Les premières semaines de pêche ne se sont pas bien déroulées pour les crabiers de la zone 17 en raison des conditions climatiques qui n’ont pas été des plus favorables. Le crustacé était petit, principalement en début de saison. Avec une diminution du total autorisé des captures (TAC) de 20 %, le rendement a lui aussi été en baisse. C’est, dans l’ensemble, ce que les crabiers ont raconté à Pêche Impact.
Le TAC était de 1 335 tonnes, par rapport à 1 674 tonnes l’an dernier. Pour cette saison, le quota individuel moyen pour les crabiers traditionnels variait de 100 000 à 165 000 livres.
Début de pêche difficile
À la fin mai, la plupart des crabiers de la zone 17 avaient sorti leurs casiers de l’eau. Selon le président de l’Association des crabiers de la zone 17, Marc Doucet, les conditions météorologiques ont représenté le plus gros défi.
Simon Vallée corrobore. «Je ne me souviens pas d’une saison où il a fait aussi froid! On a eu deux journées de -20 [degrés Celsius] avec le facteur vent.» De l’avis du directeur des pêches de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, les conditions climatiques «épouvantables» des premières semaines de pêche ont joué sur le rendement. «Les équipages ont été cloués à terre plusieurs journées, se désole Guy-Pascal Weiner. Ça a aussi joué sur les employés, en ce sens qu’on en a perdu.»
Saison variable selon les pêcheurs
Pour Simon Vallée, la saison a été intéressante dans l’ensemble. «Ça a été une de mes bonnes années sur le plan des captures et le prix était bon.»
Le son de cloche n’est pas le même du côté de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. «Ça nous a pris le même temps pour capturer 20 % de moins, se désole M. Weiner. Les prises par unité d’effort sont faibles.» Cette situation décrit aussi, à peu de choses près, la saison de Marc Doucet.
Quotas
Avec son double permis, Simon Vallée a atteint son quota de 220 000 livres le 26 avril. Pour les pêcheurs autochtones, une trentaine de sorties en mer ont été nécessaires pour compléter leur saison et capturer, au total des deux contingents qu’ils possèdent, environ 215 000 livres.
Marc Doucet est lui aussi sorti en mer une trentaine de fois avant d’atteindre son quota de 183 000 livres. «C’est comparable à l’année passée, sauf que les quantités ont été moindres.»
Observation de la biomasse
Simon Vallée observe une transformation du crustacé. «Il y a deux ans, j’ai vu beaucoup de petits crabes mués. J’ai l’impression que, l’an prochain, le crabe sera plus gros.» Sur le plan de la répartition de la biomasse, le pêcheur a constaté qu’en début de saison, le crabe se trouvait davantage au large qu’à la même période l’an dernier. Plus tard, il était plus proche des côtes.
Selon les informations qu’a obtenues M. Weiner, il y a énormément de jeunes crabes. «Ça fait plusieurs années qu’on voit des recrues. Mais, ça ne se traduit jamais en augmentation de biomasse.» Si le crabe était petit, il estime cependant qu’il était de qualité.
Le président de l’Association des crabiers a également observé moins de crabes de taille commerciale. «La relève est là. D’ici deux ans, je pense qu’on va avoir des quotas intéressants.» Sur le plan de la qualité, le crabier du Bic définit le produit comme étant «un crabe propre».
Signes encourageants
Les pêcheurs observent des signes encourageants qui pourraient laisser présager que le stock pourra être plus productif dans les prochaines années, comme le laissent entendre les biologistes de l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli.
«J’ai l’impression que, l’année prochaine, il va être là, croit Simon Vallée. Mais, ce sont historiquement les plus petits quotas. C’est dur de prévoir l’avenir, mais je crois que ça va bien aller.» Le pêcheur de Saint-Ulric estime que la qualité du crabe, notamment sur le plan de sa carapace, était meilleure cette saison.
Pour sa part, Guy-Pascal Weiner note bien peu de signes encourageants, à l’exception des marchés qui, bien qu’ils ne soient pas intéressants sur le plan du volume, le sont en matière de valeur. «On appréhendait le pire avec les États-Unis, mais la demande a été soutenue. On a renoué avec la normale.»
Comme signe encourageant, Marc Doucet dit voir venir la vague. «Mais, on est encore dans une période de transition. Dans le futur, il y a du stock qui va arriver et la ressource va aller en augmentation.»
Prix au débarquement
«Le prix de départ dans la zone 17 a joué de 3,75 $ à 4,25 $ parce qu’il y avait toujours la menace tarifaire américaine, explique le porte-parole des crabiers. Comme on est les premiers à partir, on n’a jamais l’heure juste en commençant. Quand la zone 12 commence, le prix se réajuste et se stabilise.»
Comme ils font affaire avec Les Crabiers du Nord, les pêcheurs de la Première Nation ont suivi le prix de départ au débarquement du plan conjoint de la zone 16 qui était de 3,75 $ la livre. Le montant a ensuite été ajusté à 5 $ la livre.
La pêche au crabe de la zone 17, qui s’étend de Trois-Pistoles à Rivière-à-Claude sur la rive sud et de Tadoussac à Pointe-des-Monts sur la rive nord, a débuté le 24 mars, pour une période maximale de 13 semaines.
L’ESTUAIRE DU SAINT-LAURENT – page 20 – Volume 38,2 Mai-Juin-Juillet 2025