samedi, mai 4, 2024
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Louis Bérubé, un bienfaiteur des pêches en Gaspésie

Acteur majeur dans l’histoire de la Gaspésie, l’agronome Louis Bérubé a joué un rôle déterminant dans le processus de modernisation de l’industrie de la pêche au siècle dernier. C’est pour mettre en lumière ce personnage méconnu que Gaétan Myre a écrit la biographie intitulée «Louis Bérubé : le renouveau de la pêche québécoise au XXe siècle».

Édité par la Société d’histoire et de généalogie de la Côte-du-Sud, le livre a été officiellement lancé le 18 juin à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec à La Pocatière. Précisons que 2023 marque le centenaire du début de la carrière de Louis Bérubé dans les pêches maritimes.

BEAUCOUP D’ARCHIVES ET D’IMAGES

«J’ai fait 25 entrevues avec des témoins de cette histoire, relate Gaétan Myre. Grâce à une entente avec les enfants de Louis Bérubé, j’ai rédigé l’ouvrage principalement à partir des archives papier de M. Bérubé conservées à l’UQAR [Université du Québec à Rimouski], ce qui représente 12 mètres linéaires d’archives.» Son fonds photographique contient 5 000 images qui couvrent la période de 1890 à 1980. «Sa vie raconte l’histoire des pêches au Québec, ce qui n’avait pas encore été écrit», précise le biographe, pour qui Louis Bérubé était un modèle.

Outre le récit de sa vie, le document historique de près de 300 pages révèle les événements qui ont jalonné la carrière de Louis Bérubé, qui aura duré une cinquantaine d’années, plus précisément de 1922 à 1979. L’ouvrage contient plusieurs cartes et plus de 160 photographies tirées de sa collection personnelle, dont plusieurs sont inédites. «Il y a des photos très rares dans ce livre», confirme M. Myre.

QUI EST LOUIS BÉRUBÉ?

Né en 1897 à Saint-Philippe-de-Néri, au Kamouraska, Louis Bérubé déménage avec sa famille en 1910 à Sainte-Angèle-de-Mérici, dans La Mitis. Après ses études classiques au Séminaire de Rimouski en 1918, il entreprend des études agronomiques à l’École d’agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, qu’il complète en 1921.

Comme stage, il est inspecteur des coopératives au ministère de l’Agriculture. «Il constate que les pêcheurs sont dans la misère noire, souligne le biographe. Ils étaient pris à la gorge. La Gaspésie était le Far West à cette époque. La famille Robin menait tout le monde. C’était encore très colonial.»

De 1923 à 1926, il devient inspecteur des coopératives de pêcheurs au ministère des Mines, de la Colonisation et des Pêcheries. «Il est le premier fonctionnaire engagé pour les pêches au sein de ce ministère, précise l’auteur. Jusqu’en 1937, il a été le seul expert francophone au gouvernement provincial.»

Il contribue à la création du premier mouvement coopératif des pêcheurs. Puis, il complète un cours en commerce international aux HÉC de Montréal, pour ensuite poursuivre des études au College of Fisheries de l’Université de Washington à Seattle. «En 1926, Louis Bérubé démissionne du mouvement coopératif et s’en va étudier au MIT [Massachusetts Institute of Technology], indique le biographe. Il parlait parfaitement l’anglais. On ne sait pas où il l’avait appris.»

Par la suite, Louis Bérubé est gérant et actionnaire de la compagnie «Le Poisson de Gaspé à Mont-Louis, qu’il déménage ensuite à Barachois. «En 1930, sa demande de subvention est refusée parce qu’il y a des Jersiais au gouvernement, spécifie M. Myre. Il ferme la compagnie avant de faire faillite.» L’érudit écrit aussi sur les pêches dans le journal La Voix de Gaspé. «Il a été le premier chroniqueur spécialisé dans les pêches», souligne l’auteur. Il a aussi écrit quelques articles dans le Canadian Fisherman.

Il entreprend ensuite une carrière de professeur dans les pêches à l’École d’agriculture de Sainte-Anne et aménage à Barachois le premier entrepôt frigorifique pour le poisson en Gaspésie. De 1933 à 1938, il est directeur de la production du poisson frais et congelé au Département des pêcheries. Il participe aussi à la première mission océanographique France-Québec dans le golfe du Saint-Laurent.

LA FORMATION, SON MANTRA

«Louis Bérubé comprend très vite que la pêche ne pourrait pas se développer s’il n’y avait pas d’école de pêche, raconte l’auteur. La formation est son mantra.» Avec François-Xavier Jean, il fonde en 1938   l’École supérieure des pêcheries qu’il dirigera jusqu’en 1962. L’établissement était rattaché à l’Université Laval à Québec et hébergé par l’École d’agriculture de La Pocatière. Il y enseigne la science et les techniques halieutiques pendant 30 ans. «Louis Bérubé a été le premier à enseigner les pêches au Québec», selon M. Myre. En même temps, il publie des centaines d’articles dans des revues spécialisées et dans des journaux, tels que L’Action catholique et Le Devoir.

Il est aussi le cofondateur des Pêcheurs-Unis de Québec en 1940, où il assume les tâches de secrétaire général au cours de la première année. «En 1956-1957, 63 % des pêcheurs québécois étaient membres», signale M. Myre. En 1948, il fonde l’École d’apprentissage en pêcheries de Grande-Rivière, pour laquelle il sera directeur par intérim pendant dix ans.

Simultanément, il est membre du conseil d’administration de l’Office fédéral de soutien des prix du poisson, complète une maîtrise en sciences sociales à l’Université Laval, tout en étant cofondateur et président de l’Association des coopératives de pêcheurs du Canada.

L’homme de terrain et intellectuel a   terminé sa carrière comme consultant à l’étranger, notamment en Asie et en Amérique latine. «C’était l’un des premiers francophones québécois à faire de la coopération internationale, affirme M. Myre. Quand j’ai travaillé à l’international, c’était notre pionnier.» Tout juste arrivé du Costa Rica, Louis Bérubé décède d’un cancer en 1980 à l’âge de 83 ans.

La Société immobilière du Québec a, en 1983, donné le nom de Louis Bérubé au bâtiment qui abrite les bureaux du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec à Gaspé. L’année suivante, Pêches et Océans Canada a baptisé l’un de ses bateaux de patrouille à sa mémoire. Une rue de Rimouski porte aussi son nom depuis 2012.

L’AUTEUR

Gaétan Myre est diplômé de l’École des pêches de Grande-Rivière. Il a aussi étudié à l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes de Boulogne-sur-Mer, en France. Il a été chargé de projets de pêches exploratoires et d’expérimentations de nouvelles technologies et enseignant en technologies de la capture au Québec et en Algérie. Il a également été professeur à la leçon à l’UQAR.

Gaétan Myre a consacré plus de 20 ans à la formation halieutique à titre de coopérant en Algérie et au Sénégal. En 1989, il a mis sur pied le service international du Centre spécialisé des pêches de Grande-Rivière. Il a réalisé près de 70 missions techniques dans des pays en développement et en Europe de l’Ouest. Il est retraité depuis 2007.

BIOGRAPHIE – page 26 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023

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