux profondes et de l’appauvrissement en oxygène dans le golfe du Saint-Laurent, qui pourraient entraîner une perte d’habitat et une détérioration de la qualité de l’habitat pour le turbot. S’ajoute à cela l’arrivée de trois cohortes de sébastes exceptionnellement fortes (2011-2013) pouvant accroître la compétition interspécifique.

«Ces changements observés de l’écosystème du golfe du Saint-Laurent ne devraient pas s’améliorer à court terme, selon l’expertise de certains de nos collègues qui étudient ces facteurs plus à fond, souligne Mme Gauthier. Pour le secteur des sciences, ce sont des préoccupations importantes. Sur une période de 10 ans, il y a eu une augmentation d’un peu plus d’un degré de la température des eaux profondes dans le golfe du Saint-Laurent. On sait que ces eaux transitent du Détroit de Cabot pendant 3-4 ans vers la tête des chenaux Esquiman, Anticosti et Laurentien. C’est certain que pour les quatre prochaines années l’eau de fond va demeurer chaude. Comme pour la crevette nordique, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le turbot. La principale pouponnière de turbots se situe dans l’estuaire du Saint-Laurent et les poissons âgés d’un et deux ans se retrouvent face à des situations de niveaux d’oxygène faibles. Ce n’est pas une situation favorable.»

Pour ce qui est de l’arrivée massive de cohortes de sébastes de 2011 à 2013, la biologiste de l’IML se questionne quant à savoir comment tous ces poissons pourront interagir avec la présence des turbots puisqu’ils occupent les mêmes profondeurs d’eau. «Nous savons que les deux espèces ont des proies communes pour leur alimentation. Est-ce que cela sera défavorable pour le turbot? Il est difficile de le dire pour l’instant, bien que cela pourrait accroître la compétition tant pour la nourriture que pour l’habitat. De plus, comme le sébaste est une espèce qui vit plus longtemps que le turbot, il peut devenir un compétiteur potentiel à long terme», conclue Johanne Gauthier.

BIOLOGIE – page 22 – Volume 32,2 Avril-Mai 2019

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Robert Nicolas
Robert Nicolas est actif depuis près de 30 ans dans le domaine des communications et de l’information reliées plus spécifiquement au secteur des pêches et de l’aquaculture commerciales. Détenteur d’un baccalauréat en Information-communication de l’Université de Moncton, il agit à titre de collaborateur du journal Pêche Impact dès sa naissance en 1988, pour ensuite en devenir le coordonnateur/rédacteur en chef en 1992 jusqu'à aujourd'hui. Observateur privilégié de l’évolution de l’industrie durant toute cette période, Robert Nicolas devient le responsable du Bureau école-industrie de l'École des pêches et de l'aquaculture du Québec (ÉPAQ) en 2011 où il met au profit de cette institution d'enseignement ses connaissances des enjeux et des réalités propres à chacune des régions maritimes du Québec.
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